L’ENTRÉE EN EX-YOUGOSLAVIE
Par le biais de 3 chauffeuses, j'atteins Ljubljana. Il me faut marcher 1 bonne heure car les véhicules qui y passent vont trop vite. J'essaie en vain un autre spot et marche à nouveau la même distance jusqu'à arriver à un "Spot officiel pour auto-stoppeur". Je rencontre Vladimir qui me mène jusqu'au centre de Zagreb.
Sans y passer plus de temps, je cherche à quitter la capitale, tout aussi difficile que la slovène. Entre station d'essence abandonnée et utilisée exclusivement par les locaux de Zagreb, il n'est pas facile de joindre la Bosnie-Herzégovine.
J'ai la chance d'avancer de 10 km jusqu'à un IKEA. Moi qui pensais, d'après les suggestions de zagrebinois, que ce serait mieux à l'aide d'un péage ... hé bien non et c'est pire. Je me retrouve au milieu des champs entre autoroute moderne, inaccessible (car bien organisé et grillagé), entre l'énorme complexe d'IKEA et du bruit de fond de chiens aboyant au loin. Je me résigne à trouver un lieu pour ma tente. Mais pour un citadin comme moi, la peur et l'insécurité me guette quand l'on décide de dormir sans ses murs protecteurs et loin de chez soi. Après une heure de marche, je reviens vers l'IKEA et ses humains. Par chance, un agent de sécurité m'autorise, sous approbation des responsables, à dormir sur leur parking. C'est donc à l'abris du vent que je m'y installe pour me faire réveiller le lendemain matin par un vieux concierge croate tapant sur ma tente à coup de ballet des mots que je ne comprends pas si ce n'est qu'il faut partir.
Pour atteindre la Bosnie-Herzégovine, il devient bien plus facile de faire du stop ! Sur l'autoroute croate qui mène à Gradiška, on m'avait déposé sur une aire d'autoroute. Après avoir déposé mon sac par terre et remercier le précédant conducteur, je me retourne et demande à la première personne que je vois. Pas une hésitation, il accepte et me mène à la frontière de la ville, citée plus haut. Même si je n'ai pas les avantages des auto-stoppeuses (j'y donnerai mon opinion garçon/fille plus bas), j'ai pu découvrir le stop express. On me dépose sur l'autoroute et vais devoir prendre la sortie à pied jusqu'au péage... Super.
Le pays triplement déchiré
Arrivé à Banja Luka, j'appelle Vladimir afin de pouvoir dormir chez lui tel qu'il me l'avait proposé sur le chemin vers Zagreb. Je reste alors 3 nuits dans son auberge afin de visiter la ville et d'y prendre un peu de repos.
J'ai découvert la tarte à la viande, qui tient ses origines des ottomans (d'après lui). Aussi, le rythme de vie est très différent. Ce pays n'a plus rien depuis la guerre de 1992-1995. Les gens, les routes, les villes et bien des choses ont été détruites. À ce que j'ai vu et entendu, ces divisions (3 régions, 3 présidents, 1 pays) amènent :
le départ des jeunes vers l'Allemagne, l'Autriche, et d'autre pays d'Europe de l'Ouest ;
une éducation dégradée qui se base sur du "apprendre par cœur" (puis on contrôle en récitant mot par mot sans étude pratique) ;
des versions différentes de l'histoire, et donc des tensions se définissant comme étant bosniaque, serbe ou encore croate.
Néanmoins, ils se lèvent toujours toujours en prenant tout d'abord un café au bar avant d'aller travailler. Là-bas, le travail n'est pas la priorité pour bon nombre de personnes. Et oui, le petit-déjeuner est à midi ! Ne stigmatiser pas le rythme du sud de la France... il y a encore plus relaxe que ça. Mais au final, boire des cafés tout au long de la journée, et sans trop se fouler pour aller bosser, est une prospérité que n'ont pas les français (et encore moins les parisiens, haha).
