top of page
  • Photo du rédacteurJulien de Weijer

Oppression

Dernière mise à jour : 25 août 2020

Cet article est un peu différent des autres. C’est un résumé uniquement basé sur mes carnets de voyage. J’ai donc beaucoup transcris afin de rattraper le retard pris. Et même si j’ai mis quelques ajouts qui complètent le récit, les contextes sont souvent bâclés. Jugez avec parcimonie et pardonnez mon écriture immature. La majorité des réflexions sont d’origine : second semestre 2018.

Si vous souhaitez faire modifier le contenu, pour des raisons personnelles, contactez-moi. Un onglet dédié vous le permet. Vous pouvez également me demander de visionner les vidéos.








Ma sœur

Tourisme enneigé

Arrivé à l’aéroport canadien, le douanier me dit qu’il y a une erreur dans l’ETA. Le numéro du document, qui n’est autre que mon numéro de passeport, est incorrect. En effet, une lettre est fausse. Mon père, dû au stress, à du mal entendre ou mal taper le caractère. Moi qui pensais que les galères étaient derrière moi… Mais bon. Il me laisse passer. YES ! Après avoir récupéré mes bagages, la sécurité me prévient qu’il me faut emprunter un couloir différent. Je tourne à droite tandis que la majorité des passagers de mon vol tourne à gauche. Qu’est-ce qui m’attend cette fois-ci ? Il faut croire que les problèmes aussi sont également montés dans l’avion.

J’arrive à une petite file d’attente. Chacun est apparemment entièrement fouillé et questionné. Je me présente au douanier qui m’est affecté. Mais il m’explique que l’ETA, ou quelconque formalité, n’a rien à voir dans mon cas. Je suis personnellement fouillé parce que j’ai réservé mon billet d’avion à la dernière minute comprenant un long détour. Et c’est pour cette raison que je fais l’objet d’une fouille plus approfondie. Mais il comprend bien que la raison est économique. Il fait son travail et fini de ma fouille.

Sortie, je pose mes affaires sur un banc dans un hall assez calme. C’est ici que je compte passer la nuit avant de prendre le vol suivant. Je me cherche un menu burger, me pose et souffle enfin, heureux que cette dure journée de problèmes soit finie.

Un mec pose sa valise quelques mètres à côté de mon banc. Il est canadien et prend le même vol que moi. On discute un peu et nous nous souhaitons de passer une bonne nuit.

TORONTO (AÉROPORT), CANADA

À notre réveil, rebelote. Cette fois, c’est le système d’enregistrement de bagage de l’aéroport qui est tombé en panne. Ça va me suivre jusqu’à où ? Cuba ? Les agents de l’aéroport vont donc le faire manuellement. Une fois les bagages passés dans une machine, elles sont doublement étiquetés.

Arrivé à l’aéroport de Calgary, je visite la ville puisqu’il me reste vingt-deux heures avant le vol à destination du Mexique. Je salue mon ami canadien et part en ville avec deux autres passagers de notre vol qui acceptent de m’emmener. La journée est vraiment top ! Ça me donne envie de faire du stop au Canada ! Et bien sûr, je compte faire un détour « culinaire ». J’appelle donc mes potes pendant que je dévore une bonne Poutine traditionnelle pour laquelle j’ai dû marcher au moins une bonne demi-heure. Mes potes en sont particulièrement fans. Ils me manquent ces schlingues. Le soir, je rentre à l’aéroport. J’ai trouvé un bon spot, bien calme pour dormir : un banc dans le couloir des bureaux au second étage. Le premier est pas mal non plus, mais trop animé à mon goût.

CALGARY (AÉROPORT), CANADA

J’ai passé une très bonne nuit. Avec confort, calme et repos.

Le vol ainsi que l’entrée au Mexique se sont bien passé, sans accroc. Puisque l’office cubain de l’aéroport, où l’on peut obtenir le visa, est fermé, je vais directement à Cancun. J’y passerai une autre fois.






Attente cyber-tacos

Dès mon arrivée au Mexique, je pars à la recherche de l’auberge la moins chère de la ville, mais avec tout de même un minimum de confort. Un voyageur italien me passe sa carte touristique qu’il n’utilisera plus. Pour le remercier, je lui paye une bière. On y rencontre une serveuse mexicaine au bar. On discute et on se marre bien. On a même pu obtenir son numéro.

CANCUN, MEXIQUE

Je reste deux jours de plus que prévue. Et peut-être même jusqu’à la fin, jusqu’au vol pour Cuba. À voir…

Tout au long de la journée, je regarde des animés. Relax. Rien de plus.

CANCUN, MEXIQUE

Je commence mon apprentissage de Japonais. D’ailleurs, il y a un voyageur japonais. Je prends beaucoup de plaisir à parler avec lui. Le reste de la journée, je me repose comme hier.

CANCUN, MEXIQUE

Avec mon pote japonais, on va à la messe, ce dimanche matin. Avec lui, j’apprends un peu de la langue et de la culture. Finalement, je commence à écrire dans un cybercafé. Je repense toujours à cette serveuse mexicaine, avec qui on a bien rigolé, mais qui n’a pas répondu.

CANCUN, MEXIQUE

J’écris quand même six heures aujourd’hui. Devenant une habitude, je déjeune avec mon pote japonais. Le soir, la serveuse mexicaine me répond. C’est si soudain. Je ne sais pas quoi lui dire… Je tente le quitte ou double. C’est émotionnellement plus viable, je pense. Mais c’est stressant sur le coup. Avec beaucoup de maladresse, je lui explique mes intentions ; que si l’on se voit, je voudrais l’embrasser, et peut-être plus. Mais à ma grande surprise, elle accepte le rendez-vous. On se voit donc dans trois jours. Comme quoi, vaut mieux oser de façon maladroite que de ne rien faire. Profitons de notre naïveté !

CANCUN, MEXIQUE

Je pars à l’aéroport pour l’office d’immigration cubain. La carte touristique que m’a donnée l’italien n’est pas valide. Je l’ai confirmé en contactant un consulat cubain. En effet, mon vol atterrira depuis le Mexique et non depuis le Canada, comme indiqué sur cette dernière par tampon au dos de ma carte touristique. Dommage, je vais devoir finalement commander ma propre carte touristique et donc… payer.

J’arrive tout juste à temps. Je m’y suis pris un peu trop tard, car je ne m’organise pas assez. À une heure près, ce qui est risqué lorsque l’on se déplace en stop, le bureau aurait été fermé. Arrivé à la maison, qui n’est rien d’autre que mon auberge, je parle encore et toujours avec mon pote japonais.

CANCUN, MEXIQUE

Une journée de travail ! Le matin, je me repose tranquillement. Puis, je déjeune avec mon ami japonais ; un tacos local en pleine rue qui, à force d’y manger, est devenu mon/notre spot habituel. L’après-midi, je retourne au cybercafé pour six autres heures. Pas plus, puisque la dame me fait gentiment un prix : je paye cinq heures pour les six que je reste. Et enfin, le soir, je me détends à nouveau.

CANCUN, MEXIQUE

Matinée relaxante et habituelle. Petit taco avec mon pote japonais et une autre japonaise qui semble bien m’apprécier. Après m’être blindé, je vais encore au cybercafé pour écrire. Sauf que cette fois-ci, j’ai discuté davantage avec le canasson et l’écumoire. L’un a déménagé dans le sud et soude des camions poubelles. L’autre n’a pas trop changé ; toujours ennuyé au travail et est sonné par sa mère. Bref, il est las d’être emprisonné. Il veut se casser !

Ce soir, je dois voir la serveuse mexicaine. Mais elle ne répond pas. Faux plan !

CANCUN, MEXIQUE

Pour l’anniversaire d’une amie ensoleillée, le groupe de potes autour d’elle, dont moi, prépare un cadeau musical commun. L’un d’eux m’a aussi préparé un petit texte à rapper. J’ai fait une première tentative, un peu gêné, au cybercafé. Je leur ai envoyé une tentative. Mais… ils s’en sont bien moqués. Ah… ces Michels.

Le soir, je discute de sexualité avec une Française. Elle me raconte que la femme change émotionnellement – et changerait même sa personnalité – après son premier enfant et davantage après le second. Du moins, c’était bien le cas pour toutes ses copines, qui ont maintenant passé la trentaine. Quant au mari, lui ne serait pas autant affecté. Soit parce qu’il aurait une relation moins fusionnelle avec l’enfant, soit parce que ce serait une différence innée. C’est peut-être vrai dans un cas général – un encore, pas sûr – lors des premiers pas de l’enfant. Mais ça ne me paraît pas toujours aussi évident, comme par exemple pour les couples homosexuels ou encore les familles plus traditionnelles (où les genres sont bien plus distingués, notamment en période d’adolescence). Lorsqu’il s’agit d’une famille plus conventionnelle, où le père travail plus d’heures que la femme, le lien mère-enfant(s) est plus fort. Est-ce dû au temps et/ou à l’attention consacrée par la mère envers son enfant ? Selon la Française, le lien restera toujours aussi fort, d’une manière générale, quel qu’en soit la situation professionnelle de la conjointe. À situation égale, la mère change, plus que son mari, au fur et à mesure de l’arrivée des enfants.

Si vous le pensez aussi, n’oubliez pas que malgré cette différence – naturelles ? – ne devrait pas avoir d’influence salariale. C’est navrant. Encore aujourd’hui, beaucoup de femmes quittent leur travail après une ou deux naissances. Néanmoins, trop souvent leur démission n’est pas un choix, notamment au Japon. La rébellion de l’égalité salariale est bien logique lorsque la justice faite n’est pas sage. L’homme et la femme sont différents par nature, mais reste tous deux des individus semblables. En cela, les femmes méritent plus ; un équilibre juste doit encore se mettre en place.

CANCUN, MEXIQUE

Journée tranquille. Repos.

CANCUN, MEXIQUE

Aujourd’hui, on est dimanche. Le cybercafé est donc fermé. Mince… Journée tranquille alors.

CANCUN, MEXIQUE

Dernière journée de travail ! Je relis mon texte. Puis, j’appelle mon ami d’enfance aussi. Todo bien !

CANCUN, MEXIQUE

Je pars en stop pour l’aéroport. J’ai de l’avance. Alors que je passe la douane, je remarque que j’ai oublié de ranger mon couteau suisse dans mon grand sac, déjà enregistré dans les bagages. Et je ne peux certainement pas, passer la douane avec ça. Que faire ? Je demande à la sécurité, qui me dit qu’ils ne peuvent garder un objet quinze jours au maximum. Et je reviens dans trois semaines. Que faire ? Je fais le tour des magasins dedans et en-dehors de l’aéroport. Mais ils ont l’interdiction de garder quelconque bien d’un passager. Tous, mais vraiment tous, refusent. Que faire ? Le confier à dame nature ! Étant donné que l’aéroport est à l’intérieur d’une forêt, je pars à la recherche DU coin de parking le plus tranquille possible. À l’arrière d’une station de bus excentrée de l’entrée principale et peu utilisée, je pénètre dans la forêt. Après cinq mètres, je l’enfonce dans un tronc d’arbre mort et repars l’esprit tranquille vers la douane. Je prie pour le retrouver !

Mon couteau suisse voyageur est enterré et le stop aussi. Place au tourisme cubain.






Retrouvailles

En vol pour La Havane ! Je discute avec un Japonais, encore une fois. Il me fait comprendre que travailler au Japon dans une école peut être très lassant ; que je n’y apprendrai pas grand-chose en y travaillant h24. Vaut mieux opter pour une ferme afin d’y apprendre la culture japonaise. D’ailleurs, au Japon, je serais un « gaijin hunter hunter » !

J’arrive à Cuba. J’attends donc le vol depuis Milan avec impatience. Mais ma sœur ne semble pas sortir de la porte « Oeste ». Je change un peu de place, et l’aperçois. Je défais mes cheveux, je prends mon plus grand sourire et la fixe assidûment. Elle passe le regard, mais ne réagit pas. Avec mes longs cheveux et ma barbe, elle ne m’a pas reconnu ! Je ne cesse de la regarder, et continu de la fixer ainsi avec un regard encore plus intense. Elle tourne à nouveau sa tête ; nous sommes désormais pile face à face. Soudain, elle écarte ses yeux avec un soupire d’étonnement… Même ma sœur ne m’a pas reconnu !

Après de chaleureux câlins de retrouvailles, on se dirige vers le centre avec un bus local.

LA HAVANE, CUBA

Pour notre première journée, on a changé de l’argent, acheté du wifi afin d’obtenir un compte d’accès et fais quelques courses. Bref, des petites choses pratiques. On visite tout de même un peu la ville avant de rentrer à l’auberge. Le soir, elle a pris un grand plaisir a appelé son copain. Moi, je m’occupe avec un jeu de téléphone.

