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Photo du rédacteurJulien de Weijer

L'enclave perse

Dernière mise à jour : 19 août 2020



Chapitres : Entrée / Côte caspienne / Capitale / Villes d’Iran / Désert / Côte du sud / Dubaï

Attention : Le soucis dans ce post-ci est le manque d'images une fois que je dépasse la capitale. Je les ai perdu dans un cybercafé lorsque je rédigeais ce post par une simple déconnexion temporaire de la prise électectrique dûe à mon pied. Toujours garder une copie sur un autre support...

 



Entrée


UNE NOUVELLE TERRE

L'entrée est terminée. Place au plat. En effet, j'entre dans une zone du globe où très peu de choses me sont connues. C'est l'inconnu au sud de la mer caspienne ! Et non pas autour, car mes plans ont changé. Je décide de tenter ma chance en bateau stop dans le golfe persique. Après avoir réussi la traversée de la rivière Aras, j'entre en Iran. Mal réputé par les médias « mainstreams » européens pour être un pays peu sûr, j’essaye de faire attention à mon comportement. Mais cette attitude est vite perdue car, en me basant principalement sur les dires des voyageurs, je découvre peu à peu que cela s'avère faux.


Je tente une traversée par les montagnes afin de joindre Tabriz autrement. Mais après quelques dizaines de kilomètres en stop, je décide de rebrousser chemin. Par contre, je me refuse de suivre l’autoroute via Jaffa à défaut. Je choisis donc par élimination de suivre la direction opposée en longeant la magnifique rivière, entourée de montagnes. Je m’émerveille du contraste rivière/montagnes et tout vert/désertique. Un détour qui vaut le coup puisque le chauffeur me mène jusqu’à Ahar. Ce journaliste m’explique que le concept du stop n’existe pas. Il me faudra l’expliquer.




Plus je m’enfonce en Iran, plus je me sens rassuré. A Tabriz, je rencontre un groupe d’hommes lorsque je recherche une auberge. La culture turque se ressent encore : ces vieux messieurs boivent posément leur thé tout au long de la journée. En m’introduisant, un vieil homme me propose de dormir chez lui. Arrivé en motocyclette, je découvre que son domicile abrite également un chien et quelques oiseaux (des sortes de pigeons) destinés à la production de quelques œufs. Il vit dans l’une des nombreuses pièces de sa maison. Il y mange, dort et se divertit. C’est une coutume encore assez populaire chez les provinciaux. J’appréhende un peu la répétition de l’autre vieux frustré. C'est évident, il est vieux. Notamment, lorsqu’il me demande s'il est possible de lui masser les épaules. Par sécurité, je refuse avec fermeté. Mais contrairement à l’autre, rien de suspect ne se reproduit par la suite. Par exemple, il ne restait pas plus de 10 secondes sur la chaîne de cul, par soucis de confort probablement, en zappant la boîte à image.

 


AUSSI POPULAIRE QU'UN ALIEN

J’atteins un petit village touristique, Kandovan. Ses maisonnettes en pierre font penser au village de Göreme, en Turquie. Je me promène avec mon rail de miel, offert par un maçon à l’allée. Ça m’a tenu plusieurs semaines d'ailleurs… mais a aussi dégueulassé mon sac plastique à bouffe. Là-bas, énormément de personnes souhaitent me parler, me serrer la main et/ou prendre un selfie avec eux. Quand ma popularité atteint son paroxysme, je me trouve entouré d’une vingtaine d’adolescents à mon écoute. J’essaye d’équilibrer la parole de chacun en coupant les grands parleurs et interpellant les petits timides tenant envieusement leur smartphone à deux mains. L’une des grandes gueules me pose une question surprenante : « What do you think about people like this ? ». Avec son index, il fait des tours autour de sa tête désignant ainsi les autorités religieuses qui font la loi dans le pays islamique. Même si tous ne parlent pas anglais, ils comprennent attendant ma réaction avec impatience et humour. Je réponds le plus objectivement possible prétendant de ne pas être suffisamment informé. Mais, l’interrogant répond avec conviction : « We HATE them ! ». Le plus choquant est de voir une vingtaine d’adolescents restée, tous, impassible face à cette gueulante. C’est toute une génération qui désapprouve ce système. Tout au long de mon séjour en Iran, une grande majorité critique le gouvernement jusqu’à les accuser de terroristes. A l'inverse, j’ai tout aussi bien rencontré des familles qui adorent ces « mulas ». Mais d'autres croyants s'opposent tout autant à leur gouvernement.

 


SUR LA ROUTE IRANIENE

Je continue le stop en passant par une grotte non loin de Maragheh. On a partagé un pique-nique typique iranien. En Iran parce que je l'apparence d'un touriste blanc, je suis très souvent considéré comme étant invité. Par exemple lors de ce déjeuner, cela signifie que je suis servi en premier, on me sert la meilleure et la plus grande part, je fais partie des trois personnes sur vingt à obtenir une assiette etc. Sans oublier qu’il m’est impossible de leur donner une partie financière. Bref, il faut s’habituer à être traité comme un roi. Avec le ventre plein, on monte vers la cave. Une fois entrée, on se perd une dizaine de minutes. En descendant, je rencontre une cycliste allemande de 12 mois de route depuis le Kyrgystan.



Je repars avec un camionneur qui fume régulièrement de l’héroïne à l’aide de deux papiers en aluminium. En s’arrêtant au bord de l’autoroute sans commodités, je fais honteusement mes besoins de façon accroupis dans l'herbe aux yeux de tous…

 


CONFORT PAR ERREUR

J’arrive à Qazvin où je me trompe de route. Mais mon erreur me permet de dormir dans un lit, de prendre une douche, de laver quelques affaires et d'appeler ma famille.

Cette ville me rappelle les dires de la cycliste allemande : « We are all tourist. We all want to see specific places. ». En effet, que l’on soit stoppeur ou cycliste autour du monde ou vacancier, on veut tous s’émerveiller devant des beautés de la nature et/ou des produits humains. Le but est le même . Il n'y a que le moyen qui diffère. Et parce que nous sommes tous différent l’un de l’autre, nous avons aussi besoin d’adapter nos façons à atteindre nos buts. Par contre, cela ne concerne ni les aventuriers extrêmes qui voyagent pour se perdre et se retrouver, ni les fatigués du travail qui réservent un hôtel loin de chez soi pour changer d’air en dormant, fêtant, bronzant, etc. Ces deux extrêmes n’ont pas ce point commun cité par la cycliste. Mais c'est parce qu'ils ont des buts différents, excluant ainsi le cas précédent. En d'autres termes, on souhaitent tous découvrir, mais de façon différente. En revanche, ça prouve bien que tous les voyageurs à l'aventure d'eux-mêmes ne sont pas forcément tous des touristes. Mais existent-ils réellement ?

Les personnes qui m’accueillent sont super gentilles. La fille me laisse son téléphone afin que je puisse avoir internet. Avec son petit-ami et son père, on visite rapidement le bazar de la ville. Le lendemain avant de repartir, la mère de famille m’offre à manger et insiste pour me donner de l’argent.

 
 


LA ROUTE

Je pense toujours au conseil « Slow down ! ». Cela permet de s’ancrer dans la culture et ne pas avoir le sentiment d'être simplement passé sans vraiment avoir expérimenté et appris. Sinon après coup, on a l’impression d’avoir gâché du temps après tant de chemin. Tout en le sachant, mon impatience et mes raisons me poussent à avancer. Alors que je pense m’éloigner du but standard du voyageur (la découverte d'endroit magnifique) autour du monde, je me raccroche à André Brugiroux et de sa compagne, « La route ». Mais après relecture, je réalise que cela c'est vrai qu'à certains moments du voyage. Est-il majoritaire, graduel ou temporaire après 5 mois ? Je suis encore jeune en durée de voyage. L'écrivain est arrivé à plus de 6 ans sur la route transformant ainsi sa curiosité du voyage en intérêt nomadique. Le but change. Il se déplace comme tout voyageur mais la raison, dû à la longue durée, diffère.



Les péages en Iran sont marrants. Pas de barrières. En France, les compagnies routières auraient déjà faites faillites. Mdr. Ici, le conducteur tend la monnaie en roulant tandis que le mec au comptoir, voyant le montant au loin, a déjà préparé la monnaie d’échange. Sans vraiment s’arrêter, le chauffeur accélère illico. Je vous assure, ils sont plus rapides que n’importe quel automate.


 




Côte caspienne


BEAU PATELIN IRANIEN

Je dors dans un petit village, ou plutôt un ensemble d’une dizaine de maisonnettes, dans les montagnes du nord de l’Iran. Je me promène quelques heures en :

  • passant par des rizières de riz qui me font penser à la culture asiatique dont je rêve depuis assez, voir trop, longtemps ;

  • montant une pente, acceptant un petit apéro.