Je prends mes habitudes d'auto-stoppeur :
nourriture : le matin quelques biscuits et un fruit, le midi un sandwich ou autre chose de plus consistant, le soir un autre fruit quelque chose de plus léger ;
réserve : en cas d'urgence, j'ai toujours de l'argent supplémentaire, 1 boîte de conserves, un spray de poivre et un couteau, des sous-vêtements de ski ;
argent : ma monnaie d'échange reste l'euro et j'échange la monnaie locale à celle du pays suivant avant de passer la frontière ;
logement : couche-tôt / lève-tôt, rechercher une place dans un jardin (si l'on me propose de rester à l'intérieur, c'est tant mieux) ou payer l'auberge la moins cher des environs (où je peux aussi rencontrer d'autres voyageurs et aventuriers venant du monde entier) ;
personnes : solliciter davantage l'autre (meilleur spot, jardins, avis des locaux pour tous sujets) et leur rendre la pareil selon mon possible (cuisine française, photos et récits de mon histoire).
Avant de partir pour Sarajevo, on prend un café. Décidément, un matin sans café n'existe pas ici. Je pars avec Raiko pour qui les panneaux et autres signaux sont de la déco. Sans peur, il ne freine seulement si l'accident est assuré. Souvent, je me retrouve dans des coins perdus (ici : Dervonta) où y faire du stop rime avec trouver un bar qui "tolère" la clope en France.
Plus loin, Emir et Sejad m'invitent et me proposent même un canapé. Je rencontre la famille puis la belle-famille d'Emir puis ils m'invitent à nouveau pour le dîner. J'ai beau demander à préparer ou aider quelque soit la façon, mais la règle d'or de cette famille musulmane est que le voyageur est un invité, est servi, prend du repos jusqu'à ce qu'il en soit comblé. Ils m'ont offert deux cadeaux (à manger et une statue d'un éléphant indien). Leur enfants sont trop trop choux (la fille a 2 ans et le garçon a 4 ans) ! Ils le sont encore plus quand ils viennent te faire un bisous avant de se coucher.
Depuis Zenica, Neijaz fonce à toute allure vers Sarajevo avec une vitesse moyenne de 180 km/h. Moi je vous le dis, l'omission des règles routières, le café matinal, le rakija (alcool yougoslave) et la nourriture quasi-exclusivement composée de viande et de pain sont 3 grandes cultures locales que l'on retrouve en Bosnie-Herzégovine et dans la majorité de l'ex-Yougoslavie.
Arrivé à Sarajevo, je visite la vieille ville qui parait assez sympa. Mais comme la capitale précédente, je ne veux pas y passer trop de temps. En fin de journée, j'arrive à une station d'essence dans le but de trouver une voiture qui puisse me mener à Mostar, la ville touristique du pays. Il faut croire que capitale rime avec exclusivement locale. En effet et une fois de plus, il est difficile de quitter la capitale car les chauffeurs ne vont jamais loin. Après plus de 2 heures de recherche (auto-stop et jardin), j'ai 2 solutions :
Rester dans la capitale et dormir (si je ne trouve rien d'autre) sur le canapé de quelqu'un ;
Partir pour Mostar avec 2 mecs et, une fois arrivé, il me faudra chercher un endroit où dormir en pleine nuit.
Alors que je leur dis que je comptais choisir la première idée et retenter le coup le lendemain, ils souhaitent me payer une auberge. Première surprise. La difficulté de sortir de la capitale me pousse à accepter. Comme à mon habitude, j'entame la conversation lors du trajet en lui demandant ce qu'ils comptent faire à Mostar. Suivi d'un temps de réflexion, il me répond : "We are going to do some stuff, you know...". Trouvant ça suspicieux, je n'insiste pas. Et pour évitant un blanc et son ambiance tendue, j'enchaîne une autre question plus générale : "Ah... ok. So, what are you doing for job ?". Sans gène ni temps mort, il me répond : "Drog dealer". Ça répond à la question précédente... Par contre, cela ne me rassure point. En d'autres termes, j'étais dans une voiture avec un dealer et son pote qui sniffent du speed (non pardon... "des vitamines qui t'aident à rester éveillé", au volant m'amenant à Mostar dans une auberge qui m'est étonnamment, car gracieusement, offerte. Deuxième surprise. Mais tout se passe bien. Car quand l'argent rentre vite, il sort encore plus vite. Bref, ce n'est pas parce qu'on est dealeur que l'on est mauvais humainement. Mais, ça n'a pas empêché l'aubergiste à me faire la leçon.
