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  • Photo du rédacteurJulien de Weijer

Alpes japonaises

Dernière mise à jour : 29 sept. 2020

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C’est partit pour Kagoshima !


Avec ma copine, on passe la journée principalement en voiture. On s’arrête dans un centre commercial pour acheter les quelques affaires qui me manquent. Au passage, je lui achète un dernier petit souvenir.


Puis, on reprend la route pour à Hanno. C’est là que je commencerai mon stop. Arrivé là-bas, on trouve le petit parc où je pense passer la nuit dans ma petite tente. Mais avant de se faire les adieux, on pique-nique ensemble le long d’une rivière. Plein de jeunes s’y amusent, se posent autour d’un barbecue et allument quelques petits feux d’artifices. Honnêtement, ces soirées me manquent énormément. J’aimerai être à leur place, et faire la fête avec mes potes. Au coucher de soleil, on reste là, tous les deux, à regarder et profiter de l’ambiance. Et lorsqu’il commence à faire nuit, on se promène sur le joli pont illuminé. C’est romantique.


Maintenant qu’il commence à faire tard, on doit désormais se séparer. Demain, elle travaille. Quant à moi, le stop m’attend. Elle me dépose alors à un McDonald’s, le restaurant « familial » (qui signifie que l’on peut y traîner plusieurs heures) le plus proche de mon petit parc du soir. On fait nos adieux, puis elle part. Je regarde sa voiture jusqu’à ce que les bâtiments et l’horizon la cache.


En vérifiant la corona-carte, je pense prendre la route suivante : Hanno-Chichibu-Matsumoto-Takayama.


Hanno, Japon

Tôt, je me fais réveiller par le bruit d’un vieux qui commence son ramassage de feuilles mortes du matin, devant chez lui et devant mon petit parc. Sauf qu’il n’est qu’à peine cinq heures du matin ! Je ne suis pas tant surpris que cela arrive. Il y en a plein qui promènent leur chien à cette heure-ci. Mais tout de même, je reste toujours impressionné de leur levé si matinal. C’est fou !


Du coup, je n’ai pas pu beaucoup dormi, ce soir-là. Je suis assez fatigué. Et ce n’est pas très agréable de faire du stop dans ces conditions.


Je vais essayer de prendre un nouveau rythme. Dorénavant, je ne veux plus être dans une précipitation constante, qui ne s’arrête que lorsque le stop devient impossible à cause de la nuit. Car après avoir trouvé un endroit où m’arrêter la nuit, je n’ai plus le temps, ni la force, de commencer à lire et étudier. Or, je veux prendre du temps à m’instruire afin de mieux avancer ; de prier le matin pour mieux démarrer la journée ; de faire du japonais pour faciliter mon temps au Japon ; de lire un peu pour ne pas stagner dans la vie. Deux heures par soir seraient un bon équilibre, je pense.


Vers midi, le conducteur m’offre des ramens. Deux collègues et son père nous accompagnent pour le déjeuner. Dans le resto, le vieux père est déjà bourré. C’est marrant, mais, tout de même, fatiguant. Il répète (trop) souvent que je suis génial. Un Français en stop ! Un jeune qui a déjà fait tant de route. Mais il reste adorable.


Revenu d’un très beau lac, le vieux couple me dépose à la gare de Saku. Je pars alors à la recherche d’un lieu où passer la nuit. Je rentre d’abord dans une église protestante, qui gère également une maternelle. Malgré leur chaleureux accueil, le gérant – ou peut-être la gérante – me refuse. Avec deux cents enfants en charge et le corona, ils n’ont peut-être pas envie de prendre le risque. Tant pis.


Il fait encore jour. Je tente alors ma chance dans un temple. Je doute qu’ils acceptent, mais essayons ! Insistons un peu plus cette fois-ci. Une femme m’ouvre la porte. Je demande simplement s’ils font bien shukubo. Elle me dit que non. Alors, je redemande alors en précisant que je souhaite bien dormir sous un petit préau ou dans une petite pièce, avec mon sac de couchage, et non un semblable d’hôtel de temple. Elle laisse son mari, moine, répondre qui, lui, laisse son fils ainé, moine également, prendre la décision. C’est ma chance ! Et il accepte ! C’est la première fois que je dormirai dans un temple ! Super ! Je pose donc mes affaires dans une petite pièce, une salle de réunion, je suppose, tout juste à côté du temple.