 


DECEPTION TOURISTIQUE

Après la déception DU village touristique, Massouleh, je marche quelques heures au milieu de la campagne iranienne, remplie de rizières, vers Qaleh Rudkhan. Entre temps, j’accompagne un vétérinaire pour examiner une vache fiévreuse. J’apprends, comme beaucoup de paysans, que le couple ne peut la soigner par raison financière.

Mais ne vous fillez pas aux stéréotypes, l’Iran n’est pas un pays pauvre.

 


2000 SOMPTUEUSES MARCHES

Je rencontre ensuite deux jeunes iraniens. En visitant le magnifique site (vivement recommandé !), nous sympathisons avec un couple polonais. A la fin, les deux iraniens nous proposent de les accompagner dans leur 4x4 à une cascade d’eau pas très loin du château. Mais à l’allée, le véhicule tombe en panne. Le couple rentre avec un type puis un taxi afin de joindre leur hôtel. Quant à nous, un des villageois nous propose de dormir pour la nuit dans leur cabane. Ce petit artiste a été créatif dans la construction de sa maisonnette dans les hauteurs de la montagne. En plus de cela, il s’est fait une cabane dans un arbre et une balançoire qui descend de 4/5 mètres environ. Autant vous dire qu’à l’instant où vous vous balancez vers l’avant, vous vous trouvez plusieurs dizaines de mètres dans le vide. Mais face à la vallée, c’est vraiment génial ! Le soir on dort dans une petite pièce à trois. C’est l’avantage de l’absence de meubles. Moins d’encombrement offre plus de liberté. Au petit matin, on arrive enfin à la falaise. C’est superbe et pas touristique du tout ! Ils me proposent de rejoindre l’islam. Mais je n’en ai ni l’envie et je ne m’y sens pas non plus appelé. Je reste encore avec eux jusqu’au lendemain midi, après quoi je reprends la route.

 


"SANS ALCOOL LA FETE [POURRAIT] PLuS FOLLE"

A la sortie de Rasht, un jeune étudiant m’emmène jusqu’à chez ses parents où je passe la nuit. Après avoir caressé le chien, je me lave expressément les mains, car « les musulmans n’aiment pas trop les chiens par pratique religieuse » me dit-il. Je visite son jardin et la ville. Je goûte :

  • un fruit local « amba », dont je n’avais pas la connaissance jusqu’à présent ;

  • une glace locale « bostani », fait à base de lait de vâche ;

  • du pain à la citrouille « nongolfeh » ou « golfeh-non ».

On rejoint son cousin et un de leur ami pour allée voir la mer Caspienne. Elle est relativement calme et tempérée. Puis pour la soirée, on va dans un café pour faire un jeu de plateau. Cela m’a énormément amusé ! C’est l’une des rares soirées où j’ai pu vivre « sans alcool, la fête est plus folle ». L’étudiant et moi sommes rentrés pour le dîner, typique orientale. La femme sert tout le monde (moi en premier) avant de manger. Une chose m’a frappé. Etant toujours à l’affut, elle s’arrête de manger et sert celui qui a fini son plat de riz, son verre de thé, etc. Bien sûr tout est en conséquence et tellement délicieux à la fois. J’insiste, sa cuisine est vraiment savoureuse ! Après le repas et le thé, on finit la soirée avec un petit Barça.-Réal. Le lendemain matin, je repars avec un sac de bouffe énorme. Assez pour plusieurs jours.

Elle est vraiment gentille. Tout comme un autre type d'ailleurs, qui m’emmène en voiture et me propose l’hébergement pour la nuit. Je refuse, car je n’en ai pas besoin. Comme beaucoup fois également, on me suggère à manger que je refuse cette fois-ci car je n’en ai pas besoin.

 


LE LONG DE LA MER CASPIENNE

Après être reparti, un local me propose de dormir chez lui. Ayant accepté, je marche quelques heures avec ce gros sac de bouffe rempli d’amour et de masse et pour enfin atteindre une plage potable. Entre plage touristique ou terrain privé, seul une plage d'un terrain abandonné à côté d'un restaurant convient au repos que je cherche. Je peux enfin être seul et me vider la tête. Je pense presque à rester plutôt dans ma tente au lieu de dormir chez lui. Je pourrais avoir un peu de calme. Personne devant moi à qui dire « salom » en expliquant que je ne suis ni russe ni un simple touriste. J'hésite malgré le combo barbecue, alcool, douche et lave-linge. Mais de peur qu'il m’a préparé quelque chose par gentillesse, j'accepte.

Je rencontre un touriste iranien qui a vécu 18 ans à Dubaï. Il connait bien le golf persique, me dit-il. D’après lui, il me sera facile de partir de Dubaï, car le port touristique est assez conséquent. Par contre, les gens ne sont pas amicaux selon lui. De plus, ce mec a un pote qui est propriétaire de plusieurs bateaux. J’espère pouvoir apprendre des bases de matelots et me faire éventuellement un petit réseau de contacts. Cela me facilitera la traversée vers Hormoz puis Oman.

Le local chez qui je dors me cherche en voiture. Lorsqu’il m’appelle « Baby », j’ai peur qu’il soit gay. Décidément, l’expérience avec l’autre vieux vicieux n’est pas sans conséquence. Mais, ce n’est pas pour autant que je vais avoir peur et m’enfuir de toute vitesse. D’abord, je comprends que je dors seul dans une chambre comprenant un lit double. Mais en fait, j’ai la maison pour moi tout seul puisque les habitants, ses parents, sont déjà décédés. Le lendemain après plusieurs allers-retours, on part pour Karaj. Là-bas, je loge chez les deux jeunes iraniens dont l’un roul..ait dans le 4x4 en panne. Ce dernier me montre également un stand où l’image de l’un de ses cinq meilleurs amis est affichée. Cela est organisé lorsqu’un iranien meurt jeune. Je fais naturellement mes condoléances avec une prière pour ce drame qui date de la veille. Avec d’autres amis à eux, on fait une petite soirée qui se termine en Fifa. Le lendemain, on déjeune Kebap. Mais c’est différent. La viande, la salade et la menthe sont à part. Quelques oignons entiers sont disposés au milieu de la table… euh... du tapis je voulais dire.

 




Capitale


"FRIEND'S GUEST HOUSE"

Je repars le ventre plein pour la capitale où je rencontre un ami iranien, rencontré en Cappadoce en Turquie. Il vraiment sympa. Il me donne direct une clé et un vieux téléphone avec une carte SIM du pays. Il m’accueille de façon à ce que je puisse rester plus d’un jour ou deux. Et c’est exactement ce dont j’ai besoin. J'y reste une bonne semaine. Je :

  • traine quelquefois devant quelques animés ;

  • cuisine pas mal de fois (en court-bouillon, sauce bolognaise maison, etc.) ;

  • recouds mes pantalons ;

  • finis d’écrire le précédent post « Au sud de la mer noire » ;

  • achète une casquette jetée en partant de Dubaï et des lunettes de soleil qui se sont cassées assez rapidement ;

  • me renseigne sur le visa des EAU et d’Oman.

Avec son colocataire et leur amis on danse et on boit de « l’Atombeer », une bière qu’il fait maison à partir de la bière islamique du supermarché. Par contre, le goût se rapproche plus à celui du vin blanc. Question fille, l’âge est une question taboue, elles ont tous 18 ans, me dit mon ami iranien. Aussi, la façon de danser pour les femmes est très féminine. C’est vraiment joli et chouette ! Pour preuve que la danse orientale diffère, l’extravertie du groupe me conseille d’être plus « protecteur » quand je danse. Mais avouer que c’est difficile de l’être avec une fille qui est déjà en couple. Notamment, que son mec est aussi à la soirée. Cette soirée se termine en un jeu de carte ressemblant étonnement au Uno. Je donne différent surnom à chacun comme Ataturc, Erdogan et la championne.

 


SAGESSE ET JALOUSIE

Durant mes deux semaines à Téhéran, je m’intéresse à la nécessiteuse sagesse. Mais en même temps, je jalouse de la qualité d’un autre voyageur. Je compare également leur incroyable but au piètre qui est le mien. Cela ne m’aide pas à avancer sur ce chemin de la sagesse et me mène plutôt à ma propre perte. De préférence, il est mieux de tirer ce qui est bon dans cette différence. Je dois réfléchir aux perspectives qui améliorent mon chemin. Combinons nos sentiments et notre intellect objectif pour mieux avancer. Les stoïques sont des asexués. Même si un chemin nous inspire lorsque nous sommes perdus, on nous a tout de même donné l’opportunité de pouvoir nous aider des outils de navigation. À mon humble avis, ce n’est pas le progrès grâce auquel on s’aide (ou sur lequel on se repose… malheureusement) qui entraînent de mauvaises conséquences, mais le degré d’écartement du droit chemin que chacun de nous et certaines institues théorisent, philosophent ou théologisent. Néanmoins, je ne remets pas le progrès en question du tant qu’il reste à la place de moyen et non de but. Car ainsi est sa place. C’est à partir de ce fait que je théorise.