Mes dernières appréhensions sur des voyages du type tour du monde s'éteignent en échangeant avec Keung, un aventurier reliant Hong-Kong au Portugal en vélo. Il m'a demandé avec amusement "Can we take a selfie ? I know we are quiet famous by taking selfie".
Puis je reprends la route...
EX-RAGUSA ET LE MONTENGERO
Dubrovnik est une ville superbe mais aussi tellement atteinte par le tourisme que les prix sont comparables au sud de la France (bon ça dépend, c'est vrai) et le charme de la ville en est imprégné. Avant de repartir, je passe la soirée avec d'autres voyageurs (et non vacanciers) à l'auberge. Comme précédemment, je suis à l'écoute de leurs conseils au vu de leurs 1 an d'expérience. J'en retiens qu'il bon de trouver la bonne vitesse. C'est-à-dire, vas trop vite et l'énergie, la forme, l'envie s'abaissent. A l'inverse, je risque d'endiguer la dynamique du stop en (me) posant une barrière de confort, et non pas un temps nécessaire pour recharger les batteries.
J'arrive au Monténégro. Faisant le tour du lac en stop, une femme russe m'emmène et m'offre même le logement. Alors qu'il n'est pas encore midi, j'accepte et mange d'abord une soupe. On discute, on danse le rock et on parle avec sa fille habitant à Moscou.
Discutant des lieux intéressants à visiter avant de prendre un bus, je prévois alors de visiter Kotor et Cetinje. L'ancienne ville de Kotor est splendide ! Certes, LA ville touristique croate est superbe comme vous avez pu le voir par les photos plus haut. Néanmoins, cette vieille ville du Monténégro est en plus, à mon sens, ce que Duvrovnik était avant le tourisme : authentique. J'ai été séduit, de bon matin, par la beauté du lieu, par la musique des cloches et par le calme touristique.
Je pars émotionnellement touché par son ambiance. Et je l'affirme que depuis le début de cette aventure que si vous recherchez de l'authenticité, c'est la meilleure vieille ville à visiter, car il n'y a pas que la vue qui en est comblée.
Je continue jusqu'à Cetinje et visite des musées, car il n'y a presque que ça à faire là-bas... De là, je prends un bus puisque...
Lorsque j'étais à Dubrovnik, Luca un ami néerlandais rencontré à Taizé (une communauté œcuménique en Bourgogne) me propose de passer par chez lui à Belgrade étant donné que je suis dans le coin. En plus, un week-end est organisé est prévu. Conséquemment, il me faut organiser un minimum. Le bâteau du hollander (voir le logo du site) doit prendre un contre-courant face au cap qu'il s'était fixé en payant un bus afin d'atteindre l'ex-capitale yougoslave. Mais, une fois arrivé à la frontière serbe, le bus s'arrête. Un mec en uniforme entrant dans le bus crie en serbe. Je comprends alors qu'il faut descendre du bus, ouvrir son sac et attendre les fouilles des douaniers. Je prends mon air de touriste innocent et ouvre tout ce qu'il veut voir. "That are my clothes", "a gift of a family", "that's a Bible", "medecines and I have also the prescription of the doctor" ... Puis il désigne ma trousse de toilette. Je m'exécute. Il regarde et porte une attention particulière sur des petits blocs verdâtres. Il tente de lire ce qu'il y a marqué dessus, mais il n'arrive pas à comprendre. Alors, je lui dis tout simplement : "Savon de Marseille, that's French soap". Étonné (ou dégouté, je sais pas), il m'indique de tout remballer. Pauvre de lui. Lui qui pensait être tombé sûr de la drogue, il est tombé sur un pauvre type transportant des biens quotidiens. Rien de très emballant mais amusant pour ma part.