LA HAVANE, CUBA

On se lève tôt pour le bus du matin de 10h45. Le voyage se déroule tranquillement, mais dans le froid. La clim’… un problème dans chaque bus latino. À midi, le bus s’arrête à un restaurant… dédié aux touristes internationaux, avec des prix internationaux. Heureusement qu’on a gardé notre déjeuner de la veille. Plus tard, on passe de très belles plages avant d’arriver à destination.

On arrive à Cienfuegos.

Ayant l’habitude de me faire racoler, gentiment ou agressivement, je sors en premier et me positionne comme négociant. À la sortie du bus, j’accepte alors l’offre d’une dame pour une chambre à quinze CUC (monnaie touristique qui suit le court du dollar).

Même si on arrive tard, on fait tout de même un tour au centre-ville avant d’aller se coucher. Et avant de rentrer à la chambre, on fête nos retrouvailles entre frère et sœur. C’est notre premier dîner.

CIENFUEGOS, CUBA

Par la gentillesse de notre hôte et le bon prix négocié, on prévoit de loger chez sa sœur à Trinidad. En espérant, que le prix soit tout aussi correct. Aujourd’hui, on visite La Punta. La veille, en discutant avec ma sœur, j’approfondis la raison de mon voyage. J’ai trop pensé et parlé du Japon pour m’arrêter au continent américain. Et de plus, je ne me vois pas rentrer sans avoir idée quant à la suite. Ce n’est pas le moment. En fin de journée, on prend le bus. Mais il prend beaucoup de temps ! Il a une heure de retard.

L’hôte nous a arrangé la rencontre avec sa sœur qui habite à la Trinidad, la ville vers où on part aujourd’hui en bus. Mais une fois arrivée, on attend, on s’impatiente. Mais elle n’arrive pas. Serait-ce dû au retard que le bus a pris ? Mais on n’a pas à s’inquiéter. En effet, et comme trop souvent, une bonne dizaine de vendeurs et de vendeuses à la sauvette en tout genre, dont des aubergistes, nous attendent de pieds fermes. Mais il est difficile de s’en extirper. Car à peine sorti de cet amas de vendeurs, on se trouve à nouveau en face d’autres Cubains souriants ; une armada de chauffeurs crie « Taxi ! Taxi ! Taxi ! » et aussi, d’autres, « Cheap hotel ! I am la doña ! ». Mais non merci. On décide de faire nous-mêmes le tour des auberges ; on choisit des rues aux hasards. Et c’est ainsi, de porte-à-porte, on demande conseil à un monsieur. Il nous aide sans prétention commerciale – et Dieu sait que c’est rare dans ces moments. On dort ce soir dans une belle auberge, dit casa particular à Cuba, pour quinze CUC.

TRINIDAD, CUBA

Cette ville est très touristique. On la visite tranquillement. On marche plusieurs heures. Le matin, on passe à ViaZul, l’unique compagnie de bus du pays. Et en tant que bon pays communiste, il y a rarement plusieurs marques pour un même bien ou service. Au guichet, on apprend qu’il n’y a pas de bus demain soir, mais uniquement dans trois jours. Entre ça et le collectivo (minibus local) à deux fois le prix, on décide de rester une journée (et deux nuits) supplémentaire à la plage. L’après-midi, va à un musée.

Finalement, on change d’auberge pour plus ou moins le même prix.

TRINIDAD, CUBA

Au petit matin, on rejoint le type qui nous a vendue, hier, une formidable journée de cheval avec une cascade d’eau à la fin. Avec un couple d’Italiens, on part, chacun sur son cheval, vers le nord de la ville selon les indications du guide blasé. À travers la campagne, on passe de chouettes moments. Toujours sollicité à la moindre occasion, on nous vend en chemin un petit truc à un CUC. Heureusement, ça n’a pas affecté l’ambiance du tour. Arrivée à la fameuse destination, la cascade ne me parait pas tant extraordinaire. J’en ai vu des plus belles il y a peu. Rester assis à discuter avec ma sœur avec l’ambiance de la cascade, m’a en revanche bien plus plu.

Au retour, le dysfonctionnement de la douche me lasse. Ils l’ont certes réparé sous notre plainte. Mais seul, je serais certainement parti dans une autre auberge. Mais il me faut accepter d’être en vacances et de céder un peu de liberté pour plus de sécurité luxueuse.

TRINIDAD, CUBA

Aujourd’hui, on loue des vélos. En chemin, à la sortie de la ville, on s’arrête chez un petit vendeur de fruits et légumes. Approchant la mer, j’aperçois un semblant de duinen. Le premier arrêt est très rocailleux, mais calme et gratuit ! C’est étonnant. Car des parasols sont à disposition sur la plage. Ce n’est que lorsque le sac plastique, empli de quelques fruits et légumes, se casse que l’on rebrousse chemin. Les prochaines plages sont toutes payantes et un hôtel en construction nous bloque de toute façon la route. On revient vers une autre plage… payante aussi. Mais allez, il faut profiter, comme l’argumente bien ma sœur.

Je fais tous les jours un peu japonais. C’est vraiment sympa. Bien sûr, je porte un certain intérêt pour les animés japonais. Et c’est à partir là que j’ai commencé à m’intéresser à la culture nippone. En effet, le Japon est la destination pour laquelle j’ai le plus d’attentes. Les animés ne seraient pas à l’origine de mon voyage ? Je trouve, ça ridicule, enfantin même. Mais non. Ben non. C’est plutôt le souhait d’avancer dans ma vie qui me pousse à voyager. Mais, en effet, cette culture a suscité suffisamment mon intérêt pour que j’en fasse LA destination de mon voyage. D’ailleurs, la politesse et la timidité des filles du pays au soleil levant est une autre raison à noter. Quant aux relations amicales, la magnifique journée que j’ai passée avec ce voyageur japonais au lendemain de la pire nuit de ma vie, avec l’autre vieux vicieux, ne me donne que plus de raison pour atteindre le pays de l’Extrême-Orient. Quant au vieux vicieux, si vous ne savez pas de qui il s’agit, je vous invite à lire mon post « Au sud de la mer noire ».

Nous rentrons avant que la nuit ne tombe et nous couchons tôt, puisque les onze heures de bus commenceront à neuve heure… normalement.

TRINIDAD, CUBA

C’est partit pour tout un jour dans le bus. En réalité, j’aime bien ça. Avancer sans effort, tout en ayant le temps de s’occuper. Maladie du 21ème siècle ?

Comme d’habitude, le bus prend du retard. Il a oublié deux femmes à la station. Finalement, on arrive vers vingt-deux heures au lieu de vingt heures.






Santiago de Cuba

SANTIAGO DE CUBA, CUBA

Le matin, on revient d’abord à la station ViaZul pour prendre nos billets de bus vers la prochaine la ville. Vaut mieux s’y prendre à l’avance dans un pays où tout est rationné. Après trente minutes d’attente à la station de bus, on commence la visite de la ville. Soudain, un mec nous aborde sans vraiment nous dire ses intentions. Suspect… On le revoit plus tard à un autre endroit. Mais cette fois-ci, ma sœur perd patience et s’en va. Attention ici, il y a un vrai manque de contexte.

Je suis surpris de cette réaction froide et directe. Je n’aime pas cette façon de faire. Je la trouve froide et impatiente. Mais je dois avouer qu’il est très saoulant. Et en effet, il faut aussi savoir être direct. Car c’est grâce à ça qu’il nous a laissé tranquille. C’est une façon de faire, ou d’agir, qui ne me plaît pas. La tendresse est plus importante que l’on ne le croie. Je ne cesse de penser à cette femme d’Asie du Sud-est, raconté dans le livre du prêtre, qui s’est coupé la langue après qu’un soldat états-unien l’ait traité de menteuse. Et c’est ainsi, à l’hôpital, qu’elle en est morte. Mais la comparaison est certainement trop ardue.

Notre société occidentale est hautaine face au tiers-monde, qui d’ailleurs représente bien plus qu’un simple tiers du monde. Le touriste cherche de l’exotisme et paye pour goûter au croustillant tout en ignorant de revers de la médaille. Des pauvres gens, une culture, des niveaux de vie, des situations sociales dérangent parfois les occidentaux, fiers de leurs démocraties et des bonnes manières à suivre. Discours de clients. En effet, je ne peux supporter une relation à deux niveaux. Du moins, la théorie. Et on y prend vite l’habitude, notamment lorsque l’Argent joue les intermédiaires ; découvrir une nouvelle culture exotique, en prenant soin de détourner le regard à la vu du revers de la médaille ; imposer hautainement ses propres codes sociaux lorsqu’on a le statut du client. Mais en écrivant toutes ces réflexions passées, je réalise que j’en suis le premier visé. Par exemple, je fais le tour de toutes les auberges de la ville pour trouver le moins cher possible, en utilisant bien ma position favorable de client potentiel. Et dès lors, la relation de cette fameuse tendresse se trouve déjà faussée. (C’est bien sûr un fait, dans une société concurrentielle.). Aussi, je comprends que mon attitude était désinvolte. Je m’en excuse.

Je devrais revenir à la raison de mon arrivée, ici, à Cuba. Retrouver ma sœur est, et doit rester, la première des priorités. Bien entendu, je ne peux me dénaturer. Je reste un auto-stoppeur avec toute son expérience. Mais ne serions-nous pas tous des touristes au final ? N’en suis-je pas un ? Tous pareils ? Certains plus que d’autres, me direz-vous. Mais là, aujourd’hui, concrètement, l’idée est juste de la mettre en veilleuse pour l’espace de quelques semaines. Et ça vaut le coup ! Rester le Hollander voyageur certes, mais il faut lâcher l’ancre pour un temps, laisser le couteau suisse voyageur au Mexique.

SANTIAGO DE CUBA, CUBA

On marche jusqu’à l’extérieur du centre-ville pour choper un bus, ou plutôt un camion à vrai dire. On va à El morro, un ancien château espagnol. En chemin, on rencontre trois autres touristes, un Allemand et deux Catalans, avec qui on monte au château. L’Allemand a déjà voyagé. Longtemps. Treize mois en Asie. Il peut d’ailleurs me passer un contact qui l’a aidé à trouver un volontariat dans une école en Asie du Sud-est. Peut-être qu’elle, ou une connaissance à elle, à également des opportunités à me proposer…

À un moment de la visite, je vide mon sac face aux mille-et-une remarques que je reçois constamment. Quand bien même elle a raison, je ne prends aucun plaisir à ça ; je ne peux plus les supporter. Ça n’empêche pas que je doive faire des efforts sur moi-même comme être plus propre, moins paresseux, moins gourmand et moins égoïste. Après ce coup d’émotion, tout revient à sa normale. On supporte nos divergences. On fait de notre mieux.

On retrouve par hasard, ou pas, le groupe des trois précédents touristes au resto. Tandis qu’eux finissent leur déjeuner, nous prenons l’apéro. Dans mon cas, je me goinfre et finis ma bière, fraîchement descendue. Après quoi, on les accompagne au grand cimetière municipal, où le fameux Fidel Castro et José Martin sont enterrés. L’un a libéré Cuba de l’influence des États-Unis et l’autre de la colonisation espagnole.

Il est dix-huit heures. Et puisqu’on n’a pas mangé le déjeuner au château, on mange notre premier repas de la journée, après l’avoir tant repoussé de fois, au resto. Très bon dîner !






Villages cubains

SANTIAGO DE CUBA, CUBA

Tôt, on part pour Holguin. Dès qu’on y arrive, on réserve déjà une chambre, près de la station de bus, pour dans quelques jours.

On arrive enfin à Gibara. C’est un petit village de pêcheurs que le vieux couple de mer m’a recommandé. L’ambiance est bonne. On mange dans un resto recommandé par le guide papier que ma sœur a apporté et également par un type rencontré dans la rue. Comme le dit ma sœur, il doit probablement être un « ginteros » – ou quelque chose comme ça –, qui serait donc un rabatteur.

Du premier abord, j’aime beaucoup ce village. C’est tranquille, les gens sont souriants et gentils. J’aime particulièrement le parc à côté de l’église. Je suis également charmé par la sérénité que bercent les vagues le long de la côte.

GIBARA, CUBA

Doucement, on se lève et flâne dans les rues. On y passe, y repasse et y re-repasse. Toute coule. En plus des fruits, des légumes et du pain, on achète une grosse livre de fromage au fromager du village à soixante centimes d’euros seulement. Le soir, je vais à la messe du village. Rien de particulier à noter. Ici, j’ai pu m’imprégner davantage de la culture locale cubaine. Pas de « Taxi! Taxi! Taxi! », de « Where are you from? » ou encore de « Cheap, cheap! Cheap hotel! I am la doña. ». Plus de personnes discutent avec nous et nous aident sans être constamment dans l’attente d’une contribution financière, comme lors de la journée à cheval à Trinidad par exemple.

GIBARA, CUBA

Comme à l’allée, on part en wawa, un bus local qui rejoint le village de Holguin. L’avantage avec le wawa est qu’il est possible de payer en CUP, c’est-à-dire en monnaie locale et non en monnaie touristique (CUC). Ça coûte donc beaucoup moins cher ; de près d’un facteur cent, je dirai. L’entente entre frère et sœur est impec’ ! Peu d’engueulades. On s’adapte l’un à l’autre.