Plus concrètement, je jalouse parce qu’un autre autostoppeur voyage sans téléphone me donnant l’impression d’être plus ouvert au monde. Mais, si j’ai le sentiment d’être moins ouvert, cela signifie qu'un besoin de changer s'y cache, puisqu’en d’autres termes c’est une envie de s’ouvrir davantage. Cela peut se traduire par un faible écartement du droit chemin. Et il n’est pas nul puisque la jalousie et, me connaissant, la faignantasse se perpétuent dans ce cas précis, me retenant ainsi de ce droit chemin. Il me faut y remédier.

En premier lieu, je pense m’acheter une carte afin de m’écarter, et non pour m’y couper, de la dépendance stagnante du téléphone. J’aurai pour résultat, une oreille plus attentive et un apprentissage plus efficace. Mais à vrai dire, je ne l’ai jamais acheté. Et les conséquences tout au long des 40 jours en Iran me surprennent, mais confirment mes dires. En général, le temps sur mon téléphone est destiné à répondre à mes proches et certaines recherches comme le stop par bateau par exemple. La dépendance revient lorsque je décide de me retirer pendant quelques jours du rythme du stop à toujours dormir chez un nouvel hôte et réexpliquer la même histoire jour après jour. Ainsi, ce n’est pas le support, mon téléphone, mais mes propres envies qui dérangent. Puisqu’à l’inverse, cet écran intelligent en serait la même raison qui me fait arrêter constamment. Or ici, c'est une conséquence du trop plein de familles rencontrées.

En second lieu, je dois m’attaquer à mon orgueil. Jusqu’à présent, je tente de me persuader d’être sage en me présentant en bonhomme qui vit en nomade quelque part autour de terre avec grande discrétion. Foutaise ! Je braille sûrement ce portrait illusoire de peur de perdre toute humilité. Oui, mon égo s’y satisfait lorsqu’autrui m’entend jaser tel un aventurier professionnel sage et réfléchi.

Creusé par les anciens flux, marques par les différents niveaux de la mer, élevés par les mouvements de la Terre, le bateau « hollander-voyageur » se fracasse contre les rochers crées par les conséquences des Hommes peuplant ces mêmes terres et voguant sur ce bateau.


Le colocataire de mon ami ramène une fille puis une autre. Même si je m’entends bien avec l’une d’elle, je tente de garder ma place en me convaincant que :

  1. il est mon hôte et de ce fait, il serait incorrect de lui voler ses « proies » afin de combler mes propres pulsions ;

  2. ce n’est pas parce qu’il a plusieurs relations que j’ai plus de droit ;

  3. c’est une autre culture et un faux pas est rapidement fait.

Je vous avouerai que c’est assez strict. Trop même. Je n’ai qu’à tirer profit de cette expérience et combler ma jalousie en suivant son exemple. Tirer avantage de sa propre popularité afin de satisfaire sa bi… gueule. Mais bon, ça sent trop le hors-piste. Une question subsiste : « Ce chemin ne mènerait-il pas à celui du vieux vicieux ? ». En s’habituant à tromper et passer de l’une à l’autre, on se perd soi-même à cause de sa propre bi… gueule.

 

LOIN DE CHEZ SOI

Je continue à rêvasser sur mon avenir. Mis à part un boulot de responsable dans une industrie à gérer je ne sais quel projet me semble assez impartial. On pense souvent au singulier (dans les deux sens termes d’ailleurs). L’image d’être père au foyer, cuistot, geek, otaku et hacker ne me déplait pas à l’idée. Mais est-ce durable ?

Je me rappelle aussi de mon départ. J’en suis nostalgique. Après des problèmes à l’ambassade iranienne à Bern, je rentre à la maison pour des histoires de formalités. C'était une bonne introduction aux aléas de l’aventure. Quelques jours plus tard, mes parents m’ont déposé à un arrêt de bus à Worb, à l’est de Bern. Après avoir fait les adieux à mes parents, une femme m’a emmené commençant ainsi véritablement le stop.

Alors que je voyage, mes anciens camarades de classe travaillent certainement en entreprise. Par mon projet de fin d’étude non-électronique, je m’écartais déjà des autres. Et cela s’accroît de jour en jour, car à ce jour je décide de faire du stop. En allongeant la durée de ce voyage, il en est de-même pour l’écart. Désormais, ma vie professionnelle s’y voit grandement impactée. Je suis conscient que plus je tarde mon retour, plus le fossé sera difficile à combler. Tout d’abord, dans le milieu technique (EII), puis plus généralement en tant qu’ingénieur ou responsable de projet. Mais malgré le futur incertain, je reste confiant.

 


AMBASSADES

Je me rends aux ambassades des EAU et d'Oman. Le métro reste un métro. Qu'il soit iranien ou parisien. En effet, c'est l'entassement de réfugiés de liberté comblant leur impatiente agonie dans le défilement oisif et infructueux d’informations numériques. Je vous rassure, je m’y compte parmi eux. Mais espérons qu’un bon constat objectif apporte des résultats positifs. Quant aux ambassades, faut tomber au bon jour sur la bonne personne. Faute de quoi, on vous répondra le strict minimum. À moins que ce soit la culture islamique qui suit le précepte de la volonté de Dieu : « Inshallah » qui est la base de toutes réponses. Au moins, c’est clair et efficace. Mais j’aurai souhaité un peu plus de contenu. Pour les EAU, j’ai été satisfait en insistant un peu. Mais je me souviens de bien de déceptions tels :

  • à l’ambassade iranienne à Yerevan où connaitre à l’avance les procédures n’aide pas non plus (j’y ai fait près de 5 ou 6 allées-retours) ;

  • à l’office d’immigration à Téhéran où on vous donne un papier et débrouillez vous (vous n’avez qu’à comprendre…) ;

  • à l’ambassade d’Oman où lorsque j’insiste pour pouvoir poser une question, on me refile une nana au téléphone, mais qui m’a bien aidé par contre.

 


DÉTENTE

Je passe bien entendu une journée touristique à visiter différents lieux de la ville avec des amis à « Calling center ».

En rentrant, je finis un animé qui m’a bien plu avec une fin peu commune. Chacun du couple protagoniste perdent peu à peu leur grand amour respectif. Il reste ensemble simplement dans le but de se soutenir émotionnellement et physiquement dans leurs quêtes amoureuses sans issues. Plus l’histoire s’intensifie et plus ce couple de substitution s’aime mais compromettant ainsi leur promesse de départ, celle de se donner entièrement sauf le coeur. Alors que les deux grands amours visés se convoitent et se marient, il me semblait (trop) logique que les deux protagonistes renoncent à leur promesse. Au lieu de cela, ils mettent fin à leur relation ouvrant ainsi leurs perspectives d’avenir.


Avec mon ami et une amie à lui, nous sortons dans les montagnes pour une promenade. Il me piège de temps à autre à devoir la complimenter. Son petit jeu fonctionne… sur moi. Mais uniquement sur moi puisqu’en rentrant elle va un peu se « reposer » avec lui dans sa chambre en s’assurant bien que la porte soit fermée. Je n’en suis qu’un peu déçu.


Après avoir cuisiné des crêpes bretonnes, des frites ou encore une tarte au saumon cuit en court-bouillon et aux semblants d’épinards, il achète du steak de bœuf. En Iran, c’est considéré comme de la « luxury food », même pour ceux qui gagnent bien leur vie. En effet, c’est le seul moment durant ces 40 jours en terres perses que j’en mange.

 


BLOG

En écrivant ce post, je remarque les changements du contenu de mes postes. Je décris assez peu mon voyage. Je vous avouerai que cela me lasse. Mais je cherche à approfondir certaines expériences spécifiques. Elles se déterminent par l’intérêt que j’ai pour et si j’ai l’occasion d’argumenter dessus. Ce qui est assez nouveau, c’est que je ne recopie plus simplement en ajoutant ou modifiant quelques propos. Mais, je commence à écrire à partir d’une expérience écrite. Je synthétise tout cela en ajoutant toute idée ou argumentation même si c’est très récent. Alors qu’avant cela suivait un ordre plus chronologique. Désormais, le temps n’est qu’un critère de second choix, car la construction d’une idée spécifique à la priorité.