LES PAYS DU CONFLIT KOSOVARD ET LA MACEDONIE (LE PAYS)
Belgrade, une ville gigantesque comparée à la norme yougoslave. Quelques animés pour tuer 2h de temps dans un vieux café de gare routière. Dans la journée, nous partons pour Prolom Banja à 8, dont la moitié est scandinave. Première, et seul jusqu'à présent, piscine et spa de l'aventure. Lors d'une petite rando, je me rappelle d'Into the Wild : "Hapiness only true when shared". Divisé en 2 voitures, Luca, 2 espagnoles et moi faisons un petit détour par Nis.
Je passe 2 jours touristiques. Tellement touristique que je perds aussi de l'argent. Je marche vite et en confiance lorsque soudain on me touche par l'épaule. "You lost some money from your pocket". Je me retourne... rien par terre et je jette un coup d'œil à ma poche... vide. Il ajoute : "Maybe it is the guy over there". Sans savoir ce qu'il a fait, je me rends direct vers lui d'un pas décisif et lui demande en anglais de me rendre mon argent (35 euros). Mais, il me répond : "I don't understand". Dès ce moment, j'ai compris que c'est mort. Je lui fais comprendre ma situation mais il me tends 20 dinars, c'est-à-dire 17 cents... Ridicule, je peux ni acheter du pain, ni une bouteille d'eau ni un ticket de tram. Ayant refusé, je pars paniqué, énervé et perdu chez Luca. Après que la douche m'est calmé, je m'étonne que situation m'a autant troublé. Je réalise ainsi que l'argent reste important à mes yeux.
Dès lors j'entame une autre problématique, bien introduite par la phrase biblique : "Vous ne pouvez pas à la fois servir Dieu et l'Argent", passage de Saint Mathieu (6, 24) lu quelques jours plus tard. Ainsi, plusieurs questions sur ma relation avec l'argent me trotte dans la tête. De quel côté je dépends le plus ? Pourquoi dépendre des autres, par le stop et l'hébergement ? Suis-je radin ? Qu'est-ce la pauvreté ?
Un jour, je cuisine une tarte niçoise, une quiche lorraine et une salade au chèvre chaud pour les colocataires chez qui je loge et pour les espagnoles. L'autre jour, les espagnoles nous préparent, à Luca et moi, une omelette espagnole avec de la sangria. Un délice ! Un autre soir, on va en boîte où je peux danser un peu le rock. Durant la soirée, je ressens le même sentiment de solitude perçue avant le départ, celui qui m'a également poussé à partir. Je me sens différent. Non pas tel un élu. Mais comme un canard qui s'est vu peindre en noir au plus profond de soi-même. Je repense alors au livre de l'auto-stoppeur, André Brugiroux, qui désigne la route comme étant sa compagne. À mon tour j'identifie Dame solitude que comme étant ma compagne.
Après une semaine chez mon ami néerlandais, je repars. Néanmoins, le stop se complique puisque pour se déplacer à plusieurs dizaines de kilomètres, il est nécessaire de prendre soit un véhicule public soit le taxi soit le vélo. Et le modernisme et les centres-ville comme Belgrade en sont, je pense, la cause excluant les auto-stoppeurs. Ainsi j'attends de plus en plus régulièrement sur l'autoroute... C'est assez insolite pour un citadin européen comme moi. Arrivant dans le sud de la serbie, je jette un coup d'œil qui suffit à me faire inviter par la suite à boire un café, une bière puis à dormir chez l'habitant dans d'un village.
Traverser les douanes commencent à devenir habituel. Ainsi j'arrive à Skopje et c'est le début du carême. Sans connaître quel jour il est, des suisses rencontrés précédemment à un musée me paye le dîner précédé d'une série de cocktails. Il se trouve que ce copieux resto va faire office de Mardi Gras puisque le lendemain c'est le Mercredi des Cendres. Le hasard fait bien les choses. Avant de quitter la Macédonie (le pays), je marche dans le canyon de Matka avec un voyageur turc rencontré à l'allée. Un chien, que nous appelons par le nom du canyon, nous suit tout au long de long de la visite. On forme une belle équipe !