Après une marche de trente, quarante minutes, on marchande avec un taxi 4×4 de vingt-cinq CUC à cinq CUC (par personne ?). Ça reste cher si l’on compare au wawa d’avant. Mais on apprendra le soir même qu’un groupe de potes allemands ont payé quarante CUC ! Tout est relatif. Eux sont quatre. Mais notons tout de même que les différences n’ont pas d’échelle.

Après avoir trouvé une chambre et y avoir posé nos affaires, on file à la plage. J’ai une superbe vue ; la mer comporte un panel de bleus incroyable et le sable cubain est si beau. En plus, j’ai trouvé un coin d’ombre. Mais pour autant, tout ne va toujours pas pour le mieux. Les fourmis me piquent dès que je pose ma serviette quelque part. Et le sable en fait-tout autant à sa tête. À chacun de mes faits et gestes, il envahit mon espace. Peu de temps après, un couple de retraités allemand me laisse leur transat. C’est fou. Tout d’un coup, tout va mieux ! Ma réaction m’étonne. Ça montre bien que la très célèbre zone de confort de chacun a une limite. Voyager permettrait-il réellement d’en sortir ? Bien sûr que non ! Mais pourquoi d’ailleurs, ce but est-il si populaire ? Ça pourrait très bien être une simple illusion d’orgueil. Je pense qu’elle est surtout le fruit de jeunes, comme moi, qui se cherchent. À l’aventure, en quête d’un trésor ; qu’il soit rempli d’or célèbre ou qu’il contienne l’authentique bijou. De nouveaux horizons : soi, l’inconnu, l’autrui, Dieu, le choc culturel, le challenge, etc. En ce qui me concerne, je perçois davantage Dieu et moi-même comme un but. Le reste n’est qu’un moyen pour y parvenir, de m’y rapprocher. Je pourrais aussi dire « qu’au final, tout est lié ». Peut-être. Mais je ne souhaite pas noyer l’essentiel dans un bain de sens commun.

GUARDALAVACA, CUBA

Ce matin, j’y vais tranquille. La sœurette va seule à la plage tandis que moi, je traîne, je m’occupe, comme chacun de mes jours en stop, sans avoir à attendre des heures le long de la route. Je fais notamment un peu de Japonais. Quel sérieux, j’y mets ! C’est amusant. Et donc forcément, je fais des efforts. Mais je suis peiné de voir qu’il n’en est pas de même dans ma vie spirituelle. Pourquoi ? Et principalement lorsque j’ai du temps et suis dans le confort, comme typiquement un week-end à l’auberge. Suis-je aveuglé par la paresse ? Les pieds vers le ciel et la tête affalée dans un canapé ? Auto-stop et auberges, semaine et week-end, travail et repos.

Je rejoins ma sœur à la plage lorsqu’il est midi. On déjeune. Mais le repas n’est pas frais… Certainement le poisson. Un peu caoutchouteux… « Il n’est pas frais mon poisson ?! ».






Encore du bus

On repart pour Holguin, sans oublier de négocier le prix du collectivo. Trois CUC par personne. Même si les Cubains payeront dix à vingt CUP, qu’importe. Ce n’est pas comme si on a le choix. Pour certains, on vient de payer une semaine de salaire. C’est choquant. En route, on rencontre une dame qui travaille dans un hôtel pour vingt-trois CUC par mois. Même si elle peut survivre avec ce peu, ce n’est vraiment pas beaucoup. Mais ce n’est pas ça que je souhaite mettre en lumière. Le prix d’une chambre, où cette femme travaille, peu coûter quatre-vingt-cinq CUC ! C’est plus de trois fois son salaire mensuel. Où va donc tout cet argent ? À l’état, certainement. À l’opposé de ça, j’ai aperçu très peu de gens dans une extrême pauvreté. On s’imagine vite que dans un pays du « tiers-monde », on s’attend à voir plusieurs sans-abris et d’innombrables personnes souffrant de mal nutrition. Il se peut aussi que la majorité étant déjà assez pauvre, les plus démunis n’affichent pas un contraste suffisamment choquant. Ou alors, cette éventuelle pauvre classe sociale ne peut être aperçue depuis les villes et les villages desservis par les bus que nous avons empruntés. À Gibara, ville non-desservie par l’unique compagnie cubaine de bus, je n’ai pu apercevoir aucun individu de cette fameuse caste. Il serait peut-être judicieux de vérifier ça, dans quelques jours, à la capitale. Dans la plupart des pays, une capitale concentre toujours, selon ma petite expérience, les personnes les plus démunies du pays. Au regard des touristes, et où que ce soit à Cuba, je trouve le système à deux monnaies injuste – et « bien évidemment ! », j’ai envie de dire. Se faire pomper le plus de fric possible aux riches touristes est un choix (politique). Mais il n’empêche que le peu de Cubains avec qui on a discuté, ne voie pas leur situation évoluée pour autant. Ils se sentent éloignés, divisés. Les uns vivent en CUC, et les autres survivent en CUP, en cubanos. Ce système à deux monnaies crée, selon moi, une scission nette et dangereusement visible entre les riches et les pauvres. C’est peut-être plus vrai dans bien d’autres pays. Mais il l’est probablement ressenti davantage à Cuba.

Arrivé à Holguin, on tente de rejoindre notre casa particular sous la pluie. On traverse cette petite ville au moyen d’un petit bus local et un peu de marche. Je n’ai jamais payé un bus si peu cher : vingt centavos, soit un cinquième de CUP ou encore un vingt-cinquième de CUC. Bref, ça fait près de zéro six centimes d’euros. C’est parfois en payant si peu cher, qu’on se rend compte de « l’arnaque » officielle touristique. Péniblement, on y arrive à notre auberge, réservée il y a quelques jours de ça.

Mais ma sœur se sent mal. Je ressors donc pour chercher de quoi manger au dîner. Je rentre, trempé, fatigué, avec quelques provisions. À nouveau, je trouve que l’ambiance s’est dégradée. Peu, mais tout de même. J’ai pensé qu’elle devrait, tout de même, être un peu plus redevable. Elle me donne la moitié de son gâteau sablé. Non mais vraiment ? Une histoire de gâteau ?! Mais finalement, je n’en reçois que le tiers. Bon soit, elle l’aime ça. Puis, en recevant ma part, elle en retire encore une partie. Bon, ok. Et enfin, en le mangeant, elle m’en retire à nouveau un bout. Je lui demande, avec humour et de l’irritation, si je peux au moins garder l’unique bout qu’il me reste. Mais : « À la base, c’est le mien, non ? ». Alors que je m’attendais à un oui, je laisse passer, en silence. Après qu’on m’offre un petit quelque chose, on me l’enlève petit à petit en me rappelant que ce n’est pas tout à fait à moi ? D’un autre côté, je comprends qu’il faut aussi savoir encaisser les caprices de ma sœur, tant elle supporte mes bêtises. Quelle histoire anodine ! Mais qui, subtilement, concerne également bien des personnes sur cette planète. Et franchement !… On ne va tout de même pas s’énerver, et risquer de briser une relation par la même occasion, sous le coup de l’émotion. Surtout, lorsqu’il s’agit d’une simple histoire de gâteau, alors que ma sœur est certainement malade et tendue, à cause de ça.

Par la suite, elle me crie aussi dessus pour des écouteurs que j’ai laissé par inadvertance traîner au sol. C’est la deuxième fois que la tension monte ce soir. Mais je tiens bon la pression. Puis, elle me demande de l’aide pour la crème solaire et le wifi qui ne se déconnecte pas correctement. Quel toupet ! Il me faut donc écrire toutes ses remarques injustes pour éviter une dispute. Demain est un nouveau départ. J’espère qu’elle ira mieux.

À côté de ça, mes défauts ne sont pas soulignés contrairement à ceux, bien encadrés à travers plusieurs pages (du carnet de voyage), qui me déplaisent chez ma sœur. Je prie pour retrouver plus de sagesse, être moins égoïste, paresseux, orgueilleux et tout ce qui en suit. Amen.

HOLGUIN, CUBA

En se levant tôt le matin, je pars chercher le petit-déjeuner. Tranquillement, on finit nos petits casses-dal avec un petit café offert par notre hôte. Puis, on se dirige vers la station ViaZul.

Quelques heures dans le bus. La page de couverture du livre d’apprentissage du Japonais commence à se détacher du reste. À peine une semaine, et voilà déjà le résultat…

Comme à notre habitude, on dépose nos affaires dans une casa particular. Puis, on part visiter quelques églises. Rien ne coûte cher ici. J’en profite alors pour manger encore plus que d’habitude. Miaaaaam ! Par contre, le dîner n’est pas ouf aujourd’hui.

Le soir, on apprend qu’une attaque terroriste a eu lieu à Strasbourg, faisant deux morts et onze blessés. Ma sœur est choquée et toute chamboulée. De mon côté, ça ne me retourne pas. Même si, en effet, c’est bien triste. Depuis presqu’un an, la route est mon chez moi.

En rentrant, ma sœur me coupe les cheveux. Je me rase également. Désormais, je ressemble à un bébé avec une coupe similaire à ma propre mère. C’est ridicule. Mais bon. Le temps les fera pousser. Et les imperfections seront comblées, je l’espère.

CAMAGUEY, CUBA

Là, c’est tout un jour de bus qu’on doit passer. C’est-à-dire, de midi à vingt-et-une heures trente ! On trouve tout de même une casa particular, un appartement entier pour vingt CUC.

LA HAVANE, CUBA

Puisqu’on n’a pas assez de temps pour le cimetière de la capitale, on prend simplement le bus plus tôt, vers onze heures du matin. On arrive tranquillement à Vinales, où on prend une casa particular qui est en face des montagnes sortant de la terre, comme des cheveux d’un crâne. C’est impressionnant !






Campagne et collines

La journée, on en profite pour visiter, utiliser un peu de wifi et acheter faire quelques courses, notamment les deux pique-niques qu’on aura besoin du lendemain.

VINALES, CUBA

On part après le petit-déjeuner et la pluie pour une petite rando’ de quatre, cinq heures. Mais vu le temps, on opte plutôt pour la visite d’une grotte, El Moncada. Dans le pour taxi-collectif, on sympathise avec un local se prénommant justement guide, et nous propose pour quinze CUC un tour privé au lieu de vingt CUC pour le tour officiel. Il nous paye d’ailleurs le transport jusqu’au village, où se trouve la grotte. Ma sœur hésite. Arrivé surplace, elle s’inquiète sur sa fiabilité et son habilité, notamment en matière de sécurité. Il nous dit avoir fait trois ans de spéléologie et fait quelques tours officiels de temps à autre. Au final, ça n’a pas eu lieu puisqu’il n’a pas les lampes nécessaires. Ma sœur est soulagée. Personnellement, je suis plutôt déçu sur le moment d’avoir loupé cette opportunité. Dommage qu’elle n’est pas à l’aise pour si peu. Je découvre qu’elle a tout de même besoin d’un sacré confort. Mais avec du recul, je trouve que c’était en réalité la bonne décision ; qu’il était aussi nécessaire de refuser, surtout si quelqu’un du groupe ne le sent pas. Par ailleurs, ce n’est pas une question confort, mais de raisonnement.

Le tour, même officiel – car je partais avec de l’appréhension –, reste génial. Incroyable même ! C’est vraiment cool de découvrir toutes ces formes de rochers et tous ces différents niveaux d’une grotte. Superbe ! Vraiment. On rentre avec un couple de retraités allemands qui ont loué une voiture de location.

Au retour, on remarque que je ne parle pas que très peu de mes voyages. En même temps, elle ne me pose pas plus de questions à ce propos. On se prend donc un peu le chou. J’aurai pu en parler davantage, mais non. Je réponds que c’est seulement par des questions ou peut-être lors de simples débats, des situations banales que j’en parlerai. Elle peut aussi m’interroger davantage. À quoi elle répond qu’elle ne sait pas quoi exactement demander. Logique. Bref, j’attendais qu’elle lise mon blog afin que je puisse répondre à des problématiques ciblées. Et ce, quand bien-même mes postes ne sont pas de qualités (long, mauvais, etc.).

Les disputes deviennent de plus en plus récurrentes. Moins intenses, mais toujours perturbantes. Ce soir, elle me reproche, en raison, mon manque de bonnes habitudes comme avoir trop d’intérêt pour l’argent et de ne pas assez parler de mon voyage. Certes… Et c’est une bonne critique, car cette avarice m’est tout aussi fréquente un an plus tard.