Par ailleurs, vous remarquerez le temps sabbatique n’est pas une pause vacances. Du moins, je l’espère que ce n’est pas mon cas. Ce qui compte est qu’on « restera toujours des apprentis », a déclaré le majeur de promo lors de notre remise des diplômes d’ingénieur. Ce temps pris est une école non-conventionnelle par le biais de l’autostop.

Chaque arrêt pris pour compléter mon blog se ressemble. Dans un premier temps, rien ne se passe pour quelques jours afin de m’acclimater. Une belle excuse pour trainer dans cette course en stop. Puis, les jours à écrire d’arrache-pied s’enchaînent. En relisant l’ensemble, je remarque aussi que je ne prends pas assez de temps pour corriger. En plus de l’impatience, c’est aussi dû à la quantité de texte et au temps que je me permets de rester à un même endroit. Dépourvu de sérieux, je resterai des semaines et des semaines au même endroit à me lasser peu à peu du maintien de ce blog. Même si j’ai l’impression que seule une poignée de personnes suivent cela, il faut une occupation, un entrainement, un travail à chacun. Sinon, on devient :

  • pour un voyageur, un nomade où la rue est son principal avenir ;

  • pour un sportif, un blessé où l’hôpital cherche à réduire les coûts de sa blessure faute de manquement d’échauffement ;

  • pour un travailleur, un sans emploi où les aides solidaires nous attendent.

Mais bon, cela me plait, car la relecture du mois précédant m’est gratifiant. Avant de partir de la capitale, je reçois les premiers retours de mon post « Au sud de la mer noire ». Cela me réjouit et m’encourage à poursuivre mes postes.

 

INJUSTICE IRANIENNE

Je note que les personnes réagissent plus lorsque j’ai mon grand sac sur le dos. On dirait que le voyageur est plus proche de l’étranger que le blanc l’est. Cela parait logique puisque l’un n’est que de passage. Une différente couleur de peau n’empêche pas la personne regardée à s’inscrire dans le quotidien sociétal et personnel. Tandis que le voyageur ne peut pas, par définition, suivre les habitudes de l’observateur. Ceci n’est pas le cas pour un simple blanc en Iran.

Par ailleurs, je ressens que la liberté est presque une importation occidentale. Par exemple :

  • le terme autostoppeur n’existe pas en farsi ;

  • il leur faut payer s’ils veulent sortir du pays ;

  • ils ne peuvent que s’informer officiellement par les sites autorisés par le gouvernement ;

  • croyant ou non, il leur faut appliquer les lois islamiques.

J’ai le luxe d’aller où bon me semble. D’un premier abord, beaucoup rejette la faute sur l’argent et s’apitoient sur leur sort. Quels sots font-ils ! C’est bien dommage, car tout nous est possible. En Iran, beaucoup tiennent un discours bien plus vrai et différent. Ils, surtout les jeunes, clament l’injustice et la privation de liberté. Je l’introduirais par une phrase qui revient souvent : « You have an european passport. Mine is iranian. ». Et en effet, ils doivent payer près de 50€, je crois, pour leur première (oui, car cela augmente à chaque fois) sortie du territoire. Étant donné que la vie y est moins chère, prenez en compte que cette équivalence en euros représente plus d’argent pour eux que pour nous.


C'est durant mon séjour à la capitale que le ramadan démarre… Lol. Tout le monde le suit... officiellement. Ils n'ont pas le choix. De ce fait, beaucoup sont flexibles avec cette loi. Et encore plus avec les touristes. Par exemple :

  • des militaires m'offrent à boire au bord de la route sans avoir à penser du regard de ses supérieurs, car eux-mêmes l'auront faits ;

  • une famille pratiquante m'offre également à boire, une glace et toutes autres choses à manger si j'en aurai fait la demande ;

  • un petit garçon mange des biscuits à l'intérieur du second lieu de culte le plus sacré d'Iran, tandis que c'est rempli de chefs religieux (pas de problème).

Ce n'est pas par acte de rébellion ou par faiblesse, mais par flexibilité et compréhension que cela arrive. Même si tel en est la loi, les forces de l’ordre et ce qui la font reste flexible. Du moins, pour ma part. Néanmoins, ce ressenti n’est pas partagé avec tous les habitants du pays.


 




Villes d’Iran


PETITES VILLES EN COUP DE VENT

Je visite le second lieu de culte sacré d’Iran. En tant qu’étranger (ce qui équivaut à non-chiite), il me faut un guide pour pouvoir rentrer. C’est calme et très beau. Le guide insiste alors afin que je prenne des photos. C’est presque surprenant.

Je quitte la ville pour arriver en soirée à Kashan où je dors dans un parc à la vue de tout le monde. Mais j’y dors très bien. Au centre de la ville, un parc a été construit à l’intérieur des ruines d’un château. Je prends le café avec un type à moto et un vieux portant un bonnet tâché de crottes de pigeons... J’espère me tromper.

Je fais un saut par Abyaneh, un village construite en argile rouge. Pour cela, j’attends presque 20 minutes qu’une voiture passe. Au bout d’une bonne demie-heure, la seconde ou troisième auto m’embarque avec eux pour visiter ce merveilleux village. Un conseil, aller-y ! Ils me déposent à la grande ville suivante. En partant, je leur ai promis de passer chez eux, à Semirum.

 


PROFIT.EURS.ONS

À Isfahan, une fille nous, un étudiant local qui a trop temps et moi, demande de quoi nous avons besoin. Je lui explique que je cherche à obtenir du la Wi-Fi quelque part afin de consulter mes demandes sur Couchsurfing. C’est ainsi que je me retrouve dans un hôtel d’assez bonne qualité sans avoir à payer.

L’après-midi, je fais la rencontre de deux sœurs qui vivent leur foi chrétienne depuis plus de 30 ans, du temps qu’il n’y a que des étrangers qui sont autorisés à rentrer dans leur cour, partagée avec un autre bâtiment. On a partagé un café fait par l’italienne, des vêpres et des histoires. Après cela, je me sens merveilleusement apaisé. Pour casser le délire, un très grand ami de la famille , celui qui m’a baptisé et que je considère comme mon troisième grand-père, P. Léo, est mort au matin de la veille. Un mois après ce triste événement je n’arrive toujours pas à réaliser.

Ce soir je dors chez un type trouvé sur Couchsurfing où un catalan, qui voyage depuis deux ans, y dort également. Lui est parti car son coin le saoulait. Lui de même me suggère de ralentir le rythme. Mais, ce dont je retiens principalement de lui c’est d’être ce que je veux être. Ici, personne ne te connait. Alors amuse-toi ! En pleine liberté, il goûte aux délices de la vie. Ce n’est qu’en étant épanoui que je peux être heureux et partager ma joie. Tout au long de la journée, on a joué à un « jeu » : entrer en cachette par la sortie ou après négociation dans les lieux touristiques. En effet, c’est une journée pleine d’excitation. J’en garde tout de même la honte de bon garçon, au risque de ne pas être attractif. Le soir on sort avec une fille trouvée sur le site dans une cour en chanson. De là, je réfléchis sur l’équilibre du voyageur, présenté au prochain passage.

Je me suis beaucoup amusé avec lui la veille au point où le départ de cette ville me rend nerveux. Je pense que c’est parce que je me sépare de ce confort social. Cela prouve bien que je ne me sois toujours pas habitué à la solitude. J’ai envie de me poser quelques temps. Patience, cela arrivera lorsque je serai à la recherche d’un bateau.

 


L'EQUILIBRE DU VOYAGEUR

Depuis la veille, deux réflexions me travaillent :

  • Notre implication dans notre environnement. Durant la soirée, Éric joue de la guitare. En effet, il est actif et contribue à l’ambiance de la soirée. Tandis que moi, je reste spectateur. Je me console en me disant qu’il est plus sage d’être à écouter et ne pas brasser de l’air dans le vent. Mais, un vide subsiste. Pourquoi cette différence ? Qu’ai-je fait lorsque j’ai arrêté après un an de guitare ? J’ai commencé à jouer à l’ordinateur (War III, WoW, etc.). On ressentira toujours l’après coup d’une façon ou d’une autre lorsque l’on renonce à son apprentissage par paresse. Oui, il est important de contribuer, peu importe le sujet !

  • Voyager est distingué par deux extrêmes : « Inscrire ses habitudes et son confort » opposé à « Se couper de son quotidien ». D’un côté, on garde ses habitudes dans ce nouvel environnement. Par exemple, beaucoup d’européens font du WorkAway ou prennent une année sabbatique en Australie. À l’inverse, on s’en sépare. Par exemple, on voyage en laissant son téléphone à la maison. En intégrant ses habitudes/conforts, on peut voyager plus longtemps grâce à l’absence du mal du pays et du manque de passions. Par contre, en se coupant de tout cela, il peut plonger davantage dans d’autres cultures, car il n’est pas brouillé par ses habitudes. L’avantage de l’un est l’inconvénient de l’autre. J’en conclus qu’il faut équilibrer son voyage en fonction de sa durée, du degré d’aventure souhaitée et de sa persévérance. Je note que l’indicateur temporel limite du grand voyageur se trouve autour des deux ans. Au-delà de cela on passe du stade voyageur au nomade, car la fin n’est plus qu’un horizon.