J'appréhende le Kosovo en entendant à plusieurs reprises le mythe serbe comme quoi le pays est rempli de mafias, de drogues et de tueurs. Mais une finlandaise du groupe d'amis à Belgrade et un collègue de mon ancien taff, me assuraient que ce n'est pas le cas. Et que le degré de sûreté est le même qu'en Serbie au vu du mois de résidence de la fille. Entrant dans le pays, je suis d'abord surpris de la multitude de drapeaux albanais. Personne ne se nomme Kosovard là-bas. Ils sont soit albanais soit serbes. Et là où est l'un, le drapeau y est aussi. Étonnement, le drapeau américain s'y trouve aussi de temps à autre, quelque soit l'infrastructure. En tout cas, le pays est sûr, selon moi. Après... Est-ce légitime ? Y-a-t il de la mafia ? Ou encore, est-ce par stratégie américaine permettant ainsi d'y installer leur plus grand camp militaire en Europe ?... C'est une autre affaire dont je n'ai pas envie de débattre.
Bref, sur la route je rencontre un docteur qui m'emmène dans un resto. Là, j'apprends qu'un chinois parti de Hong-Kong en vélo est passé quelques jours auparavant. Vérifiant le nom, il se trouve que ce n'est pas le même. Il faut croire qu'il y a tellement de personnes qui y vivent que le nombre d'aventuriers dans le genre se compte en centaine lorsque ceux d'une grande ville française ne se compte qu'en unité ! Avant de dormir chez le docteur à la capitale, je passe par la ville d'origine, Gjilan, d'un ami/collègue de mon ancien travail.
Avant de quitter, je passe par Prizren, la ville touristique du Kosovo.
En Albanie, je passe par Krujë et son joli petit château. Je reste 2 jours dans une auberge dans la capitale albanaise. Là, j'y rencontre un brésilien et un malaysien qui me donne envie d'étendre la zone géographique de cette aventure. Les prochains JMJ, que je recommande à tout le monde d'ailleurs, m'exalte et donne envie de rester un long moment sur la route. C'est un pays tout aussi sûr que le reste des Balkans et n'est pas trop cher. Par contre, c'est pas le même continent, haha ! Une autre recommandation pour cet été, c'est la côte albanaise et monténégrine. Si vous souhaitez rester dans la zone européenne, profiter du charme de la plage et avoir des prix restent abordables, allez-y ! (Ajout) Sinon, la côte turc est idéale.
A l'auberge, j'y refuse d'accompagner les hôtes à boire une bière. Je reste strict sur mes dépenses quotidiennes qui ne doivent pas excéder les 10 euros par jour. L'alcool et les restos en solo sont des luxes que je m'efforce de réfréner pour des raisons, à tord ou à raison, budgétaires et d'égalité relationnelle entre personnes (on y rencontre des serveurs et peu souvent d'autres gens au même niveau). Cela me permet alors de suivre mon principal objectif : Rencontrer des personnes et la culture sans intermédiaire tel que l'argent, qui corrompt cette dernière, et tel que la planification, faite si l'on a des besoins de sûretés, de délais ou encore financiers. Bref, partir "Into the Humans" ou plutôt "With the Humans".
Au départ de la capitale, un ex-militaire m'emmène, met 10 euros d'essence et me dépose à Durrës. À l'arrivée, il me demande l'argent qu'il a mis dans l'essence. Je lui explique alors que l'auto-stop consiste justement à partager la route prévue par le conducteur gratuitement. Un peu déçu, il part. Voyant son compteur, il pensait avoir fait une affaire.
Je visite ensuite le superbe château de Berat. Grâce à un procureur, je vois aussi sur le chemin un très beau lac, apprends sur l'histoire albanais, mange du riz au poulet et dors à l'hôtel gratuitement à Gjirokastër. Comment ne pas culpabiliser après tant de générosité ? Une chose est certaine, je ne peux pas y rester insensible. Le don inconditionnel est un trésor humain qui sauve l'homme et ceux l'environnant. Aussi, la proximité est une règle qui va dans le même sens. Le Eyes contact est un super exemple. Que ce soit en boîte pour "chopper de la meuf", en faisant du stop pour arrêter les conducteurs/trices ou en aidant son prochain pour plus joie. J'ai une fois demandé au Monténégro : "Pourquoi m'avez-vous emmené ? - Je l'ai vu dans tes yeux". En quittant la ville, je bois un café avec un vieux messieur à qui je dois encore envoyer une carte et une radio afin qu'il puisse écouter du français.