Dans un premier temps, je vais à un onsen avec le jeune moine. Puis, on va dans un izakaya. Mais je regrette un peu de ne pas avoir refusé ce restaurant. En effet, ça me revient, tout de même, assez cher. Bon, n’empêche que le prix vaut largement l’expérience. Par contre, je n’ai plus le temps de lire, ni d’étudier. Me coucher tôt avec un livre à mains ne sera pas pour ce soir. Sans oublier que mes heures de sommeil deviennent précieuses. Notamment au vu de ma précédente courte nuit dernière. À l’avenir, je devrais être plus clair mon clair avec mon hôte.


Au lit ! Demain matin à sept heures, je prierai avec lui. Cool !


Saku, Japon

J’ai assisté à la prière matinale du jeune moine. Il a vingt-sept ans. Il aime son travail, surtout parce qu’il lui arrive régulièrement de boire du saké avec ses amis et d’éventuels invités.


Toute une journée de stop passe. Je fais finalement un détour à la capitale de la préfecture, Nagano, pour y visiter un grand temple que l’on m’a recommandé.


J’arrive à Matsumoto. Puisqu’il est certainement trop tard pour visiter le château, je me prépare à partir à la recherche d’un endroit où m’arrêter cette nuit. Je vais dans un premier temple, plus à l’aise que la veille. Je demande, à la femme qui m’accueille, s’il m’est possible d’y passer la nuit. Mais ça ne semble pas être possible. Et tout comme la fois précédente, je précise que j’ai un sac de couchage. S’il serait possible de dormir dans une petite pièce… Et ils acceptent ! Super !


Je mange des ramens avec le moine. Elles sont faites froides avec plein de légumes. C’est tellement bon ! Ça me change des repas habituels. Puis, je prends un bain et m’endors parfaitement. Ce soir, ils m’ont laissé un futon où poser mon sac de couchage.


Je me demande aussi, est-ce devenu si facile de dormir dans un temple depuis que je négocie ? Peut-être même que ça en deviendra la norme durant le reste du voyage.


Matsumoto, Japon

Je me lève, réveillé au son de la cloche bouddhique. Avant de partir, le jeune moine m’offre, en plus du petit-déjeuner, deux délicieux onigiris.


En sortant, je réalise que trouver un abri pour la nuit va devenir plutôt simple. En m’arrêtant un peu plus tôt, j’ai de grandes chances de dormir à l’abri, aussi bien que dans un temple que dans une église. Je vais donc pouvoir consacrer plus de temps à mes activités extra-voyageuses. Pourtant, ça me rend triste. Rien à voir avec la solitude « forcée », l’envie de découvrir de nouveaux horizons, dont j’ai parlé dans mon précédant blog (voir Mi-temps). Dormir devient facile, tout comme l’est le stop depuis début juillet. Très bien. Par ailleurs, j’ai vu plein de nouveaux endroits que l’on m’a recommandés, des lieux magnifiques et insolites. C’est super ! Et, j’ai même de luxe de pouvoir voyager avec un confort décent à moindre prix. Sans oublier que je rencontre chaque jour de nouvelles personnes. À tout prendre, c’est parfait. Plus qu’à profiter… Pour se plaindre, me direz-vous ? Une aventure sans challenge, n’est plus excitante…


La veille, j’ai vu une vidéo où l’aventurier Mike Horn part pour l’Arctique. Il dit notamment que lorsqu’on est sous la tente, c’est la maison qui nous manque ; à la maison, c’est la tente qui nous manque. C’est la balance entre l’aventure et le confort. Dans mon cas, je ne saurais dire ce qui me manquerait le plus. Le challenge de la tente, comme lors du grand voyage ? Ou bien le confort de mes proches en France ? Aujourd’hui, je vis une aventure où le stop au Japon commence à devenir banal. Et j’envie à la fois la tente et la maison, à la fois les aventures extrêmes (avec de nouveaux défis) et le confort de la maison familiale. J’ai toujours envie de voyager, faire du bateau-stop, une traversée d’Asie à moto, plusieurs semaines de marche, une retraite spirituelle dans un calme monastique, etc. Mais…


Je raconte sans être vraiment sûr de ce que je pense, de ce que j’écris. Mais vous lecteurs, ceux qui lisent ces quelques lignes, vous n’êtes pas la raison pour laquelle j’écris. Je ne fais pas ça pour informer. Et même si, c’est bien ma famille qui m’a pousser à écrire alors que j’avais arrêté, le contenu n’est dédié à qui que ce soit. J’écris simplement pour laisser une trace de l’évolution de mon voyage, mettant aujourd’hui mes pensées et de mes sentiments en avant. Quant à la tenue du blog, c’est différent. C’est destiné à ceux qui me lisent, moi compris. Car par la même occasion, relire et corriger m’aident à me remettre en question et avancer.