Posons quelques exemples à ces deux extrêmes :

  • Un suisse est parti pendant un an sans téléphone. Sans que ce soit l’unique raison, il part dans l’esprit de se couper pleinement de ses habitudes pour une certaine durée. Il en était à son premier mois. Je n’ai aucun retour, mais il m’a dit en Turquie qu’il souhaite, en effet, se couper de ses habitudes.

  • Un chinois tente de joindre Hong-Kong à Lisbonne en vélo. Arrivé en Bosnie, il en était au huitième ou dixième mois à peu près. Il commençait à en avoir assez et avait hâte de rentrer chez lui pour rejoindre sa bien-aimée.

  • Un ami français parti depuis plus de 3 ans a pleinement intégré ses habitudes dans son voyage par du WorkAway. En l’appelant, il se définissait clairement comme un nomade. Il ne se voit certainement plus en tant que voyageur, car le retour ne fait pas/plus parti de l’évidence du plan de son trip, contrairement à moi. Et encore, en est-ce toujours un ou simplement la continuité de sa vie ?

  • Un italien voyage depuis 13 ans à moto. Lui demandant son avis, il me dit qu’à partir de deux ans on perd la curiosité du voyage. Dès lors j’ai ajusté le cap du nomade à un an supplémentaire.

  • Personnellement, je remarque j’ai besoin de m'arrêter quelques temps dans une auberge, chez un ami ou m'isoler en tente afin de (me) retrouver un peu de vie privée. À Yerevan par exemple, j'avais MON lit dans le dortoir où je regardais quelques animés.

 

SEMIRUM, PROMI !

Lorsqu’ils m’ont conduit jusqu’au petit village Abyaneh puis à Isfahan, je leur ai promis de passer chez eux, à Semirum. Arrivé à la cascade d’eau, l’un d’eux me rejoint. Puis, on continue la visite à travers la ville. Après ce peu d’effort, on rentre chez les grands-parents où je déguste une glace, de petits gâteaux et un thé. De maison en maison, je discute et mange toujours autre chose sans oublier le thé qui va toujours avec tout. Je dors chez un des mecs qui est devenu un peu trop tactile à mon goût. Je le soupçonne d’être un des semblables à l’autre vieux... enfin vous voyez de qui je veux parler. Mais, je me rassure à la vue de sa femme et ses deux adolescents. Je dors en tant qu’invité au milieu du salon. Par contre, je m’étonne de leur façon de dormir par genre. Je peux comprendre que l’on sépare les enfants à un âge où la puberté nous demande plus de vie privée. Mais que le couple dorme séparément... D’un côté, le mari et son fils. Et dans une autre pièce dorment la femme et sa fille. En plus, je suis assez choqué du fait que le père de famille semble avoir fermé la chambre féminine... à clé !

Je profite de cette lancée pour décrire un peu. C’est une maison assez typique. Une entrée, des commodités, les éventuelles chambres et l’importante pièce de vie où tout se déroule. Nous sommes en Iran, il va donc de soit que le grand salon est couvert quasi-entièrement de tapis. À l’heure du repas on dresse la table… le tapis pardon. Car ici on mange par terre, assis en tailleur ou sur les genoux. Je vous assure qu’on s’y fait très vite… lorsque l’on est habitué à la position. Dès que la nourriture est sur la table. Il n’est pas coutume d’attendre que les derniers ont quitté leur passe-temps. On se sert direct ! Surtout l’invité.

 


QUI SUIS-JE ?

J’apprends à me connaitre. En chemin vers Shiraz, un conducteur fait une vidéo Insta. Mais, je peux vous assurer que je ne suis pas un homme de spectacle. Je n’y trouve ni l’intérêt, ni l’aisance à être acteur au paraitre, au grand show illusoire, à me faire passer pour un idole extravagant. Cela ne signifie pas que je suis un être des plus humbles. Je me préfère à l’entre-deux où l’impressionnable est conséquence. La personnalité de Sherlock Holmes est un bon exemple à mon sens, car il ne peut être admirable qu’en s’intéressant à lui. Je cherche profondeur et intellect au prix de la popularité. Je porte bien plus d’intérêt à l’extrême passion qu’à l’habile jeu de la possession illusoire. Cette façon d’être peut se savoir, je pense, lorsqu’on porte un intérêt à une patiente lecture de mon blog et non de manière diagonale en parcourant les quelques photos chocs. L’avantage à cela est que le peu d’intérêt me donne plus de courage à parler le plus foncièrement possible. Et ainsi, j’espère atteindre mes intimes défauts. Il faut creuser profond pour rénover ses fondations. Vous comprenez ainsi pourquoi j’insiste que le site de ce blog soit seulement communiqué aux personnes qui ont l’intérêt pour ce que je fais.

 

SHIRAZ

Après avoir traîné quelques jours à Shiraz dans un hôtel gratuit (merci Couchsurfing), je visite l’attraction iranienne « Persepolis ». Certains sont impressionnés, pour d’autres cela ne reste qu’une visite d’anciens cailloux. Une chose est certaine. C’est vraiment dommage de ne pas pouvoir approcher davantage les ruines.

 


ARNAQUE CHARITABLE

En partant du site, un mec me propose d’être héberger… gratuitement. Suspect, je décline poliment. Mais, il insiste en précisant qu’un autre vient de dormir dans ce magnifique village qui mérite plus de popularité. Alors, me demande ce qu’il veut. Est-ce encore un de ces complices à l’autre vieux vicieux ? Je lui explique que je fais du stop et que là n’est pas ma destination. Il me propose alors de me poser à l’autoroute en voiture. J’accepte avec méfiance. Sur la route, mes doutes se confirment. Il me raconte d’abord toute une histoire comme quoi son neveu (ou je ne sais quel membre de sa famille) souhaite voyager. Mais pour cela, il a besoin d’échanger de l’argent en euro. D’où sa fameuse question qu’il doit surement poser à chaque personne dont il vient trompeusement en aide : « Do you need to exchange money ? ». Je souris intérieurement, car après un an de séjour en Iran, je connais un peu le sujet. Curieux, je lui demande son taux. En me répondant « 60 000 », je comprends que bons nombres de touristes lambdas tombent dans le panneau, car le taux officiel est de 45 000 - 50 000. Sachant que même au black il ne peut rien obtenir en dessous de 70 000. Avec un touriste qui pense que tout s’échange au taux que Google affiche, il est clair que c’est du gagnant-gagnant. Mais sachant comment ça marche pour 99% des peronnes en Iran, j’y perdrai 10 000 à 20 000 par euros. C’est-à-dire qu’en acceptant sa « belle » offre trompeuse, j’y perdrai 16% à 33% de mon échange. Par exemple, si j’échange 100€ à son taux de 60 000, j’y perds 1 million à 2 millions de rials soit 15 à 25 euros. Mais bon, pour un vacancier non informé, c’est une affaire. Haha. Je vous laisse imaginer à quel point vous vous faites arnaquer en suivant les taux officiels communiqués par Google (indice : c’est à peu près deux fois pire).

 


L'APRÈS-CHIFFRE

Je retrouve un parisien à l’entrée du prochain site perse, « Nécropolis ». Lors de mon hésitation à payer l’entrée, il me dit « T’as aussi une très belle vue d’ici. Mais du -500 avant J.-C. ! ». Cette attache aux chiffres revient dans bien des situations (les stats de perso cheaté, les bonnes notes à l’école, le dixième de pourcentage représenté par les indicateurs qualités, etc.). Je ne remets pas en question l’importance de ces derniers, mais le dévouement que l’on porte à leurs égards. Question con mais essentielle à mon goût. Pourquoi sommes-nous si intéressés par l’évaluation de ce que nous produisons ? A. Einstein regrettait les conséquences chiffrées de ses recherches sur le nucléaire.



 


YASD

Sur la route, je rencontre des connaisseurs en bateaux (propriétaire, marin). Selon eux, seul deux catégories existent en mer : « Marin » et « Passager ». De là, je réfléchis à des questions pratiques à trouver un bateau.


Comme de temps à autre, j’ai envie de traîner devant des animés. C’est le cas à Yasd. Je dors une nouvelle fois dans un hôtel gratuitement. Néanmoins, c’est par astuce d’un couple voyageur allemand cette fois. Là-bas, j’y rencontre également d’autres voyageurs qui me poussent à éviter cette paresse :

  • Un coréen qui voyage afin d’écrire officiellement un livre. Par ce fait, je ne peux rester dans l’inactivité. Serait-ce par jalousie ?