Quelques conducteurs me proposent d'écrire un livre. "Why not Le tourisme de l'auto-stop ?" suggérait l'un. Je ne fais pas ça pour accumuler de la gloire, de l'argent ou alors de la satisfaction personnelle en tentant de me rendre spécial... Pour l'instant je ne ferai pas ça par initiative personnelle. C'est comme un marathon, je l'ai fait parce que j'aime courir et souhaitais avancer sur ma capacité sportive. Je l'énonce pour appuyer mon argument, car tous ont du mal à comprendre comment puis-je rater une telle occasion pour se faire du fric.
Mon aventure, elle, me permet d'avancer sur mon chemin spirituel et surtout parce que j'ai besoin de cette expérience pour apprendre davantage à l'école de la vie. Bien entendu qu'on en apprend par les études, les documentaires, etc. La connaissance est nécessaire. Tout comme la partager avec autrui permettant ainsi de mieux comprendre la problématique désirée. Quelle est la situation du tiers monde ? Comment les autres humains perçoivent-ils la/leur spiritualité ? Ou encore, comment peut-on se nourrir ailleurs ? Comment est l'hospitalité ailleurs ? Toutes ces questions, je sais donc mieux y répondre grâce à la connaissance et au partage. Mais pour comprendre au mieux la problématique il faut également, selon moi, la vivre afin d'en discerner les subtilités qui échappent à l'apprentissage et au partage. Peut-être par soucis d'efficacité et donc de rentabilité/condensation ?
Je veux comprendre le monde dans lequel je vis comme l'indique la série de questions. Mais je garderai toujours mes racines européennes. C'est-à-dire que pour en comprendre les subtilités d'un pays, il faut en être au moins résident. Alors, imaginer pour la terre entière ! Il y a bien trop de cultures et pas assez de temps. Le choix du stop autour du monde me permet d'avoir un aperçu peu banal.
LE SUD DES BALKANS
A mi-chemin, de la Grèce on me fait un deuxième fuck. Me voilà préparé... À la frontière, j'attends la fin de la pause des douaniers qui cassent la croute, empêchant ainsi le passage en Grèce. LOL ! J'arrive à Arta, où les hôtels coûtent bien trop cher, 25€ la nuit. En demandant de droite à gauche si quelqu'un a un jardin où je pourrais dormir, je fais confiance à un albanais avec qui j'attends jusqu'à 10 heures soirs sans vraiment être sûr qu'il me propose l'hospitalité. J'ai abandonné l'idée du Couchsurfing car ça n'a jamais marché pour ma part et pour faire davantage de requêtes, il me faut payer 54€. Bref, une escroquerie depuis peu. Lorsque l'ami de l'albanais arrive, qui est aussi le propriétaire de la petite maisonnette, on peut enfin entrer. Cette longue attente est récompensé par des spaghettis, un peu de viande et d'olives qui sont trempés dans de l'huile d'olive. Lui ne se contente que de simple pâtes. Après cela il insiste pour que je dorme dans son lit et non l'autre, plus petit et pour les invités. Il me paye aussi le café du soir et celui du matin, quand bien même je suggère de faire 50/50 (une foıs il paye, l'autre je paye). Bref, il m'accueille du mieux qu'il peut en m'offrant la meilleure part. À méditer et surtout appliquer ! Mais je reviens dessus plus bas.
Le jour suivant un camionneur me mène jusqu'à Patra. Super sympa. Mais en partant une fois arrivé, il descend la fenêtre en me demandant avec un petit sourire : "Can I see your dick ?". Surpris de sa requête, je pars en prenant ça comme une blague : "No thank you !", ma formule d'excuse à chaque situation plus ou moins gênante (comme les infinités de propositions des taxis).
La visite de la ville est très sympa. Au château, les oiseaux chantent, l'odeur printanière se sent, la nature est verdoyante et tout est simplement magnifique. Je suis reconnaissant pour la vie que j'ai reçu et celle que je mène ainsi pour l'expérience que je vis. Oui, j'en pleure de joie.