VINALES, CUBA

C’est donc à ce jour, retardé à cause de la pluie d’hier, que nous faisons la rando’. On commence par un point un peu en hauteur, offrant une magnifique vue. On passe devant un bœuf qui effraye ma sœur, et moi (sans même avoir eu le courage de l’écrire dans mon carnet). Après la traversée d’une grotte, la Cueva de la Vaca, on achète des cigares en plein champs cubain et discutons avec un vieux paysan de soixante-douze ans. Il nous propose aussi une petite démonstration que nous refusons parce qu’une autre dame nous l’a déjà faite. Et on ne sait jamais si à la fin, il nous demandera un petit don en retour.

La boue nous suit tout au long de la journée. Mais ma sœur est arrivée à sa limite du confort, tout comme moi avec les fourmis et le sable à la plage. Une grande flaque d’eau inonde le passage et nous empêche ainsi d’avancer. On tente de passer par le côté, par un champ qui ne fait que pousser ma sœur encore plus à bout. On se trouve sans solution. Soudain, un Cubain à cheval arrive. Il nous aide à passer, un par un à l’arrière de son cheval, les cinq, dix mètres d’eau. Bien plus pratique. La marche se termine bien. À la place, on rencontre deux voyageurs français qui en sont à leur deuxième journée à Cuba. On les retrouve le soir pour verre, au centre du village. Lorsqu’il commence à avoir de l’ambiance, la musique devient de plus en plus contemporaine. Un peu comme en boîte de nuit, mais dans un village cubain. Je revois mes « instants de solitude » qui m’ont poussé au stop. Étrange. C’est un mystère que je cherche toujours à résoudre. J’ai dû décrire ça dans les premiers postes de ce blog. Pourquoi est-ce revenu ? Si longtemps après ? Ou, n’exagérais-je pas en fait ? Je sais une chose, je veux à nouveau voyager seul.






La Havane

VINALES, CUBA

On prend le bus assez tôt pour capitale. Puis, un autre bus, plus local. C’est le P12 qui joint l’aéroport au centre-ville. On a de la chance, je pense, avec notre casa particular. On visite La Havane ; une balade à travers les différentes rues, certes touristiques, mais très belles.

D’ailleurs, j’ai souvent faim. Pas très pratique lorsqu’il est nécessaire de s’habituer à sa sœur et ses mille-et-une légumes. Elle me reproche que je devrais dépenser plus. Mais je ne peux simplement pas me laisser aller. Je ne sais pas si elle réalise les détours géographiques, financiers et temporels que j’ai pris pour la rejoindre à Cuba à temps… En tout cas, elle n’a pas tort. Ça n’empêche que j’aie hâte d’être à nouveau seul. Une autre chose me dérange aussi. Lorsqu’elle compte aller dormir, je le sens comme une quasi-obligation, que je dois en faire de même. Sans que ce soit toujours le cas, je garde cette impression, ce sentiment qu’elle décide trop souvent. Ça me dérange ! Et ça en dit bien long sur moi. Bon plus que quatre jours avec un estomac aussi vide que le portefeuille, avant de retrouver ma liberté.

“What are you doing once you’re in the wild? – You just live man. Live!”

LA HAVANE, CUBA

Le matin, 7h30, je suis devant l’église du coin. Très belle et ancienne, mais fermée. Étonnant, puisque… Ah non. J’ai confondu l’heure de la messe, entre a.m. et p.m. Bon bah du coup, je rentre. Et ensemble, on rejoint un Historical Strawberry Tour à travers tout le centre de Cuba. C’est très complet et intéressant. Une anecdote, au coin du parc près du Capitol, est très amusante. Le guide touristique la raconte alors qu’une dizaine de vieux messieurs commence tout juste à crier. Ce lieu, ce coin de parc, est l’endroit où les personnes qui souhaitent débattre de baseball et de politique se réunissent. Le guide touristique explique pourquoi un des vieux messieurs se met à hurler en pleine place publique ; en général, la personne qui crie plus fort que les autres est celle qui a raison. Vous comprenez qu’on se met rapidement à hurler.

Après un resto un peu cher, ma sœur et moi continuons, un peu déçu, notre balade puisque plusieurs établissements sont fermés aujourd’hui. On se console alors en nous dirigeant au nord du vieux quartier. On passe le long de l’eau, où les vagues sont surprenantes. La soirée arrivant vite, et n’ayant rien à manger, on rentre en passant prendre une pizza pas trop chère.

LA HAVANE, CUBA

C’est mardi. Allons donc au théâtre et au musée d’art cubain, qui sont désormais ouverts. Au vu du prix, la visite du théâtre est un peu courte à mon goût. On en profite alors pour visiter d’autres pièces du bâtiment, plus ou moins inclues dans la zone retreinte à la visite. Haha ! C’était sympa. Au musée, le l’art contemporain ne me plaît pas. Ça n’empêche que l’ensemble reste intéressant.

On va à un resto qui est moins cher qu’hier. Puis, on continue notre visite touristique, en passant par d’autres musées et bâtiment historique. C’est une journée intense !

Le soir, on finit enfin notre série d’épisodes documentaire sur Cuba. Ces quelques épisodes ont été très ludiques.

LA HAVANE, CUBA

Au lieu d’aller à la plage, on finit notre dernière journée à Cuba, au musée historique de la ville. Je l’apprécie beaucoup ; notamment la période de l’occupation espagnole, au seizième ou dix-septième siècle. Les calèches et d’autres vieux objets présentés m’aident à imaginer ces anciens temps.

On a encore du temps. On commence à visiter des casas gratuites. Mais la seconde est particulièrement désagréable. Ma sœur ne veut plus continuer. En effet, je la comprends. Ces maisons sont bien gratuites. Mais ! La donation y est très fortement attendue. On n’a rien donné, car le lieu n’offre rien de spécial. Et du coup, l’atmosphère qui y règne s’est considérablement dégradée. C’en est même frustrant !

On se décide pour le dernier resto cubain. On rentre d’abord pour se reposer un peu. Et doucement, on se dirige vers Habano61. On partage un très bon moment. Je demande mon principal défaut, selon ma sœur, qu’il me faut améliorer. Je dois prendre plus soin de moi. Ce n’est pas facile dans le cadre du stop. Ça reste pourtant une excuse, j’ai l’impression. Je peux le faire à plus petite échelle. J’essayerai ! On finit la soirée sur quelques cocktails au côté d’un groupe d’ami de la région parisienne. C’est marrant !

LA HAVANE, CUBA

Je suis, comme à mon habitude, un peu stressé avant le vol. Avec tous ces problèmes que j’ai eus, ça se comprend ! J’ai mes pains pour tenir le vol jusqu’au Mexique ! Les fameux qui m’ont rempli l’estomac à la capitaine cubaine. Quant à ma sœur, elle part avec quelques cadeaux. Direction l’aéroport. Le bus P12 nous y emmène. Le second, qui doit nous mener droit au terminal 3, n’arrive pas. Je suis stressé. Il prend du temps. Finalement, on monte dans un taxi qui nous y emmène direct. Je suis perplexe. Il ne nous a pas fait payer. C’est rare ! Surtout autour d’un aéroport, où chaque service est habituellement payé.

Arrivé sur place, je m’enregistre tandis que ma sœur doit attendre. Et la mauvaise nouvelle est que nous ne serons pas dans le même hall. Les derniers instants avec elle sont durs. Émotionnellement, c’est difficile. Très difficile ! Des larmes coulent depuis mon cœur, en peine. Il se déchire devant la sécurité où nous faisons nos adieux. Plusieurs câlins, des bisous et tant d’affections… C’est vraiment, vraiment difficile. C’est si difficile de les retenir ! Ces larmes me brisent. À peine la sécurité passée, elle me manque déjà. Je dois attendre mon vol. Mais impossible de m’occuper autrement. De loin, on continue à se fixer. J’aime ma sœur et lui souhaite de profiter de son copain italien ainsi que de notre famille. Puis elle disparaît de ma vue.

Dans l’avion, un homme cubain à côté de moi va également à Cancun afin de rejoindre son oncle pour travail. Il est rustre, mais de bonne foi. Ça n’empêche pas à la dame de devant de changer malgré tout de siège. L’attente dans l’avion se fait longue ; d’abord pour un problème de bagage, puis pour la météo. Ça doit maintenant faire une heure que j’attends. Ça m’inquiète, notamment pour ma sœur. Si la météo est mauvaise, elle risque de se faire annuler son vol. Où ira-t-elle ? Dans quel hôtel ? En taxi ? Aura-t-elle suffisamment d’argent ? Et sans se faire arnaquer ? Mais c’est une grande fille. Une femme. Je m’inquiète trop. Je prie pour qu’elle rejoigne son copain sans accro. Je ne dis pas qu’elle a besoin d’un homme pour être en sécurité. Je dis que seule, qu’elle soit une femme ou qu’elle serait un homme, j’ai peur qu’elle n’est pas l’expérience pour se confronter aux arnaques pour gringo, dont certains en sont officiels. De mon côté, j’ai tout aussi peur. J’espère arriver aux JMJ sans accro. Et vous verrez qu’au prochain chapitre, Amérique centrale, mes peurs sont bien justifiées.

Quelle journée intense. Il est vingt heures moins le quart. Et je n’ai toujours pas posé mes pieds à terre. Il me faut encore chercher un hébergement d’ailleurs. Bon, au pire, je retourne là où j’étais avant Cuba. Il me faut du wifi ! Une fois atterri au Mexique, je fonce cherche mon outil enterré, mon couteau suisse voyageur.

Je retrouve ma petite auberge. Mais désormais, les prix ont augmenté. Au-delà de l’aspect financier, c’est un plaisir de rejoindre les quelques aubergistes et volontaires, encore sur place. Même les grosses filles, dont l’une qui m’a quelques fois aidé, y sont toujours ! Ça doit faire quatre semaines, maintenant, qu’elles sont là-bas.

CANCUN, MEXIQUE

J’ai enfin pu appeler mon père sans avoir à regarder le temps de wifi passé. Les moyens de transports et les télécommunications sont de vrais problèmes à Cuba. Quant à ma sœur, elle est bien arrivée malgré le retard, dû à la météo, et l’annulation d’autres vols. Merci Marie !

Un mini recap’ de ces trois semaines avec ma sœur, à Cuba : Ces petites vacances, tant pour elle que pour moi, ont été intenses. Des engueulades et des câlins émotionnels, de l’ennui et des rires, des arnaques et des bons plans. Ça a été cher, mais ça valait le coup. Faut-il encore corriger mes défauts, mis en lumière par ma sœur.






Amérique centrale

Peu

Ce n’est que mon premier jour au Mexique. Mais je décide de déjà partir. Depuis Cancun, un conducteur mexicain fonce à toutes allures dans sa petite camionnette. Il me fait penser à mon besoin de stabilité. Comme lui, je veux remplir ma vie avec joie et ardeur ; foncer tous les jours pour vivre une belle et simple vie.

Le Mexique est tendre. Je suis désormais avec deux autres Mexicains sur une voie rapide. Soudain, ils remarquent qu’une porte de la voiture d’à côté semble être mal fermée. Par réflexe, le Mexicain passager ouvre de suite sa fenêtre et tente de l’indiquer à la voiture à côté de nous. Quant au Mexicain conducteur, il essaye de garder une bonne distance tout en se rapprochant le plus possible de la voiture afin d’attirer l’attention de l’autre conducteur. Un simple geste, une entraide triviale.

Puisqu’en fin de journée, j’arrive à un village, je décide de chercher un endroit où dormir la nuit. Je rencontre un prêtre slovaque qui accepte de me laisser dormir dans l’annexe de l’église.

En discutant, j’apprends qu’il participera, lui aussi, aux JMJ à Panama. Cette semaine, c’est la fête culturelle maya. Sur la place du village, il y a donc un peu de danse, de rap et des crachats de feux qui sont organisés. C’est un spectacle impressionnant. C’est vraiment génial ! Une fille s’assit à côté de moi et me partage sa boisson. Elle insiste même pour que je dorme chez elle ! Sans façon. Je préfère le dur banc d’une chapelle froide.

Après la messe, on fait une… Pasula. Ça consiste à chanter face à la porte d’entrée d’une maison pour en demander l’accueil. Celle-ci refuse et ainsi, de porte-à-porte, nous chantons. Lorsque nous arrivons enfin au couvent des sœurs, la dernière porte organisée, nous sommes accueillis. Cette veillée célèbre le soir où la sainte famille, Joseph et Marie, part à la recherche d’un lieu où loger, car la naissance du Seigneur Jésus approche. On finit donc par une petite soirée conviviale avec quelques activités et un repas. En participant à un jeu, je dois me lever et me présenter rapidement avec mon petit niveau d’espagnol. La soirée terminée, je rentre à la chapelle et passe une agréable nuit.

FELIPE CARRILLO PUERTO, MEXIQUE

Comme je le pensais, le stop à la sortie du village est difficile. Mais j’arrive tout de même à la frontière pour midi. Je donne mon reste d’argent mexicain à un type qui me le change en monnaie bélizienne… sans se barrer avec. Plus tard, je rencontre deux backpackers espagnoles. Me sentant seul face danger centre américain, je les accompagne dans un collectivo qui va jusqu’à Corozal pour deux USD. Déposé au terminus, on saute dans un bus qui part après seulement cinq ou dix minutes d’attente pour la frontière avec le Guatemala. J’ai même le droit à une réduction, seize dollars au lieu de vingt. C’est certes un détour ; je pensais passer par le sud et non pas faire le tour par l’ouest. Mais au final, ça me semble plus rapide.