  • Un irlandais est parti en moto depuis plusieurs mois. Et quelques milliers de personnes le suit sur les réseaux sociaux. C’est incroyable. En plus, il a ses cartes de visites ! Lui part pour le Pakistan.

Après réflexion, je pense que l’indolence est mon principal adversaire.

 


LIBERTÉ

Voyager en stop chez des locaux est l’une des voies pour être libre... me fait doucement rigoler. Car, je sais maintenant que je serai tout de même privé, mais par mes propres choix. En souhaitant découvrir autrui, nous sommes obligés de nous adapter. Nous nous privons de certaines libertés étant donné que nous nous imposons des contraintes voulues, nos habitudes par exemple. En découle ma question : « Est-il possible d’être vraiment libre ? ». Tout dépend de la définition que l’on y appose. Hormis les besoins primaires de survie, je dirais qu’il l’est logiquement impossible, car les conséquences de nos choix en sont une raison.

La liberté serait un état d’être qui est semblable à un point cardinal. Elle ne peut pas être atteinte, mais peut en donner la direction cardinale (de vie). Un bateau rencontre toujours des obstacles terrestres et climatiques dû au choix du cap. De même, le chemin menant à la liberté rencontre aussi des contraintes propres aux décisions de cette même personne. Par exemple, un hippie/hobo ne peut accéder pleinement aux récentes découvertes et technologies (ex : se coupe de la night life) puisqu’ainsi il a décidé de s’éloigner de cette même civilisation.

Quant au stoppeur ou au cycliste du monde, il se sent libre parce qu’il a décidé de se couper de ses habitudes accablantes. Mais après avoir digéré ce revirement, il nous faut décider d’un nouveau cap si ce n’est déjà fait. Autrement, on s’y perd tournant ainsi en rond.

 


ILLUSION DE VOYAGE

J’en profite pour justifier que la bonne façon de voyager ou de se sentir libre est celle qui vous est propre. Ce n’est pas très parlant, si ? Une fois trouvée, la bonne façon est celle avec laquelle vous pourrez le mieux compenser les contraintes apparentes. Par exemple, vous êtes curieux et souhaitez apprendre ? Peut-être que vous supportez mal la permanente solitude. Ainsi, vous savez qu’il vous faut trouver un.e partenaire avant ou en cours de route. Mais avant le grand départ, vous découvrez qu’un certain confort vous est nécessaire pour vivre pleinement ce que vous cherchez. Ainsi, vous pensez à voyager en faisant des jobs de remplacement de 2 ou 3 semaines en passant d’auberge en auberge. Mais de toute manière, vous avez de grandes chances de découvrir que tout cela est illusoire et qu’en réalité vous recherchez autre chose d’intimement plus important. Ne laissez pas vos vices voiler vos intérêts. L’exceptionnel idolâtré (ex : les top destinations de rêves) embellit l’aventurier. Or, le fruit n’est pas un splendide trésor inca avec lequel on se prend en perche-selfie filtré et retouché pour un simple chiffre illusoire sur Insta. Souvent protégé de pièges à l’Indiana Jones, cette rustre découverte n’est autre que soi-même. Cela me rappelle une fille sur facebook qui introduit bien cette désillusion. Pour résumer, elle était en road-trip sur les somptueuses plages de Goa, en Inde. Certes, c’est magnifique. Mais alors qu’elle rêvait de photos parfaites, d’amour sur la plage et d’épices locales, la pratique de tous les jours l’a permis de se rendre compte que ce n’est autre qu’un compte féerique. La réalité qu’elle de cette aventure est une forte diarrhée provoquée par ces mêmes « épices locales ». En chaque chose se définit des contraintes. De ce fait, choix-conséquences.


 




Désert


CANYONS DE TABAS

Je commence à être lassé du voyage à cause de trop d’habitudes flemmardes. Je me sens vide comme le désert dans lequel je pénètre de plus en plus. Du roc et du sable. On perçoit des dromadaires ou des chameaux et quelques buissons comme ceux des films westerns. Mais j’ai une direction, les rencontres « JMJ » au Panama.

En voiture, je me rappelle qu’à Pfastatt, j’étais à la recherche de route traversant le désert sur l’ordinateur. Ah ! Que c’est nostalgique.


Arrivé à Tabas dans le désert, je passe de maison en maison. Des amis croyants à celui qui m’hébergent m’emmènent à la découverte de… Dieu. Non, je rigole ! On visite un superbe canyon. J’ai l’impression d’être sur National Géographique. Non seulement pour la singularité de la nature, mais aussi parce qu’il y a peu de personnes. Je suis au milieu des montagnes entre les deux déserts iraniens « Kavir » et « Lût ». Je m’y amuse :

  • On entre dans une petite cavité, haut de 2 mètres et aussi large que mes épaules, où jaillit de l’eau. On remonte cette petite source jusqu’au point où le trou devient trop serré pour passer.

  • En remontant le ruisseau principal, on y voit des palmiers (étonnant dans un désert) et, plus loin, des minis-chutes d’eau. Cet endroit est surprenant, car l’eau de la partie droit du ruisseau vient du milieu de la montagne, protégée ainsi de la chaleur du désert. Alors que du côté gauche (à peine 2 mètres), l’eau sortante d'une cascade d'eau haut de deux mètres est carrément chaude. Cela est dû à la chaleur du désert qui réchauffe la jetée d’eau, certainement située proche de la surface. Et le summum est à l’intérieur de la mini-cascade où l’on peut s’introduire via un petit trou pour enfin allonger une cuvette en forme un baignoire. Protégé de l’air extérieur, la température de ce bain naturel 1 personne devrait avoisiner les 30 degrés Celsius.

 


CURIOSITÉ IRANIENE

Si l’on peut attribue un aspect aux iraniens, c’est bien leur curiosité. Un camionneur est intéressé par la monnaie européenne, mon carnet de voyage, mon passeport. Après un an dans le pays à culture perse et non arabe (sinon ils se fâchent), je commence à en avoir assez de cela. Ça devient fatiguant d’être constamment questionné, car on ne peut tourner le dos à leur gentillesse. Si seulement les questions pourraient être plus variées.

 


LES VILLAGES DU DÉSERT

Je vis un jour typique ramadan dans le désert. Je mange au coucher de soleil, car tout le monde crève la dalle à ce moment-là de la journée. Puis, une fois de plus à 3 heures du matin. Je quitte la ville pour un village du désert, Esfahak. C’est vraiment original. Je n’en ai pas vu de pareil auparavant. En même temps, je comprends pourquoi je suis le seul ici. Ni touriste, ni local, ni animal. Je dois être le seul crétin qui aime se faire cuire au point culminant dans le désert une quarantaine de degré.


Le prochain village, Neymand, est tout aussi génial. Avec une oasis autour de laquelle se dressent les maisons et mosquées, c’est un plaisir oriental et peu touristique qui s’offrent à moi. Mais, je vous avouerai qu’après un aussi long séjour en Iran et les canyons de Tabas, il est devenu difficile de m’impressionner. Par ailleurs, les habitants sont surpris en me voyant. Cet endroit est connu par certains iraniens, mais pas par des touristes européens. Il y a une seule auberge là-bas dont j’ai refusé l’offre. Au final, je dors dans un petit établissement détenu par l’état.

Il m’emmène en dehors du village pour que je puisse me laver. Étant sorti du village, je me demande où l’on va, car nous roulons déjà depuis 10 minutes. Après avoir laissé la voiture, on marche entre 5 minutes. Je me répète sans cesse : « Fait-on vraiment tout ce chemin pour que je puisse me laver ? ». Puis, nous entrons dans un petit bâtiment empli de buée où se trouve aussi quelques locaux. Je découvre alors que c’est un petit bain commun alimenté par une source chaude naturelle. Et oui, on a fait tout ce chemin pour que je puisse me laver.

Une fois de plus, mon ami iranien habitant à la capitale nous aide à la traduction. Une fois posé dans le bâtiment d’état où je passe la nuit, le local m’emmène à manger.

 


MENSONGES

De temps à autre, les personnes font de la fausse charité. Par exemple, un mec de la vingtaine m’invite chez lui lorsque j’attends mon hôte dans un parc à Kerman. Je décline poliment. Il revient gêné et m’avoue avec bouche cachée par sa main : « I like you ». Puis, il me propose : « Do you like some massage ? ». Je décline une fois de plus. C’est plutôt ses massages précisément qui ne me conviennent pas. Les homos n’échappent pas à cette règle générale des Hommes. Bien tendent la main afin de faciliter le vol sournois. Difficile de mettre le karma dans le même sac, car il suit la règle gagnant-gagnant. Mais c’est aussi une charité faite sous condition, point commun avec la tromperie de cet homo.