Pensant visiter Korinthinos, un étudiant grecque me propose à la place de rester dormir chez lui pour la nuit à Marousi, un quartier au nord d'Athènes. Ainsi, je :
visite gratuitement la merveilleuse ville, riche d'histoire antique et de vestige, à l'aide de ma carte étudiante sans l'étiquette de l'année (l'Acroplis est vraiment impressionnante) ;
me déplace sans frais étant donné que le système du métro athénien est actuellement en évolution devenant semblable à celui de Paris ;
mène une vie spécialement paisible, en t-shirt, en mode touriste, tandis que ceux que je connais, vous, suivent leurs habitudes professionnelles ou scolaires.
Sortir d'une capitale n'est pas simple. Mais cette fois-ci c'est pire, car en une journée entière de stop j'atteints à peine A
gios Stefanos. Je dors sous autorisation en-dessous d'un espace de jeux d'un restaurant de burger. J'ai même pu manger un menu à l'œil avec soda à volonté. C'est si bon, quand c'est rare, de manger gras ! La distance parcourue depuis la capitale est minime dûe d'une part à l'organisation civile m'excluant en tant qu'auto-stoppeur (je sais, je me répète) et dûe à la peur des étrangers de la plupart des grecques. Bien entendu, il y a toujours des exceptions à la règle. Mais la majorité des conducteurs/trices, soudainement, doit écrire un message ou consulter la notification reçue lorsqu'elle comprend que je fais du stop. Ces gens font aussi tout simplement abstraction de ma présence en accélérant et regardant droit devant de la façon la plus morne possible.
Je découvre ensuite l'impressionnante ancienne cité grecque, Delphis, comprenant même un stade sur les hauteurs des vestiges. Après avoir rencontré quelques néerlandais, j'arrive à Lamia. Marchant le long d'une route, des clients d'un bar me font signe de venir. Au final, je dors sur un canapé dans le local adjacent et repars le lendemain avec 2 sandwiches à la mains. Je continue de monter jusqu'aux monastères de Meteora à l'aide d'un jeune orthodoxe qui me conduit aux différents points de vus et m'héberge à Larissa.
Lorsque je lui propose de dormir chez moi une fois en France, il me dit que cette proposition est fausse, car je l'ai suggéré uniquement parce qu'il me la proposé auparavant. Et en effet il dit vrai. J'aurai aussi pu lui faire la proposition avant que lui ne la fasse. Mais là, au fond de moi, je lui aurais proposé cela dans l'espérance qu'il me propose l'hospitalité en retour. Lui m'a aidé car j'ai fait du stop et non pas dans l'espoir d'obtenir un retour de ma part, quel qu'il soit. Et comme précédemment, j'y reviens plus bas.
À l'un des précédents monastères, je rencontre une fille qui me disait qu'elle serait à Istanbul en début mars. Sa mauvaise expérience en tant qu'autostoppeuse réfute la sureté du stop entre les genres, ce dont je prônais jusqu'à présent. On s'était dit alors que l'on pourrait se retrouver là-bas. Après quoi, je continue vers Thessalonique où je demande d'aller au Mont Athos, un territoire monastique orthodoxe réservé aux hommes dont la vie spirituelle serait similaire à 1000 ans en arrière. Je repars le matin de bonne heure pour atteindre Ouranopolis. Mais le stop se ratifie dans les villages enneigés au point où il m'arrive d'attendre une dizaine de minutes par voiture.
Tel que la veille, je dors en demandant l'hospitalité dans l'église de référence. Je récupère et paye le visa spécial puis monte sur un ferry. Apprenant qu'il est normalement nécessaire de contacter les monastères au préalable, je m'inquiète. Mais un prêtre m'explique qu'il est tout à fait possible dans mon cas de passer de lieu en lieu sans aucune réservation. Après cette retraite, il me propose de dormir chez lui, à Alexandropolis, à mi-chemin d'Istanbul. Je passe alors 2 nuits à St. Simonos Petra puis 1 nuit à St. Gregoriou. Par cette facilité, un pèlerin français me répète : "Tu es béni de Dieu" et le justifie en disant "Le visa n'est facile à avoir. Seul 10 par jour sont délivrés aux étrangers qui doivent attendre habituellement. Puis, tu arrives au monastère le plus prisé du Mont Athos, là où ils y refusent le plus de pèlerins. Et le pire c'est que t'y restes une seconde nuit. Les gens comme toi réservent au moins 6 mois à l'avance. Mais toi tu viens et les portes s'ouvrent.". Mon visa sur le territoire monastique prend fin le lendemain. En fonction de cela et de l'hospitalité du prêtre d'Alexandroupolis, je réserve une auberge à Istanbul. Et encore par une coïncidence, on arrive le même jour à la mégalopole. Evidemment, on réserve alors dans le même établissement.