Un passager au fond du bus me conseille de plutôt passer par le Honduras et en bus. Il y faisait du tourisme il y a deux mois. Je peux aller de Morales qui à l’est du Guatemala, jusqu’à San Pedro Sula dans le Honduras. Puis, de là, je rejoindrais directement la capitale nicaraguayenne. Ce n’est pas trop mal et ça à l’air super safe. En plus, c’est rapide ; ça m’économise un à deux jours à être constamment sur mes gardes, ce qui m’épuise émotionnel déjà avec le peu ici. Je veux discuter avec mon père. Mais pour l’instant ce n’est pas possible.

Je récapitule le plan de ma périlleuse traversée. D’abord, je partirai pour Morales ; cent quetzals. Arrivé à six heures du soir, j’attendrai patiemment le départ pour la frontière qui devrait partir pour minuit ; cent quetzals également. En attendant six heures du matin, l’heure d’ouverture de l’immigration, j’échangerai de l’argent en monnaie locale. À dix heures trente du matin, j’arriverai à San Pedro Sula. De là, je pourrais monter dans un prochain bus pour le Nicaragua. C’est partit !

Revenons au présent. On arrive à la ville frontalière, Benque Viejo Del Carmen, dans la soirée. On souhaite passer la frontière et trouver un bus de nuit pour Flores. Mais la frontière est encore un peu loin. Et je n’ai pas assez d’argent bélizien pour payer leur foutu taxi. Avec les deux Espagnoles, on marche jusqu’à la frontière. Mais pour passer au Guatemala, on doit payer près de seize euros de taxe chacun… On passe la frontière sans encombre. Mais je change de plan, car le bus est plus cher que prévu ; deux cent au lieu de cent. On prend alors une chambre pour trois personnes. Grâce à eux, je ne paye que quarante quetzals pour la nuit. C’est pas mal !

MELCHOR DE MENCOS, GUATEMALA

Avant de partir, on va d’abord à une banque pour obtenir un vrai taux de change. Je suis vraiment impatient. Il est onze heures et on a à peine pris le petit-déjeuner. Le rythme de ce couple espagnol ne me convient pas du tout. C’est certainement ma dernière journée avec eux. Après le collectivo d’une heure, je pense partir pour Morales…

En arrivant sur Santa Elenna, je suis moins sûr de mes plans. Je pense avoir réglé le problème d’argent. Je dois avoir assez jusqu’à San Pedro Sula. Mais je préfère ne pas prendre le risque de devoir échanger de l’argent au Honduras ; je change à nouveau. Et… je ne reçois que l’équivalent de trente-deux euros alors que j’en ai donné quarante. Vive le change de la Banco Azteca… Mais au moins, je dois avoir assez pour rejoindre le Nicaragua. La sécurité devrait y être meilleure. Aussi, j’attendrai de faire du stop qu’une fois arrivée au Costa Rica. J’espère y arriver sain et sauf. Je le prie.

J’arrive donc au fameux croisement du village, Cruz de Morales. C’est un assez grand arrêt de bus, où je profite également du wifi pour appeler et rassurer mes parents.

CRUZ DE MORALES, GUATEMALA

À trois heures du matin, on monte dans le bus qui part pour la frontière hondurienne. Je suis sur le qui-vive. À cent pour-cent de mon attention, car je redoute beaucoup la dangerosité du pays. Je garde en tête le taux d’homicide en 2014 qui était de 49 personnes sur 100 000, demeurant le plus fort du monde. Ce n’est qu’un chiffre. Mais on s’y voit très vite l’une d’entre-elle. J’apprends que le bus n’ira au final pas plus loin que la frontière. Avec un Bélizien à qui j’accorde toute ma confiance, et presque ma vie entière, on décide de joindre Puerto Cortés dans un premier lieu avant de partir pour SPS, San Pedro Sula. Lui se rend au Honduras afin de fêter Noël avec sa famille. Il sortira donc un peu avant SPR.

L’immigration est enfin ouverte. Il n’y a pas de bus qui part pour San Pedro Sula, et me voilà maintenant au Honduras. On part alors en taxi, qui se passe normalement. C’est cher ! Mais il paye pour moi. Une fois à Puerto Cortés, on entre dans un collectivo en direction de SPS. À mon tour de payer. Lors d’un simple arrêt où quelques passagers rentrent et d’autres sortent, j’entends des coups de feu qui sont tout proche. J’en entends déjà depuis quelques jours, mais jamais d’aussi près. D’ailleurs, ce n’est pas le même bruit que dans les films. Peut-être pas des balles réelles ; certainement un vieux gun. Mais au bruit, j’entends bien que des projectiles sont tirés. Ça provient d’à peine dix ou quinze mètres du véhicule. Dans quel but ? Je suis très surpris, j’ai peur. Mais je suis d’autant plus étonné en voyant la réaction des autres passagers. Même si c’est extrêmement proche, personne ne réagit, rien d’anormal. Si ça avait été le clocher d’une église, leur réaction aurait été la même ! Je ne suis pas paniqué pour autant ; certainement dû à l’effet de foule. Mais j’essaye d’effacer ma présence ; pas de mouvement brusque, un air routinier, cacher le plus possible mon apparence d’étranger (le sac et moi-même). Dans ce collectivo, personne ne semble malveillant. Mais si ces types à quelques mètres voient ce touriste et son gros sac venant d’ailleurs, peut-être qu’ils lui tireront dessus et prendront le sac. C’est vite arriver. Je garde mon souffle tout au long du trajet.

On arrive en toute sécurité à la grande gare routière, Metropolitana, à SPS. Le grand bâtiment est sécurisé par une bonne dizaine d’hommes armés. Je commence par faire le tour des compagnies. Une seule ligne de bus joint directement le Nicaragua : Le Tica Bus. Par contre, il ne part que demain matin. Je me résous alors à passer ma veillée de Noël dans une chambre hondurienne. Ainsi, j’achète en premier lieu le ticket de bus pour demain matin. En marchant d’une enseigne à l’autre, je constate que chaque banque est gardée par deux ou trois hommes armés surveillant méticuleusement chaque passant. Il y en a même une avec quatre bonshommes, chacun tenant fermement un fusil à pompe. Ça ne rigole pas ici. Au total, il y en a peut-être une vingtaine, voir une trentaine, de mecs armés. De quoi former une petite milice ! Après avoir échangé une nouvelle fois un peu d’argent, je réserve l’auberge pour la nuit et m’y dirige en taxi.

Une fois à la porte de l’auberge et le taxi payé, je prie pour que la femme ouvre la porte. Heureusement que oui. Une fois installé, j’enchaîne les appels et mes actualités spatiales favorites. Et avant de dormir, j’allume ma bougie et me fais une petite messe tout seul dans ma chambre. Joyeux Noël !

SAN PEDRO SULA, HONDURAS

À trois heures trente du matin, je me lève et file dans le taxi que j’ai pris le soin de réserver la veille. Il me mène direct vers le Tica Bus. Et une fois le bus en route, je m’endors comme un bébé.

À mon réveil, je discute avec le Taïwanais de la rangée d’à côté. Il a son business en Amérique centrale. Il est gentil et semble être un homme sérieux. Il s’habille un peu comme Opa dans mes souvenirs, simple avec un ensemble beige et une petite veste. C’est l’impression que j’ai. D’ailleurs, j’apprends qu’il a quarante ans. Il paraît plus jeune pourtant.

À seize heures, j’arrive à Managua. Mais je ne vais pas loin. Je reste à l’hôtel de la compagnie de bus, au sein de l’arrêt de bus où je viens d’arriver. Ce n’est pas trop cher en plus, près de dix dollars. De toute façon, difficile de trouver moins cher sur Booking. Vaut mieux loger ici, où le quartier semble assez sûr.

Ce soir, je me fais plaisir. Je pars me chercher une pizza, deux litres de Fanta et autres sucreries pour mon repas de Noël 2018. Le tout accompagné de vidéos avec un wifi pourri… Une fois de plus, Joyeux Noël à tous !

MANAGUA, NICARAGUA

En taxi, je rejoins la grande station de bus. En effet, ça m’a l’air peu sûr. Un officiel, du moins en apparence, de la station de bus me dirige vers un bus qui part pour la frontière costaricaine. J’apprendrai plus tard que les cent cordoba, monnaie nicaraguayenne, valant près de trois USD, que j’ai donné à ce type ne m’a pas fait payer le bus. Bref, je me suis bien fait arnaquer.

Je suis assis côté couloir. En effet, j’aurai ainsi plus de place pour mes jambes. Plus tard, une large femme arrive et je lui laisse le siège du milieu. Mais c’était en réalité une très mauvaise idée. Maintenant, je ne peux mettre qu’une seule fesse sur mon siège du coup… Alors que je suis arrivé bien plus tôt pour trouver le meilleur siège. Et me voilà dans l’inconfort pour restant du trajet. Pour être un minimum à l’aise, je me mets dos à la femme afin que mes deux fesses soient en contact avec le siège. Et un peu plus tard le conducteur passe et je lui paye le bus. Je suis dégoûté. Mais ce n’est pas pour autant que je n’aime plus le Nicaragua. Un athlète costaricain m’en montre justement d’incroyables photos de volcans et d’autres magnifiques paysages !






Un peu de répit

Je suis au Costa Rica ! J’ai passé la frontière. Je suis safe ! Enfin, en sécurité. Panama, me voilà !

Je recommence le stop sans aucune crainte. Deux Néerlandais d’Amsterdam m’emmènent en stop. J’empreinte la route le long de la côte. C’est bien plus beau. Mais ce n’est pas la principale raison. Quand bien-même le Costa Rica est LE pays sûr en Amérique centrale continentale, il n’empêche que sa capitale ne l’est pas plus que les autres. J’ai pu remarquer au Pérou.

En fin de journée, je me retrouve, dans un village le long de la côte. Il est donc temps de s’arrêter. Je demande à une femme qui accepte de me laisser sa cours où j’y pose ma tente. Son beau-fils m’emmène faire un tour en moto. Il se présente en disant qu’il a une fille de deux mois et qu’il travaille dans une station-service depuis cinq ans. Il finit ainsi. Comment réagir ? Est-ce qu’il attend une remarque vis-à-vis de son travail ? N’aurait-il pas un peu honte de son travail ? Après tout, il n’est pas nécessaire de réagir. Qu’importe, non ? La famille réunie me fait goûter une spécialité locale, le Tamal. C’est très bon.

BAGACES, COSTA RICA

Une nuit typique chez une famille comme j’en ai l’habitude dans mon voyage. Aller, c’est reparti ! J’enchaîne huit stops dans la journée. L’un de ces stops était particulièrement difficile, j’ai attendu plus d’une heure. Un local tendait déjà le pouce avant moi. Je me devais alors de patienter et attendre mon tour derrière lui. Le souci est qu’il était assez mal placé et tirait souvent la gueule.

Puisqu’il est déjà tard, je décide d’abandonner et de solliciter la famille qui vient de m’emmener à ce village en stop. Et super ! Ce soir comme hier, je dors sous ma tente sauf que cette fois-ci, j’aie également le droit une douche ! Avant d’aller me coucher, je vais à la plage pour y voir une tortue et le couché de soleil avec l’une des filles de la famille.

SAVEGRE (MATAPALO), COSTA RICA

Rebelote. Je tombe d’abord sur une famille avec deux enfants. Le daron roule super vite ; sûrement cent vingt ou cent quarante kilomètres par heure sur une petite nationale. Bon, au moins, ça m’avance bien. Pour le prochain, je n’attends que dix minutes.

Lorsque j’arrive à une station-service à Palmar Norte, un taxi me propose une course jusqu’à la frontière pour dix dollars. Bien entendu, je refuse poliment. Mais depuis, il n’est plus aussi aimable. Ça me rend triste lorsque je vois quelqu’un qui ne me souris que pour des attraits économiques. Et au lieu de faire du stop, je profite de mon dernier arrêt pour m’acheter un vrai petit-déjeuner complet et dépenser mes derniers colons costaricains.

Mais une fois le ventre, le stop n’est plus aussi facile. Alors, puisque l’attente et la chaleur commencent à peser, j’adopte la stratégie de la « joyeuse folie ». Elle consiste à être plus expressif ; à sourire intensément, à rire follement et à faire des pirouettes aux passants. Je connais quelques stéréotypes : des filles font des chapeaux à fleurs et commencer à faire la fête au bord de la route ; des hippies envoient un maximum d’ondes positives afin de dégager une bonne aura. Cette fois-ci, j’arrête d’être la bonne âme présentée avec un pouce polie et respectueux. Place à la folie. Mais là, je ne suis plus moi-même. Je me vends, je fais mon commercial. Mais c’est tellement fatiguant de jouer un personnage… Et c’est un chauffeur routier, alias Pam bimbo, que je me mène à la frontière.