En stop, la majorité s’arrête en Iran. Mais à défaut, je le continue en marchant. Une fois j’essaye de rester de bonne foi, je prie en même temps. Mais comment le puis-je si mon cœur n’y est pas ? Plus encore. Comment puis-je suivre ce fameux droit chemin que je prône si souvent si mon cœur n’y est pas non plus ? À vrai dire, ce n’est même plus possible de le suivre correctement, car la colère nous masquera la vue. Et seul le pardonner permet d’effacer sa colère. Il faut suivre ce conseil que j’ai lu dans le livre de l’autostoppeur des anciennes années du 20ème siècle : Souhaiter une bonne route à tout le monde, même à ceux qui ne s’arrêtent pas. Et je dirais même « surtout à eux », car ce sont ces personnes-là qui risquent d’arriver malheur sans que vous puissiez les aider.

 



Je continue la visite de villages en atteignant Meymand. Les maisons de ce patelin sont construites dans le roc. Me rappelant de la Cappadoce dans le centre de la Turquie, je ne suis plus très impressionné de ce village… une fois de plus. J’espère juste de ne pas avoir ce sentiment au Japon, car je compte y rester longtemps.

 


DIRECTION LA MER

Dans un camion en direction de Bandar Abbas, je commence à détester davantage les réseaux sociaux. D’une part, un jeune iranien (un passager) ne me parait pas sympathique. Sauf, aux instants photo et Insta-live. Comme précisé plus haut, je ne suis pas un homme de spectacle. Certes, ce n’est pas très attrayant et lanceur d’ambiances. Mais qu’importe, je reste qui je suis, basta. Puisque je ne comprends pas la situation, je lui demande si je peux appeler mon ami, à l’aide de son téléphone, afin d’obtenir une traduction. Lorsqu’il refuse, je me demande s’il a bien compris ma question. J’insiste. Mais il garde son air nonchalant et me laisse paitre en refusant à chaque fois. Se braquerait-il ? Alors que j’ai besoin d’une simple traduction, d’un coup de téléphone gratuit, il ne m’aide pas tandis que je suis en pleine confusion. Par contre, son oreille est toute attentive lorsqu’il me questionne sur les positions sexuelles en Europe. L’inaction dans le camion le rendrait-il tire-au-flanc et égoïste ?


 




Côte du sud


MAUVAISE NUIT

En sortant du véhicule, j’ai d’abord été choqué de l’extrême chaleur et humidité. C'est le soir. Entouré d'un rond-point et d'industriels clôturés, je prévois avec incertitude d’attendre une heure (car au final, il m’a laissé paitre). Entre temps, le seul marchand aux alentours m’aide, appelle mon hôte et m’explique que mon intuition est juste. Après une heure d’attente, il me cherche en voiture.

Je fais désormais face au golfe persique atteint en stop depuis la France. Fixant la mer, je le vis comme une réelle étape géographique. C’est loin de chez moi. Je sens que les choses vont se calmer, que je vais emprunter un tournant. Il me faut trouver un bateau. La courte visite de Bander Abbas est géniale. J’y mange même les meilleurs fallafels de ma vie.

Mais arrivé à Minah, où l’iranien habite, c’est une toute autre histoire. J’angoisse de plus en plus à cause d’une simple couleur. Selon la carte diplomatique du gouvernement français, j’entre dans la zone rouge qui est la 4ème zone la plus dangereuse sur les 4 existantes : « Formellement déconseillé ». Je stresse toute la nuit dans une pièce où je suis seul et que je peux même fermer à clé. Une fois de plus, je suis erronément affecté par une évaluation exagérée. Je suis passé d’un extrême à l’autre. Je sais que je ne crains rien et pourtant, j’ai peur d’être enlevé à l’hollywoodienne. Cela m’empêche de dormir. Seuls mes éternuements font tomber le stress.

 


GÊNES AU CAMP HIPPIE

Le lendemain, je prends un bateau pour Hormoz dans l’espoir de trouver une auberge pas cher. Pendant une heure en mer je discute avec un iranien au chapeau de paille qui m’invite à camper avec des amis à lui. L’ambiance hippie accompagnée d’un feu de camp est superbe. Je ne pouvais pas trouver mieux. Il y a différente couleurs de sable. Mis à part un jaune classique, il y en a aussi une en noire bien foncé. De plus, on a l’impression que tout est mélangé avec des micros-cristaux. Puis, les problèmes pratiques surgissent. Dormir sur le sable est chiant. J’y pense... la journée suivante s’annonce sableuse et transpirante. Car oui, je n’y ai jamais autant transpiré. Même sans bouger je transpire. Et cela en est de-même le soir.

Est-ce que je me sens réellement seul ? C’est intérieur, car à l’extérieur tout va bien. Par exemple, cela m’arrive en général dans un environnement de confiance tel que la famille ou les amis. J’écris ce post avec plus de recul remarquant que cela arrive à certaines moments spécifiques. Et ce souvent lorsque je suis avec un même groupe durant quelques jours consécutifs. Au feu camp, très peu parlent anglais. Ce qui renforce aussi l’écart entre eux et moi. Par ailleurs, les personnes rencontrés s’étonnent que je me définisse comme étant timide. Mais, je pense raconter cela en espérant justement de combler cette solitude.

La dernière soirée est plus originale. On se dirige à la plage au sable rouge. Puis, on se rend à une cabane où se trouve un couple géorgien et un cinquantenaire dont la barbe est aussi longue que sa chevelure. Cette personne est très calme. Il ne bavarde pas, médite et est plutôt habitué au hachisch. Je pense que ce trio a l’air d’être depuis une longue période dans ce coin de la place. Ils ont certainement eu du mal à s’insérer de façon conforme dans la société. Enfin, on finit la soirée par une marche suivant un chemin au hasard.

À force de nouveauté et de bouger en stop, j’en oublie la solitude. À la seconde soirée, je retrouve encore ce sentiment. Plus le temps passe sur l’île, plus je me retrouve à l’écart. J’ai toujours su communiquer avec d’autre. Mais là, le sentiment de différence persiste. Suis-je resté trop longtemps ? Est-ce dû au peu d'anglais pratiqué au sein du groupe ? Peut-être.

De plus, une quelque chose d’autre est dérangeante. L’excès de chaleur et d’humidité font rougir la peau en haut des jambes lorsque je marche. C’est la seule fois que cela m’arrive en dehors de la course pied. Du coup, ça se remarque quand je suis en maillot. Et c’est davantage pénible lorsque je fais une visite autour de l’île en payant un mec à moto. Du coup, je me retrouve à marcher en position canard.

 


LA « SUITE » PAS CHER

Après ces gênes, je comprends que je dois changer de direction. À l’école de la vie, j’ai appris en Turquie et précédemment en Europe par diverses expériences. Mais désormais, j’ai besoin de faire une relecture. Je sens arriver une nouvelle aventure parfaite pour cela : bateau stop. Ainsi, je prends le bateau pour rejoindre un port situé à Bandar Lengheh afin de joindre Dubaï en ferry pour moins cher. En cours de route, je craque pour un bus qui m’emmène jusqu’à destination, car la chaleur est trop intense. Bon ça va, je n’y ai perdu que 1€50 pour une centaine de kilomètres traversée. C’est le 3ème bus de tout le voyage. Avant de partir, je fais encore quelques achats utiles pour dépenser le plus en Iran et le moins dans un pays aussi cher que les EAU.

Arrivé à la dernière ville iranienne, je fais le tour des auberges. Je me dis : « Aller, c’est le dernier jour, je peux me reposer et payer un hôtel ». Après avoir fait le tour de deux des trois hôtels de cette ville paumée, je me rends à l’agence pour le ferry. Contre toutes attentes, la personne qui me traduit par téléphone m’invite à dormir dans la « suite » où il se réunit avec ses amis. Ils utilisent cet endroit, en cachette dû au ramadan, pour manger et fumer et faire la fête. Mais attention, ce n’est pas un « 4 étoiles » contrairement à ce que l’on peut imaginer. Avec le groupe d’iranien à Hormoz, on en avait également pris une durant la journée. En Iran (dans le sud à ma connaissance), une « suite » est une pièce plus ou moins vide apprêtée par un habitant. Elle comporte généralement quelques couvertures, une cuisine et des commodités. Quant au prix, il est bien moins cher que l’hôtel, car ce style d’hébergement n’est connu que par les locaux et demande pas grand-chose au propriétaire. On peut dire que c’est un terrain camping avec quatre et un toit. Par exemple si vous trouvez un hôtel à 10-20 euros la nuit, la « suite » vous coutera 4-5 euros. De plus, c’est typique et pas adapté aux occidentaux. Il n’y a ni lit et ni meuble. Vous mangez, dormez, vous divertissez dans le même endroit. Et grâce à l’absence de mobilier, vous avez l’avantage d’avoir beaucoup plus de place. Et pour le même prix, vous pouvez entasser plus de personnes.