Enfin je termine dans ce chapitre, ma problématique sur l'argent :
Après tant de bonté, je commence à me sentir vraiment radin en profitant toujours de la gentillesse d'autrui. Mais ma réflexion se construit. Je pensais demander l'hospitalité et en offrir de même. Mais ce n'est pas une relation souhaitable. Elle est faussée car ce n'est que si je reçois d'une certaine façon, que je donne. Il n'y a donc pas de gratuité, ni bonté. Je ne propose pas un hébergement exclusivement à ceux qui me logent mais à ceux qui en ont besoin. Du moins j'essaye ! Bien entendu, la combinaison des deux est valable.
Il en va de même, selon moi, pour le karma (Je n'en détiens pas la définition et d'autres le vois différemment). Mais comme précédemment, une bonne action est réalisée dans le but d'éviter un éventuel malheur, le retour du boomerang. En d'autres termes : "Je cherche à être heureux. Mon égo d'abord. Et pour cela, je ferai du bien qu'à condition qu'un désagrément qui me concerne tel que le malheur, la tristesse et tout autre retour du boomerang soit évité." Il n'y a donc pas de charité, qui demande de faire du bien pour le simple plaisir de donner sans rien attendre en retour. Le karma pousse, je pense, au bien conditionnel puisque cela n'est pas fait gratuitement mais en contre-partie d'une absence de retour du boomerang. La condition est attachée dûe à l'appel de l'égo de la personne.
Face à ma sensation de profiter, un moine à St. Simonos Petra me rappelle que demander l'hospitalité n'est pas un pêché, au contraire.
Quittant le Mont Athos, je cherche une personne sur le bateau qui pourrait m'emmener en direction de la Turquie. À ma droite, à ma gauche, à l'arrière... Personne ne va dans la bonne direction. Je demande alors un prêtre qui est assis en face de moi. Il accepte et me mène pas seulement au prochain village mais plus loin, à quelques kilomètres de ma destination. Après un soir dans un hôtel luxueux, payé par le prêtre rencontré en allant vers le Mont Athos, je continue le stop en direction d'Istanbul (ou Constantinopolis pour les grecques). Par contre, leur peur de l'étranger me permet de joindre difficilement la frontière. Après 3 heures d'attentes habituelles étant donné mon sexe, je décide de marcher. Être une femme à ses avantages au stop (moyenne de 15 min où un homme attend 1h)... mais à défaut de sûreté et de sincérité.
À la frontière, je demande par politesse au douanier s'il possible de passer à pied. Contrairement à toutes les autres frontières, il m'est impossible de passer sans véhicule. Il me propose d'acheter un vélo ou de demander aux autres conducteurs. La file de camion est stoppée et les 10 voitures refusent pour 1km. Soudain, le douanier me fait signe de venir. Il m'indique que la première voiture, que je n'ai pas demandé, pourra m'avance jusqu'à la frontière turc. Chouette ! La seconde voiture me mène à Istanbul puis 5 minutes suffisent pour que l'on me mène à 10 minutes à pied de l'auberge.
Où est-ce que j'en suis ?
Le principal objectif a été énoncé : La rencontre direct et sans profondeur de personnes et cultures du monde.
Presque 2 mois sur la route depuis l'édition du post.
Si je compare cette aventure à un repas, alors l'auto-stop en 2014 est l'apéritif, la partie européenne est l'entrée me préparant ainsi au plat principal : l'Asie et d'autres éventuels continent. Que l'aventure commence !