Bienvenue au Panama. Et bientôt à Panama ! La capitale bien sûr. J’ai la chance d’être conduit par un États-unien jusqu’à David. Lui aussi pense que le stop et particulièrement difficile au Panama. D’autres me mènent un peu plus loin dans la même ville. D’ailleurs, ils souhaitent faire un coucou à mes parents, le jour où, peut-être, j’écrirai un livre. Je le fais déjà par le biais de mon blog.

Et finalement, je vais prendre un bus. Je suis moralement fatigué ; dû au danger, j’étais tellement concentré à chaque fait et gestes que ce soient les miens, ceux des gens qui m’entoure ou même de ceux qui sont à plusieurs dizaines de mètres – peut-être un instinct de survie. Je prends donc un bus de nuit. Pas besoin de payer l’auberge. Et pas de tente non plus, je n’ai pas assez confiance… Vivement que je me pose !

(ENTRE DAVID ET PANAMA), PANAMA

J’ai passé une nuit extrêmement froide, dû à la clim’. Si froid qu’il m’a fallu couvrir mes genoux avec des sacs plastiques.

Arrivé à la capitale, je prends un bus pour Sabatinas, un peu avant Colon. De là, je commence à marcher vers le nord tout en levant le pouce. Un homme m’emmène jusqu’à Portobelo. En chemin, on s’arrête chez lui pour le café. D’origine espagnole, il vit à Panama et possède une résidence secondaire à la plage pour le week-end. C’est là où nous sommes tranquillement assis.

Je continue en stop jusqu’à Puerto Lindo. Je fais le tour du village sans vraiment trouver une bonne auberge. À Panama, la vie est un petit peu trop cher pour que je m’y paye une chambre tous les jours en attendant les JMJ. J’en ai trouvé une, mais elle est un peu piteuse et je ne trouve aucune réception. J’ai beau demander aux gens du village, mais personne ne sait véritablement si cet aubergiste la tient toujours.






Quelqu’un pour le Pacifique ?

Sans solution, je décide de retourner à l’auberge où le dortoir est à dix dollars par jour. Je vais tenter de négocier. Mais là aussi, pas de proprio. Difficile d’obtenir un tarif préférentiel… En attendant son retour, la réceptionniste vénézuélienne me propose de lui demander qu’il me prenne en tant que volontaire. Très bonne idée ! Plusieurs heures passent. En attendant, on discute avec un couple de voyageurs français. Si tout va bien, j’aurai un dortoir, du café, du wifi et une douche gratos. Enfin, en y travaillant quatre heures par jour. C’est risqué d’attendre aussi longtemps. Et s’il refuse ? Espérons qu’il ne tarde pas trop.

Lorsqu’il rentre, il accepte de me prendre. Super ! Je suis logé et ai le droit de me servir dans le reste de nourriture laissé par certains clients. Mon job sera principalement de ramasser les feuilles dans le jardin. Rythme de travail conseillé : « Relax ». Je prends une bonne douche et me couche vers minuit.

PUERTO LINDO, PANAMA

J’ai beau balayé les feuilles mortes, le vent me donne chaque jour un peu de travail. Une fois finie, je marche jusqu’à la marina afin de trouver quelqu’un qui partirait pour le Pacifique. Mais on me refuse de partout. Ça me déprime. En plus, ramasser des feuilles mortes me donne l’impression de perdre mon temps ; la jungle m’est peu agréable ; la déception de Saint-Martin (aucun bateau pour Cuba) pèse toujours ; je n’ai de grande affinité avec personne ; et même ici, je dois être sur mes gardes. Mais par-dessus tout, c’est la difficulté du projet qui me pèse ; se motiver avec si peu de chance de succès… La femme vénézuélienne, elle, a confiance en moi. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver. Finalement, appeler mon petit-frère et mon père me permet de me réconcilier avec moi-même.

PUERTO LINDO, PANAMA

Le proprio est aussi mécanicien de bateau depuis onze ans. Il me conseille plutôt d’aller au Balboa Yacht Club à la capitale qu’ici. En effet, je n’entends parler que de Colombie ici… J’apprends aussi de lui que la zone de Colon dont Sabatinas, est assez dangereuse. Il y a déjà eu des meurtres dans la rue où j’ai commencé à lever le pouce. Quelle surprise ! J’y ai d’ailleurs retiré de l’argent. Wow !

Je pars en stop jusqu’à la grande route rejoignant les deux grandes villes du canal. Au bord de la route, je saute dans un bus qui m’emmène jusqu’à la capitale. Arrivé à la station routière centrale, Albrook, je pars en « métro-bus » jusqu’au quartier Balboa. C’est un quartier tranquille près du port au Sud-ouest de la ville. Je vais tenter d’y trouver un WorkAway, le job de volontaire comme avant. Deux semaines à moindre coût est le deal parfait. Je rentre dans une auberge qui semble tout simplement géniale ! Mais malheureusement, ils n’ont pas besoin de moi. Et ainsi se poursuit ma recherche… sans succès.

Puisque toutes les auberges de ce quartier me refusent, je me résous à changer de quartier et me rapprocher du centre. Plus touristique, plus d’affluences et donc plus de chance pour que je trouve une opportunité. Et en effet, une auberge, Bodhi hostel, m’accepte en tant que volontaire. Elle n’est pas très loin du vieux centre, mais est en même temps dans une petite forêt. De quoi être tranquille, sans être loin de tout. Pour quatre heures par jour, j’ai le droit à un lit et au petit-déjeuner. Excellent ! De plus, l’endroit est très calme et semble sûr. C’est un bon plan !

Un salarié, responsable de l’auberge en ce moment, et un autre volontaire comme moi, sont tous les deux Panaméens. C’est avec eux que je passe la première de mes vingt autres nuits avant les JMJ tant attendues. Et puisque c’est Nouvel An ce soir, je prépare une ratatouille. Mais, ça reste tout de même une simple soirée malgré la belle touche finale, des feux d’artifice visibles depuis le rooftop, un toit-terrasse. Bonne année 2019 !

PANAMA (ANCON), PANAMA

Au lieu de m’occuper du jardin aujourd’hui, je suis à la réception. J’apprends comment enregistrer une réservation, c’est le check-in d’un client, et la fermer, c’est son check-out. C’est assez simple. Quant au reste, je l’apprendrai au fur et à mesure. Je continue à regarder quelques animés. Quant au bateau-stop, j’ai toujours autant de mal dans la recherche.

L’après-midi, je pars faire quelques courses avec le volontaire musclé. On va à un Super99. On passe par un quartier qui nous paraît, à l’un comme à l’autre, moyennement sûr. On passe le long d’une église où une banderole des JMJ est posée. Ça signifie que cette paroisse compte accueillir des jeunes. Soudain, trois jeunes courent vers nous ; l’un tente de tenir le volontaire musclé à l’écart ; un autre tente de me tenir au côté droit ; et un blond teinté se précipite sur ma sacoche accrochée à ma ceinture. Ils semblent tous être mineur. Tout se passe si vite. Je regarde mon pote, tout aussi étonné que moi, qui essaye de repousser le type en face de lui. Quant à moi, je retiens instinctivement ma sacoche sur laquelle l’autre blond tire dessus de toutes ses forces. Je pense qu’il ne réalise pas qu’en tirant dessus, c’est tout mon bassin qu’il tire vers lui. Mais à peine quelques secondes plus tard, ils repartent en courant. Un policier arrive en courant. Je suis choqué de ce qui vient de m’arriver. Enfin… toujours moins que ma sœur lorsqu’elle a appris la tragédie strasbourgeoise. Une fois le calme revenu, je deviens super méfiant. Je regarde partout autour de moi, chaque femme, chaque personne, chaque porte, chaque fenêtre, chaque coin de rue. Je surveille tout ce qui bouge autour de moi. Je me méfie même du policier qui nous accompagne à leur voiture de patrouille. Lui et ces collègues nous réprimandent en nous rappelant que nous sommes à San Miguel, un quartier bien connu pour être malfamé. Ils visent particulièrement le volontaire musclé qui est panaméen et connaissait le risque – moi aussi d’ailleurs. Il n’empêche qu’ils aient raison d’accuser notre insouciance. Puis, ils nous conduisent jusqu’à une station de bus, d’où on est allé au marché de fruits et légumes. Alors qu’elle est fermée, on rentre à l’auberge en taxi.

Ce durant, on en reparle. C’est juste à côté d’une église qui accueillera certainement plusieurs dizaines voir des centaines de jeunes lors des JMJ… Aussi, le type qui était sur le volontaire musclé a essayé de lui donner un coup de pied, pour le tenir à l’écart. Ainsi, les deux autres pouvaient s’occuper du blanc, plus petit en taille, qui n’était autre que moi. D’ailleurs, on a eu beaucoup de chances. Déjà, parce que la police a rappliqué dans la demie minute. Mais surtout parce qu’ils n’ont pas sorti de couteau, ni d’armes à feu. Lui est d’autant plus surpris qu’on s’en sorte sans aucune séquelle. Et forte heureusement, ils n’ont rien pu voler. Même pas mon téléphone qui était librement dans ma poche.

Plus tard, j’en rigole avec le volontaire et le gérant, mais aussi avec ma famille et mes amis. Il n’empêche que cette expérience, précédée du stress extrême au Honduras, me marquera davantage intérieurement.

PANAMA (ANCON), PANAMA

J’accompagne deux Suisses au port. Ils vont rendre un livre à leur ami suédois qui partira pour le Pacifique avec son voilier. C’est une chance ! Mais finalement, la date ainsi que la destination ne conviennent pas. Il me donne néanmoins quelques astuces et un éventuel contact. Mais avec lui non plus, ça n’ira pas.

Le soir, je reste à la réception. Ces jours-là, il n’y a plus de lit disponible.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Aujourd’hui, il ne se passe pas grand chose. Je travaille et me relaxe.

PANAMA (ANCON), PANAMA

C’est mon dernier jour avant mes jours de repos. Ces derniers jours, je n’ai pas beaucoup avancé, ni sur ma recherche de bateau, ni sur ma lecture biblique, ni sur mon apprentissage de Japonais. Un vrai feignant !

PANAMA (ANCON), PANAMA

Aujourd’hui, c’est mon jour de repos. Alors que je me prévois une sortie au port, ma paresse me traîne à l’auberge. Pour me donner bonne conscience, je vais tout de même aller à la station centrale d’autobus, Albrook, pour me payer une carte de bus. Et c’est tout…

PANAMA (ANCON), PANAMA

Cette fois-ci, je pars bien au port. Pas d’excuse ! « Doucement, mais sûrement » comme l’aurait dit ma mère. En plus d’hier, aujourd’hui aussi, un bateau part pour la Polynésie. C’est là où se trouve mon prochain objectif. Mais je ne souhaite y partir qu’après les JMJ, c’est-à-dire qu’à partir de février en direction des îles françaises du Pacifique. Là-bas, j’y rejoindrai mon amie qui y atterrira mars. Mais de toute façon, aucun ne m’accepte…

Au port, je réalise que traîner là-bas n’est pas la meilleure idée. Beaucoup de capitaines me recommandent davantage Shelter Bay, une marina à l’entrée caribéenne du canal. Mais cet endroit semble trop cher et difficile d’accès. Quant à l’alternative, dormir de l’autre côté du canal (vérifier par vous-même sur une carte), ça me semble peu safe et tout de même un peu cher. Et maintenant que j’ai posé quelques CV à différents endroits stratégiques du port où je suis, il me faut me concentrer sur la recherche numérique.

Revenant du port, je suis si exténué que je craque pour un McDo. Rien de spécial pourtant. Mais quelle facilité ! D’ailleurs, j’ai réfléchi sur une petite recette des chips ; puisque les snacks sont super chers ici, je n’ai qu’à les faire moi-même.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Je suis devenu feignant. C’est dingue ! De plus en plus d’ailleurs ! J’ai au moins fais mon japonais et ai ramassé beaucoup de feuilles aujourd’hui. Ça m’a saoulé. Mais je n’ai pas pris le temps d’acheter les pommes de terre nécessaires pour faire des chips.

Depuis quelques jours, une salariée est également arrivée. Et heureusement qu’elle part déjà ce soir. Je dis ça puisqu’elle est stricte et me donne les tâches le plus ingrates.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Sans elle, c’est plus tranquille. Et en effet, aujourd’hui, je suis à la réception. Chouette ! Mais demain, je n’y traînerai plus comme aujourd’hui. Puisque je souhaite regarder des vidéos, j’utilise l’ordinateur de la réception. Et il est normal que je réponde aux clients s’ils se tournent vers moi-même si je ne suis pas en train de faire mes heures. Le problème est qu’en travaillant après ça, j’ai l’impression de travailler deux fois plus.