Me voilà déjà assis depuis une bonne heure devant le château de Matsumoto. Il est temps de se lever et d’aller le visiter. Rester sur place à réfléchir en rond n’est certainement pas l’outil qui m’aidera à dépasser mes prochains obstacles.


Je continue mon stop. Ave trois Japonais en week-end, on arrive à un parking. Comme je l’ai déjà entendu, on ne peut pas rejoindre Kamikochi, la prochaine attraction touristique, directement par sa propre voiture. Il faut la laisser plus bas, dans un parking en dehors de la vallée. Ensuite, on prend le taxi, et non le bus dédié, puisqu’à est quatre, ça nous coûtera moins cher. Juste dix euros chacun… Sans oublier qu’il faudra également payer le retour au même prix. Bon… le lieu, qui en plus est assez connu, doit sûrement être exceptionnel. Ça doit valoir le coup, j’imagine. Et en plus, il n’y a pas de ticket à payer.


Arrivé à un pont restauré, moi et les trois autres Japonais commençons à prendre des photos. On se pose avec quelques friandises. Une fois reparti, on réalise que le pont restauré est l’attraction touristique principale. On est déçu. On refait quelques photos sur le pont et le long de la rivière, pour avoir bonne conscience, et on rentre. Tant pis. Ça doit bien m’arriver un jour.


Après un peu de stop, je vais dans un parc à ours pour me consoler de la précédente déception. Ils sont trop mignons ! Mais les voir tourner constamment en rond, me rend triste. Les pauvres ! Et moi qui contribue à ce business…


J’arrive à Takayama. Mais la réservation ne fonctionne pas correctement. C’est donc l’aubergiste qui, avec son ordinateur portable, me fait la réservation sur Internet. C’est d’ailleurs lui qui entre mes données, et même mes coordonnées bancaires. Mais ici, je suis au Japon. Pas de soucis !


L’auberge est bien. Mais je suis surpris de voir qu’il n’y a pas de petit-déjeuner. Je me suis trompé. Par contre, c’est propre et confortable !


2 x Takayama, Japon

Journée de repos.


Une fois mon voyage terminé, je pense que le manque de liberté m’éprouvera beaucoup, comme tout voyageur qui part plusieurs semaines, plusieurs mois. Comment vais-je arriver à gérer ça ? J’espère pouvoir transformer cette frustration en ambition, utiliser cette énergie stagnante au service d’une dynamique entourée d’obstacles. Et cette dynamique ne peut exister que si je me lance dans un nouveau projet intéressant, car ambitieux.


Takayama, Japon

Il pleut. J’aime beaucoup cette odeur.


Takayama, Japon

Dernière journée !


Cette vie française, cette société archaïque que l’on a me manque terriblement. Avec ma famille et mes ami(s), c’est bien ça qui me retiendra le plus. Mais comment puis-je montrer ça aux personnes que j’aime ? À certains voyageurs ? Aux personnes qui me conduisent un peu plus loin ? À ma copine, une Japonaise ? Cette anarchie organisée, ces manifestations disciplinaires, cet esprit critique borderline, cette culture chaleureuse. Je relie ça avec la culture japonaise, fatalement disciplinaire, notamment à travers la rencontre de l’SDF, à Kitakami (voir Gentillesse).


Mais tiendrai-je le même discours une fois rentré en France ? N’y verrai-je pas au contraire de la barbarie irrespectueuse et chaotique ?


Je passe la soirée avec un Pakistanais, revendeur de voitures d’occasion japonaises. Il les vend au Kenya, aux États arabes unis, au Pakistan et bientôt au Chili. Je suis nostalgique de l’Iran. Je regrette un peu de ne pas avoir eu le courage de traverser ce pays. Une autre fois, peut-être.


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