 


BUT & MOYEN

Appris de mes anciennes missions pour l’établissement d’un système qualité, le but et le moyen sont à mon sens d’excellents indicateurs pour théoriser :

  • L’argent est un outil. Il est trop souvent idolâtré, placer au rang de but, maux d’avarice. Prenons un exemple. À Bandar Lengheh tout comme en Alsace, une femme me demande de l’argent. Puisque je me mets à son écoute, elle me baratine son histoire. Je lui propose alors que l’on se rend à une market où je peux lui acheter ce dont elle a probablement besoin. L’argent ne se mange pas. On s’en sert pour pouvoir manger et non l’inverse. Malheureusement, il arrive à certains mendiants de ne plus avoir faim soudainement... Économiser, n’accumuler pas. Si dépenser intelligemment en est le but à l’inverse de l’accumulation, tout ira bien.

  • L’alimentation (dont l’alcool) est également un outil. Engloutir est maux de gourmandise. Je vais aussi l’introduire par un exemple. En général, on fait une soirée pour retrouver ses amis, pour apprendre de l’autre, pour apprécier un bon repas, pour déguster un bon vin. L’important ici est le partage, l’intérêt culinaire, etc. et non l’envie de se retrouver saoule où les amis deviennent une excuse. Si cela arrive, réduisez votre consommation ou voyez « quelqu’un ».

  • Le sexe aussi doit garder le statut de moyen. Lui est maux de luxure notamment par la prostitution. Il donne la vie et permet de partager le plaisir charnel. À l’inverse dans le cas où le sexe est un but (et non le plaisir), on ne pense plus à l’autre et à l’union des deux personnes. Si vous en êtes à ce stade où le plaisir importe peu, le faire en est le seul but, vaut mieux en parler de bonne foi à l’autre personne.

Tout est outil et rien est but. Mais pour quelle raison alors ?


 




Dubaï


ACCLIMATATION

Je suis dans le bateau pour Dubaï ! L'attente supplémentaire pour mon passeport a été compensée par un siège en première classe. Je suis enfin seul et tranquille ! J’arrive à Dubaï qui est rempli de tours et d’autoroutes.

Dans la première auberge se trouve aussi un autre voyageur qui est sur sa moto depuis 13 ans. Je commence mes premières recherches en faisant le tour de tous les ports touristiques de la ville. Il n'y a presque que des yachts qui partent en charter (c’est-à-dire : sortir en mer mais restant dans le pays). Je rencontre des dizaines de personnes par jour et envoie quelques CVs dans l'espérance d'un éventuel retour. Je rencontre une suédoise qui gère des ventes de pièces pour yacht. Tout au long du séjour, elle m’aide à ma recherche lorsque l’on se voit dans son bureau.

 


PERSÉVÉRANCE & DÉCEPTION

Après quelques jours, je commence à perdre confiance :

  • Le temps du ramadan ne m'aide pas. Le port est plus calme qu’à la normal. Le pire est que ce n'est plus la saison, car la plupart est déjà partie, comme tous, en Europe. C'est l'une des principales destinations. Le seul cap que je ne souhaite pas emprunté.

  • Un propriétaire égyptien d’un yacht amarré à Dubaï Marina me donne son avis. S'il prend la mer jusqu'en Europe, ça lui coute 90 000 dollars rien qu'en diesel. De ce fait, comme la plupart des bateaux, ils sont placés sur cargo.

  • Dans la vie de tous les jours, je découvre la spécificité de Dubaï. Une ville plein d'immigrés (90% de la population de la ville), travaillant et s'intégrant d'arrache pied dû au bon salaire. Mais, ils ne sont pas très agréables. Surtout au travail. Un pakistanais ou un indien qui garde l'entrée se bloque lorsqu'il ne comprend pas ma question. Je lui demande un badge de 30 min qui me permet d'entrée gratuitement dans le club afin de faire quelques connaissances. Mais parce qu'il ne me comprend pas, il me refuse tout accès en répétant sans cesse la même chose : "C'est un club privé". Comme beaucoup, il a peut-être peur de perdre leur travail. Il ne veut donc pas prendre le risque de faire une gaffe.

  • J’envie de plus en plus les personnes vivant dans le luxe. Je souhaite (re)trouver mon confort, mon logement, mon moyen de transport, mes habitudes, mes amis, ma famille. Ces gratte-ciels et leur luxe de partout me donnent un vertige d’infériorité.

  • Le bateau stop est devenu difficile, m‘affirme un capitaine français. En effet, la plupart demandent un STCW comme minimum documentaire pour monter à bord. C’est 2 à 4 semaines de cours pour la modique somme de 500 à toujours plus d’euros.

Tant de facteurs vont à l'encontre de mes tentatives. Malgré mes efforts, ça n'avance pas. Je n'écris même plus... Je décide de changer d'auberge afin de m'approcher du port "Mina Rachid" près du centre (Deira). Au pire, je prends un bateau pour l’Afrique du sud et cherche un bateau là-bas.


Mais sur conseil de la suédoise et de mon père, je persévère et attends au moins la fin du ramadan. Un capitaine français m’invite une fois sur son yacht. J’y prends une douche, je retrouve la plus belle langue du monde. Bref, je sympathise. Il m’invite à un barbecue avec un couple de marseillais auquel on se rend avec la Maserati, apprêtée par son boss. Après 2 mois, je profite enfin d’un délicieux apéro/barbecue avec du rosé et du rouge. Merveilleux ! Parmi les invité, je parle également avec un autre capitaine français dont les yachts sont amarrés à un autre port.

 


CHANGEMENT

L’espoir resurgit mais faiblement. J’envoie mon CV à quelques de leurs connaissances basées à Dubaï. Mais, même ces opportunités sont une impasse. Le capitaine français m’invite à manger un midi avec un de ses amis. Lui travaille chez Emirats et m’informe qu’ils ont baissé les prix sur la nouvelle connexion qui ne marche pas assez bien, Buenos Aires en Argentine. Alors, ça fait tilt. J’envisage sérieusement à prendre un avion pour l’Amérique du Sud.

Entre temps, je perds mes photos en Iran. Un mois de photo dans le vent pour avoir touché une modique prise électrique.


Les derniers jours ont été plus relax. Le soir je me rends à l’hôtel « Hilton » pour regarder le match de foot France-Pérou, à l’aise dans une piscine. L’entrée est même gratuite. Mais, je ne profite pas de la bière à … 12€. Je prends une canette au prix de la moitié de mon budget quotidien, 5€, histoire d’accompagner les autres. Je rentre avec l’autre capitaine français rencontré précédemment au barbecue en Corvette, cette fois-ci. Il me parle des quelques célébrités françaises qu’il avait à bord tel que :

  • Jean-Claude Camus, le producteur de Johnny Hallyday. Contrairement au premier capitaine français, il n’aime pas la légende française « en tant que bonhomme. Ce c’est rien qu’un alcoolique ».

  • Le présentateur télé, Arthur, qui avait un bateau nommé « Lilane » faisant référence au film « le 5ème élément » de Luc Besson. Il ajoute que contrairement à la télé, il n’est pas imbu de sa personne.

Le lendemain, je décide d’acheter un billet d’avion pour Buenos Aires.

 


UNE NOUVELLE AVENTURE COMMENCE

L’auberge me dégoûte jusqu’au bout. Par surcroit, il n’est pas permis d’entrer en Argentine sans avoir un ticket de sortie du territoire. Du coup, je me retrouve bloqué au check-in. Un immigré islandais paye un billet retour. Mais, je n’ai pas envie de payer 700€ euros pour le plaisir des règles. Je ne trouve ni train, ni bus que je puisse payer avec ma carte de crédit. Plus je cherche et plus je désespère. Il me reste l’option de payer un billet d’avion à 200€ depuis l’Argentine pour la destination la moins chère. En me rendant au guichet de vente, j’arrive à contacter mon père. Lui, réussit à payer un billet de bus remboursable à 30€ avec sa carte. Présentant le billet électronique, la dame au comptoir entre les données nécessaires dans l’ordinateur. C’est bon, j’ai ma carte d’embarquement. Mais putain, quelle arnaque !


J’entre dans l’avion pour l’Ethiopie où j’ai ma connexion pour Buenos Aires. Entre temps, je rêve de mon appart et de sa constitution. Que voudrais-je faire ? Quel travail ? Pas « à la chaine ». Par contre, je souhaiterai garder une dynamique d’apprentissage avec laquelle je puisse aller de l’avant. Marre de trainer. Je veux faire quelque chose, être utile.



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