Je fais aussi le tour des bateaux de croisières qui pourrait éventuellement m’emmener jusqu’en Polynésie. Et en vrai, ce n’est pas exorbitant.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Aujourd’hui, il y a moins de monde. Je continue mes animés.

Pas de feuille, ni de réception. Cette fois-ci, je fais de la peinture sous oublier les quadrillages tout autour des fenêtres. Je profite d’une pause pour appeler les schlingues.

PANAMA (ANCON), PANAMA

J’avance bien sur mon animé en cours… contrairement aux recherches de bateau pour la Polynésie. Aujourd’hui, le boss, proprio ou gérant va savoir, vient nous rendre visite. Il entraîne un troisième salarié arrivé juste pour aujourd’hui.

Le volontaire musclé a ses deux jours de repos. Il passe toujours entre les mailles du filet. C’est dingue. C’est ma jalousie qui parle pendant que je suis dehors en sueur à ramasser des feuilles mortes. Encore demain et j’aurai mes deux journées de libre, tout comme le premier salarié qui m’a accueilli.

PANAMA (ANCON), PANAMA

La matinée est comme toutes les autres. Elle commence bien. Par contre, lorsque je commence à ramasser ces foutues pierres et gros cailloux sans brouette ni pelle, la limite est dépassée. Ces deux heures m’ont trop saoulé. Ça me fait penser aux gilets jaunes et leur revendication. Effectivement, ces quelques heures ne représentent rien comparées aux années, d’expériences et de vieillesse des manifestants. Par contre, n’étant pas payé, il me semble normal de travailler avec de vrais outils. Pas avec un sceau et un semblant de pelle qui te détruit le dos à chaque utilisation. Et j’ajouterai même par jalousie qu’il n’y a que moi qui fait le jardin tandis que les autres restent pépères à la réception. Il y en a qui sont plus gâtés que d’autres.

Mon auberge suit le style lounge ; on y trouve une ambiance hippie et des religions asiatiques. On pourrait s’attendre à un parfait équilibre. Mais le proprio et éventuellement le gérant auront toujours des avantages. Quant aux volontaires, ils peuvent continuer à nettoyer le jardin. Qu’importe la personne. Qu’elle soit hippie, raciste, croyant, professeur, politique, etc. : It’s the same shit. Qu’importe son statut, son parti, sa profession, lorsqu’on est jaloux en criant à l’injustice, on ne distingue plus la raison. Bon, j’avoue que tout ça est immature et n’a rien de constructif. Et puis s’occuper du jardin était l’accord faite à mon arrivée. Le sale boulot fait effectivement parti du deal. Je vous exprime simplement mes sentiments.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Enfin en week-end ! Je peux traîner encore plus.

Je passe ma journée à appeler mes parents, mon ami d’enfance et mon ami novice (il n’a pas d‘aspiration à devenir religieux.). La journée se termine devant des animés.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Au final, je ne vais pas me rendre à Shelter Bay. Il y a quelques semaines de ça, j’ai rencontré un couple russe sur le magnifique bateau pirate en Martinique. C’est la fille qui m’imprimera l’affiche et la déposera sur le panneau d’affichage à la marine Shelter Bay. Super ! Ça m’économise du temps et de l’argent.

Tranquillement, je poursuis ma journée en écoutant un peu de rap engagé, notamment le fâché Kery James et Ideal J. – tout aussi fâché à priori. Je fais également un peu de Japonais. Je regarde aussi quelques vidéos YouTube.

La journée se termine autour de quelques verres de vin avec une ancienne volontaire lettone et son ami. J’apprends dans la soirée que ma demande ESTA, visa des États-Unis, vient d’être refusé. Elle m’aurait permis de rejoindre Cuba depuis Saint-Martin en passant par Porto Rico, si j’avais pu trouver un bateau. Donc, je ne peux ni passer par, ni voyager aux États-Unis, y compris Hawaii, l’Alaska et toutes les autres îles qui leur appartiennent. Mon plan B, traversée l’océan en travaillant sur un bateau-croisière, est mort.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Comme chaque matinée, je prends tranquillement mon petit-déjeuner avant de commencer à nettoyer ce fichu jardin. Puis, je passe mon temps à téléphoner une fois de plus mon ami novice. Je ne peux – ou plutôt je ne veux – pas l’appeler tous les jours. Il s’accroche trop.

Le reste de la journée est identique aux autres journées. Je mange mon déjeuner beans, œufs, frites et légumes grillés devant un nouvel animé.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Tout comme hier, j’enchaîne mon petit-déjeuner avec un grand nettoyage du jardin. C’est bien chiant. Mais par habitude, ça me paraît tout de même assez court.

Je déjeune devant quelques vidéos, comme à ma mauvaise habitude… Je rappelle mes parents pour discuter de mes plans post-JMJ. J’appelle également deux amis schlingues. Mon plan initial est de rejoindre Tahiti afin d’y voir mon amie câline. Mais j’ai en effet assez peu de chance de trouver un bateau à temps. Une autre idée serait de faire du stop au Canada avec mon pote illuminé. Mais là encore, il y a peu de chance qu’il vienne me rejoindre. En revanche, ça n’empêche qu’il y a de fortes chances que j’aille au Canada. Même si y faire du stop est moins sûr, c’est un tremplin intéressant avant de sauter en Asie. On verra bien ça après les JMJ.






2nd objectif : JMJ 2019

PANAMA (ANCON), PANAMA

Les JMJ démarrent ! Let’s go to the airport!

J’appréhende le Panama, ainsi que toute l’Amérique centrale, depuis des semaines. Et incident après incident, mes craintes n’ont été que plus justifiées. Mais une fois à l’aéroport, tout disparaît. Je suis entouré de jeunes européens, comme moi. En attendant les diocèses du Grand Est, groupe auquel j’ai souhaité me rattacher pour ces deux semaines, je discute avec une Allemande qui elle aussi attend son groupe.

Je tombe par hasard sur groupe breton, parti il y a cinq mois en bateau depuis Brest pour cet événement ! La plupart repartent en France une fois terminée. Mais apparemment, il y en a un qui partirait pour le Pacifique ! En plus, pour la première semaine, ils iront dans le même diocèse panaméen que nous, à Chitré.

Plus loin, j’aperçois une affiche « FRA ». Je vérifie le panneau. Et le nom du responsable de mon groupe y est noté, comme sur les mails que j’ai reçus auparavant. Après quelques minutes, mon groupe arrive. Je les rejoins et nous partons pour Chitré. Je reconnais quelques personnes dans le groupe, notamment l’agriculteur alsacien et un ami guide touristique.

En bus, on arrive à destination, à Villa de Los Santos. À l’église, on annonce les familles d’hébergement. Il doit toujours avoir un minimum de deux jeunes par famille. C’est la règle. Mon ami guide touristique espère être avec quelqu’un de sympa, avec qui il pourrait avoir des affinités. Pareil pour moi. Et quel hasard ! Parmi le groupe de trente à cinquante personnes, lui et moi logerons dans la même famille. Voilà qui règle bien les choses. Tous les deux, on loge chez une grand-mère panaméenne adorable. Notre abuela a quatre-vingts ans.

VILLA DE LOS SANTOS, PANAMA

Après nous être fait réveiller par un coq, on va à la messe. Suivi par une incroyable chorégraphie, on danse, on chante et on mange tout au long de la journée.

Je commence par discuter avec une fille qui a accepté d’emmener mon ordinateur portable jusqu’ici. Je lui suis reconnaissant ! J’apprends aussi la valse avec une autre fille. Ça me rappelle le rock à Strasbourg. Depuis, je passe un peu de temps avec elle. Plus tard, un petit garçon panaméen de deux ans me fait un dessin à l’avant du carnet. J’apprends aussi, avec déception, que la fille est en couple depuis deux ans. Puisqu’on passait pas mal temps ensemble, j’espérais une possibilité. Bon, arrêtons de rêver.

Depuis aujourd’hui, je vois qu’on commence à former un groupe d’ami. Et peut-être même depuis la valse d’hier. Deux garçons et trois filles. Déjà, l’ami guide touristique, que je trouve parfois un peu dur, et moi. Quant à elles, il y a fille mannequin qui est vraiment gentille, mais un peu dans le paraître ; je ne parle que très peu pour l’instant à la seconde ; et bien sûr, la fille qui m’a appris la valse, avec qui je m’entends bien.

Au fur et à mesure des jours, différents surnoms apparaissent. Je me suis d’ailleurs bataillé avec la fille valseuse pour la juste prononciation entre mannele et mannela. À force de mieux connaître les deux autres filles, l’une est princesse et l’autre buveuse. Quant aux mecs, on découvre que mon camarade de chambre dort tout de même beaucoup, et je suis désigné comme un gros mangeur.

VILLA DE LOS SANTOS, PANAMA

Aujourd’hui, on se lève tôt. Avec tous les groupes accueillis de la paroisse nous partons nettoyer la plage. C’est épuisant. On commence à ramasser des capsules, des bouteilles, des cannettes, et même des couches ! Je tente alors de tirer une couche bébé du sable et la mettre dans le sac. Mais l’odeur m’est si forte que je suis à la limite d’en vomir. Je préfère faire une pause.

Tout au long de la matinée, le soleil me grignote. Effectivement, je n’ai pas mis de crème solaire. À la fin, je le regrette très vite, j’en souffre même ! J’imagine bien ma mère me rappeler à l’ordre pour mettre de la crème. Mais ça finit bien, car on saute tous les cinq dans la mer pour une courte baignade.

L’après-midi se balance entre sieste et messe dans le parc. Le dormeur et moi rentrons plus tôt pour discuter avec notre hôte. Mais une fois rentré, on ne l’a pas vu. Lorsque la revoit finalement, on apprend qu’elle était bien là. Mais puisqu’elle non-plus, elle ne nous a pas vus, elle pense que nous mentons. Enfin, bon. Elle reste une très gentille vieille dame. Elle est très catholique. En effet, que ce soient des néo-catéchuménats, les protestants ou d’autres confessions chrétiennes, elle les résume tous en six divergences que j’ai complètement oublié.

Nous revenons au centre, là où chaque messe a lieu. On y fait un karaoké. Mais en réalité, tout le monde rentre pour passer un peu de temps avec sa famille. On apprend aussi que les activités nocturnes de ce soir sont annulées, car le programme de demain a été avancé de trente minutes. Alors, on en profite pour boire quelques bières avec les autres alsaciens et un groupe canadien qui nous offertes quelques-unes.

VILLA DE LOS SANTOS, PANAMA

Une fois de plus, on se lève très tôt pour marcher jusqu’à Chitré, une ville à quelques kilomètres du village. Là-bas, on participera à une grande messe avec tous les participants et bénévoles locaux du diocèse de Chitré. Et parmi les milliers de jeunes, il y en a même qui viennent d’Hokkaido !

Dès qu’on arrive sur place, on voit un immense défilé dans toute la ville. Depuis quelques heures, le groupe s’est assez dispersé. Seul avec la mannele, je remarque qu’on devient de plus en plus proche. Mais, il n’en est pas moins qu’elle reste en couple. En plus de ma situation de voyageur, démarrer une relation me paraît de toute façon impossible. Mais après tant de mois seul, j’apprécie ces moments douceur, comme lorsqu’elle se repose sur mon ventre durant le spectacle de rue. Et en fin de journée, les milliers de jeunes, dont nous, rentrent dans leur paroisse respective.

Le soir même, un local m’appelle et me demande si je souhaite aider et mettre un costume. J’accepte, mais un peu par politesse. Je me retrouve donc dans le personnage central du défilé de ce soir, l’ange Gabriel. Je suis surpris. J’en suis fier et honoré. Mais est-ce que ça ira ?… Serais-je à la hauteur ? Une fois habillé, beaucoup de Panaméennes souhaitent se prendre en photo avec mon personnage, qui, cette année, est tenu par un jeune européen aux cheveux longs. Et tandis que les autres s’amusent à effrayer la foule avec leur costume de démon, je dois rester devant, glorieux, fier comme un cerf, dirigeant le défilé. Mon rôle n’a rien de fun, il n’est que spectaculaire. Il vaut mieux être petit pour s’amuser comme on le souhaite. À moins que je n’ai pas été suffisamment habile à jouer mon personnage.

VILLA DE LOS SANTOS, PANAMA

Après la messe, on se jette sous les eaux du camion qui asperge la foule à cause de la chaleur. Il y a de la musique, mais je n’aime pas ce style. Ça a l’air vachement cool pourtant. Je propose de danser le rock avec à une mannele, mais elle refuse. Qu’importe. Ce n’est rien, non ?… Déjà, me foutre sous l’eau ne m’est pas nécessaire ; j’y suis allé uniquement pour rejoindre l’ambiance. Face à cette déception, je n’ai plus du tout envie d’y rester. Je réalise aussi que j’ai tout mon argent de secours dans ma ceinture. Si elle devient trempée, je perds beaucoup. Oui, je suis ramené à la réalité, à la solitude du voyage. Ce sentiment est d’ailleurs le même que celui vécu à la soirée de Vinales, à Cuba, avec ma sœur. Pour pallier à cette tristesse, je me réfugie dans la maison du Père. Cette habitude m’aide à aller de l’avant, notamment lorsque je suis perdu pleine campagne d’un pays loin de l’Europe.

Comment ai-je pu devenir aussi seul ? Après un an de stop, j’ai pensé que les JMJ m’en donneront un repos. J’ai besoin de partager ma vie.

L’après-midi, on se rend dans une ferme. La solitude me rend plus émotionnelle lorsque je commence à en parler. Plus tard, je parle avec le jeune prêtre du groupe. Mais la conclusion n’est pas claire. Je n’ai toujours pas pu en discerner la source, ni à comprendre les tenants. Mais la solution me semble toujours centrer autour du partage. Comment partager l’amour reçu de Dieu ? La solution comblera peut-être cette solitude, me poussant l’an dernier à partir.

VILLA DE LOS SANTOS, PANAMA

Aussitôt levé, on rejoint de suite l’église avec nos sacs. Après la messe, on quitte Lucie et son village, Villa de los Santos. Direction la capitale. Les quatre heures de bus passent vite.

Après s’être trompé d’église, on arrive à notre nouvelle paroisse d’accueil Immaculada Conception. On y logera la deuxième semaine des JMJ. On attend quelques heures, du temps que l’organisation se fasse. Mais c’est long, très long même. Je discute avec la fille mannele. Et puisque j’ai le plus d’affinités avec elle, on discute de nos problèmes en espérant que je puisse lui être utile.

Tandis que certains sont en famille, je suis avec les trois-quarts du groupe dans une école. Il y a beaucoup de mecs d’ailleurs. C’est un peu le folklo. J’aime bien ça. Quant aux filles de notre groupe de cinq, elles paniquent un peu. Mais ça devrait aller. Quelques-uns sont partis chercher le dîner pour l’ensemble du groupe Grand Est. Ce soir, j’ouvre enfin mon PC. J’aimerais bien télécharger quelques trucs, mais la connexion est trop instable.

PANAMA (JUAN DIAZ), PANAMA

Aujourd’hui, chaque nationalité se rassemble à l’occasion d’une messe. Nous, on part pour la rencontre des Français. Je discute avec un équipier qui est venu jusqu’ici en bateau. Puis avec un autre. Mais je comprends que ce n’est pas avec eux que je pourrais joindre mon amie câline à temps en Polynésie.

Après une célébration, j’écoute des témoignages qui sont tout simplement géniaux. Le dormeur et la mannele doivent revenir à la paroisse, car ils y ont oublié des affaires. Je pars avec les deux autres filles du groupe, la princesse et la buveuse, pour m’acheter deux caleçons. Je m’entends bien avec elles, on délire. Après un peu de shopping, on rejoint de l’écran géant qui nous est le plus proche et sur lequel on peut suivre la messe avec le Pape, tout juste arrivé au Panama. Après quoi, il y a même des danses et des feux d’artifice. Magnifique spectacle. Et pour encore mieux finir la soirée, on finit au bar, dégustez quelques bières locales. Au top ! Sur le chemin du retour, on a même la chance de rentrer en stop, de la station de métro jusqu’à notre paroisse d’accueil.

PANAMA (JUAN DIAZ), PANAMA

Tranquillement, on va à l’église pour la messe de neuve heure. Et grâce à mon nouvel ami gamer, on a tous pu manger notre petit-déjeuner. C’est lui qui s’est chargé d’aller chercher la nourriture pour l’ensemble du groupe.

Plus tard, nous cinq, le groupe des greluches, on déjeune comme à notre habituel au restaurant Santé. On se sépare de la même façon qu’hier pour faire un peu de shopping. On assiste à quelques séminaires très intéressant. Je retiens notamment, « Ne parle que si on t’interroge. Mais vis ta vie de sortes à ce que l’on t’interroge. ». Plus tard, on aperçoit le Pape dans sa voiturette passée en deux secondes. Puis, accompagné d’une bière, on traîne au parc. On se dirige ensuite au Hard Rock Hostel pour en prendre quelques photos. On retrouve après les deux autres greluches au centre Multicentro. Et après avoir dîné, on rentre. D’ailleurs, ce soir aussi, on a la chance d’être ramené en stop.

PANAMA (JUAN DIAZ), PANAMA

Aujourd’hui, je me lève tôt. À mon tour de chercher les petits-déjeuners à six heures pour l’ensemble du groupe Grand Est. Il me faut aller jusqu’à Pedregal.

On visite la veille ville avec le groupe. Je commence à me rapprocher davantage de mon amie qui est en couple. Mais de trop cette fois-ci. Après, c’est sympa pour moi, et peut-être pour elle aussi. Mais elle a un copain. Et j’ai honte de profiter de la situation qui s’est petit à petit créée pour en croquer la pomme. Pour moi, tout va bien, je continue mon voyage. Mais elle reçoit des critiques et rentre dans quelques jours avec tout ça en Alsace. Mais je prendrai conscience de tout ça que ce soir.

Pour rejoindre la messe d’ouverture avec le Pape, il faut entrer dans la zone dédiée. Mais contrairement à hier, on réussit à peine à passer la sécurité. Plus tard, les filles nous rejoignent pour aller au concert de violoncelles. À l’ambassade française, on nous offre un verre chacun. La réputée buveuse choisit étonnamment de l’eau. Surpris, l’agent répond avec humour qu’ils n’en ont pas ici. On y passe une bonne fin d’après-midi. Mon nouvel ami gamer nous accompagne lui aussi.

Le soir, j’apprends les tourments de mon amie mannele via Facebook. Notamment des critiques. Il faut maintenant réagir. Je lui propose d’écrire tous les problèmes qui lui pèsent sur son carnet pour le partager aux autres membres du groupe. Ainsi, on pourra en discuter tous ensemble. Puis avec elle et la princesse, on prie ensemble. Ce moment est très très fort. Ainsi, la veillée du Pape, soirée culminante des JMJ, se finit très bien sans division au sein des greluches.

PANAMA (CAMPO SAN JUAN PABLO II), PANAMA

On part du camp. En rentrant, on se fait des cocktails avec monsieur Balboa, un Alsacien fan de cette bière locale. Lui apporte du rhum tandis que le dormeur, la mannele et moi avons les jus.

L’après-midi, je pars avec le dormeur, la mannele et mon nouvel ami gamer à la piscine. Mais après quatre piscines fermées, et une autre bien trop cher (28 USD puisque c’est Sheralton), on passe finalement au bar. Et c’est avec beaucoup de difficultés que les deux greluches manquantes nous rejoignent.

On passe une agréable dernière soirée. Enfin pas tous. Un mec du groupe Grand Est découvre s’être fait voler son appareil photo de sept-cents euros avec tous ses souvenirs. Je n’ai pas vécu exactement la même chose. Mais comme lui, j’ai aussi perdu des souvenirs précieux, photos de voyages en Iran, au cybercafé à Dubaï. Je comprends sa tristesse et sa colère.

Plus tard, et à force d’insister, on arrive enfin à se réunir tous ensemble autour des difficultés que pèse sur la mannele. Elle a le courage de tous nous raconter ce qui la tracasse depuis plusieurs mois à nous, des personnes qu’elle ne connaît que depuis une dizaine de jours. C’est un partage bien émotionnel. Je prie Dieu pour qu’elle, et le mec volé par la même occasion, se sorte de cette galère. C’était donc ma dernière soirée entre amis. Ça doit faire un an et demi, à cette date, que je n’en n’ai pas eue depuis.

PANAMA (JUAN DIAZ), PANAMA

J’accompagne le groupe Grand Est à l’aéroport. Les adieux sont touchants. Mais moins émotionnels qu’avec ma sœur. Je vois la mannele davantage comme une petite sœur. Enfin pas totalement. Tandis que, séparé des autres, nous nous disons au revoir, la tension monte. Je veux l’embrasser, la touchée… et plus encore ! Plus ? Elle semble aussi être affectée par le départ. Mais je l’embrasse sur le front, et je m’en vais. La solitude m’affecte beaucoup. Et une fois plus, je suis seul. Mais grâce au groupe, ça devrait aller mieux dans les prochains temps.






Direction le Pacifique

Beaucoup d’auberges sont pleines. Bohdi Hostel n’a pas besoin davantage de volontaire… Par contre, ils ont installé trois tentes au roof-top. Moins cher, c’est donc là que j’y passerai mon dernier séjour en Amérique latine ; je l’espère.

Je suis exténué. Durant les JMJ, chaque participant a reçu des tickets resto’. Avant de quitter l’aéroport, j’ai donc pensé à récupérer tous les déjeuners. Mais il y a un temps limite. C’est donc à cinq minutes près que j’ai réussi à obtenir quatorze sandwiches Subway et six repas du supermarché. J’aurai de quoi tenir pour plusieurs jours.

Maintenant, je fais aussi face à un nouvel enjeu de taille. Rejoindre la Polynésie en un mois. Arriver à temps en bateau est une opération quasi-impossible. Alors, je réfléchis à joindre l’Asie directement par un vol. Mais la grande majorité des vols, depuis le Panama, passe par les États-Unis. Or, mon ESTA est bien refusé. Ça devient compliqué. Je suis vraiment perdu là !

PANAMA (ANCON), PANAMA

On me prépare mes pancakes. Cette fois, je n’ai plus à les faire. Je n’hésite pas, j’en prends quatre. Je tente par la suite de discuter avec mes parents, mais un long problème de wifi nous y empêche.

Il faut d’ailleurs que j’active l’option « Voyage » de mon opérateur mobile, afin de recevoir des SMS. En effet, j’ai besoin du code envoyé par WhatsApp pour me connecter à mon compte, ainsi que ceux envoyés par ma banque me permettant de payer un éventuel vol Panama-Asie.

L’interdiction d’entrée et de passage aux États-Unis me restreint. Je me sens terriblement coincé. Mais en recherchant des vols, je vois que le moins cher dans mon cas est un vol opéré Turkish Airlines me permettant de joindre Tokyo avec une escale par… Istanbul. C’est assez invraisemblable.

Le reste de la journée, je me relaxe devant mon jeu favori Europa Universalis 4, un gros jeu de stratégie.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Je n’ai reçu aucun message de bateau. Mais sinon, mes plans sont clairs ; soit je monte sur un bateau inshalha, soit je prends l’avion pour Tokyo via Istanbul. Et aujourd’hui encore, je joue.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Je suis vraiment feignant. Je joue toute la matinée. Et ce n’est qu’à quinze heures trente seulement que j’arrive au port.

Un capitaine qui part pour l’Équateur me raconte que plusieurs sont déjà partis pour le Pacifique, dont certains sont partis avec des « pouceux » comme moi. Aller, encore un peu de sérieux. Je rentrerai tard ce soir. Il y a des chances que je trouve quelque chose.

Je me rends compte que je suis parfois un peu trop têtu. Ce détour de six mois pour les JMJ, a-t-il réellement valu le coup ? Une fois à Dubaï, n’aurait-il mieux fallu que de continuer à travers les steppes au lieu de m’aventurer en Amérique latine ? Qui sait… En tout cas, je dois apprendre à lâcher prise un peu plus souvent. J’éviterai ainsi des situations sans issue.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Je prends l’avion. Mais je retourne tout de même au port tôt le matin pour un dernier tour. Mais vraiment, il n’y a rien. Plus tard, je recevrai un message d’un mec. Mais j’apprendrai que c’est aussi un « pouceux » comme moi. Vers midi, je quitte Amador pour tenter le fameux Balboa Yacht Club. Là-bas, un capitaine solo me dit qu’il ne faut pas vingt ou trente, mais plutôt quarante-cinq jours pour atteindre les marquises. Et là, on n’est pas encore à Tahiti. Bref, je n’y arriverai pas à temps pour mon amie câline. Dès lors, je suis décidé d’abandonner pour de bons le bateau-stop.

En rentrant, je consulte tout de même un groupe Facebook pour connaître la durée moyenne du voyage.

PANAMA (ANCON), PANAMA

Le matin, je regrette de ne pas avoir acheté les billets d’avions plus tôt. Ils ont augmenté de six cent soixante-dix-huit euros à neuf cent soixante-dix euros. Je pense alors par le Canada pour sept cent quatre-vingts euros. J’y gagne cinq jours, le cinq février, mais coûte un peu plus cher.

J’appelle aussi mon amie câline pour lui annoncer que je n’y arriverai pas. On discute pendant plus de trois heures. C’est une fille que je connais bien et que j’aimerais revoir. Elle serait éventuellement disponible en mai. Peut-être que je pourrais me racheter à ce moment-là…

PANAMA (ANCON), PANAMA

Je n’ai rien fais du tout. C’est très bien même, haha !

PANAMA (ANCON), PANAMA

Dernière nuit chez les latinos !


84 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page